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UE: les dirigeants préparent l'après-Brexit sans Cameron

Bruxelles (AFP) – Les dirigeants des pays de l’UE se sont retrouvés mercredi matin à Bruxelles, pour la première fois sans le Royaume-Uni, pour tenter de tracer de nouveaux horizons à un projet européen ébranlé par le Brexit.

Si David Cameron a quitté la capitale européenne mardi soir après son dernier sommet européen, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a fait mercredi matin le chemin inverse vers Bruxelles, pour évaluer les chances de l’Ecosse de rejoindre l’UE en tant qu’entité indépendante.

Mme Sturgeon n’est pas invitée à participer au sommet, mais elle rencontrera dans la matinée le président du Parlement européen Martin Schulz. Elle sera aussi reçue par celui de la Commission, Jean-Claude Juncker à 17HOO (15H00 GMT), a annoncé mercredi l’exécutif européen, une rencontre programmée in extremis.

Cette visite intervient sur fond de tension au Royaume-Uni après le vote en faveur d’une sortie de l’Union le 23 juin.

Mardi, Bruxelles et les dirigeants des 27 pays restants ont accepté de donner un peu de temps au Royaume-Uni pour déclencher formellement leur procédure de divorce, tout en martelant qu’ils n’accepteraient pas d’attendre « des mois ».

– Cameron ‘ému’ –

Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union reconnaissent « qu’un peu de temps est nécessaire pour que le calme revienne », a déclaré le président du Conseil européen Donald Tusk à l’issue d’un dîner consacré au Brexit.

Mais « nous n’avons pas des mois pour méditer », a lancé de son côté Jean-Claude Juncker, enjoignant Londres à sauter le pas « aussi vite que possible ».

Le Premier ministre conservateur britannique n’a rien cédé sur ce point en répétant qu’il laisserait à son successeur au 10, Downing Street le soin d’activer la « clause de retrait » de son pays, l’article 50 du traité de Lisbonne.

Cette « décision (…) reviendra au prochain gouvernement une fois qu’il aura déterminé le but poursuivi », a-t-il répété.

Pour son ultime apparition à un sommet européen, David Cameron a été contraint à la douloureuse tâche d’expliquer son cuisant échec au référendum du 23 juin, qui a vu 52% des Britanniques voter pour larguer les amarres avec l’Europe.

Il a défendu sa décision de convoquer un référendum: « Bien sûr que je regrette le résultat mais je ne regrette pas d’avoir organisé le référendum, c’était la bonne chose à faire ».

« Il était ému (…) Il avait plaidé pour une réponse du peuple britannique qui n’a pas été celle du scrutin », a raconté le président français François Hollande, soulignant qu’il n’y avait eu « autour de la table pas de volonté d’humilier » David Cameron « parce que ç’aurait été humilier le peuple britannique ».

 – ‘Risque d’immobilisme’ –

Les flèches ont plutôt été décochées à l’attention des partisans du Brexit. « Ce que je ne comprends pas, c’est que ceux qui voulaient partir soient totalement incapables de nous dire clairement ce qu’ils veulent », a lancé M. Juncker.

M. Cameron a plaidé pour une « relation la plus étroite possible » entre Londres et l’UE une fois le divorce effectif, faisant valoir que les 27 autres Etats membres resteront « des voisins, des amis, des alliés, des partenaires ».

Mais la chancelière allemande Angela Merkel a aussi prévenu les Britanniques que leur relation future avec l’UE ne serait pas « à la carte », soucieuse d’éviter que le Brexit ne donne des idées à d’autres pays. L’Union « est assez forte pour surmonter le départ de la Grande-Bretagne et continuer à aller de l’avant même à 27 », a-t-elle dit en voulant rassurer. 

Les Européens sont décidés à tirer les leçons du Brexit pour éviter une contagion, dans une Union affaiblie par une succession de crises, notamment migratoire, et où l’extrême droite et les mouvements populistes ont le vent en poupe.

L’Allemagne, la France et l’Italie, les trois poids lourds fondateurs de l’UE et principales économies de la zone euro, plaident pour donner une « nouvelle impulsion » au projet européen, aux contours encore flous.

Parmi les chantiers à engager, François Hollande a insisté sur « la sécurité, la lutte contre le terrorisme, la croissance et l’emploi, avec le soutien à l’investissement et l’aide à la jeunesse ».

Mais alors qu’une initiative franco-allemande était attendue, Paris et Berlin n’apparaissent pas encore sur la même longueur d’onde quand il s’agit de détailler un projet commun.

La réunion de mercredi « est très importante parce qu’elle doit contribuer à montrer l’unité des 27 », a estimé mercredi le Premier ministre belge Charles Michel, tout en plaidant pour une « Europe à plusieurs vitesses » afin de dépasser tout « risque d’immobilisme ». 

Les pays fondateurs de l’Union « ne sont pas les seuls à porter le projet », a mis en garde M. Juncker, dans un appel à peine voilé à ne pas négliger la voix des pays d’Europe de l’Est, froissés de ne pas être suffisamment associés.

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à son arrivée au sommet des dirigeants européens le 29 juin 2016 à Bruxelles. © AFP

© AFP STEPHANE DE SAKUTIN
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à son arrivée au sommet des dirigeants européens le 29 juin 2016 à Bruxelles

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