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Un Américain et un Australien enlevés par des hommes armés à Kaboul

Kaboul (AFP) – Un Américain et un Australien, tous deux professeurs à l’Université américaine d’Afghanistan, ont été enlevés dimanche soir au centre de Kaboul par des hommes armés vêtus d’uniformes, derniers enlèvements en date ciblant des étrangers.

« Ils ont été emmenés sous la menace par des hommes armés portant des uniformes des forces de sécurité, qui ont intercepté leur voiture alors qu’ils venaient de quitter l’université pour rentrer chez eux », a précisé lundi à l’AFP le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Sediq Sediqqi.

« Les ravisseurs ont brisé les vitres côté passagers et les ont sortis de force de leur voiture » a-t-il rapporté, en estimant qu’il s’agissait d’un enlèvement crapuleux, plus que politique.

Le double rapt n’a fait pour l’heure l’objet d’aucune revendication.

Selon un responsable de la sécurité, l’enlèvement s’est produit en début de soirée, vers 20h20 (01h50 GMT), sur la route de Dar-ul-Aman, l’une des grandes avenues du centre de Kaboul qui conduit à l’ancien palais royal.

Une source occidentale a précisé que les assaillants, au nombre de quatre et circulant en 4X4, portaient des « uniformes de la police afghane ».

Le chauffeur afghan, qui n’a pas été inquiété par les ravisseurs, ainsi qu’un garde du corps qui se trouvait à bord, ont été emmenés pour être interrogés par la police.

Le professeur américain vivait à Kaboul « depuis environ deux ans » et l’Australien, « depuis deux semaines environ », a précisé M. Sediqqi.

Aux Etats-Unis comme en Australie, les autorités contactées sont restées réservées.

Une source au département d’Etat à Washington s’est contentée d’indiquer être « au courant des informations faisant état de l’enlèvement d’un citoyen américain à Kaboul. Mais pour des raisons de confidentialité, nous préférons nous abstenir de tout commentaire ».

– Université privée et mixte –

En Australie, un porte-parole du département des Affaires étrangères a confirmé qu’il s’agissait « apparemment d’un enlèvement », ajoutant cependant que « l’ambassade d’Australie en Afghanistan cherche à vérifier ces informations ».

Pour l’Australie, il s’agit du deuxième kidnapping visant un de ses ressortissants après celui d’une humanitaire, Katherine Jane Wilson, à Jalalabad (est) fin avril. Son sort reste inconnu à ce jour.

Cet enlèvement est apparemment le premier au sein du personnel étranger de l’Université américaine d’Afghanistan (AUAF) dont le campus est protégé en permanence par quelque 70 membres des forces de sécurité, selon le ministère de l’Intérieur.

Cet établissement, qui a ouvert ses portes en 2006 et accueille actuellement plus de 1.700 élèves, se présente comme « la seule université privée, à but non lucratif, non partisane et mixte d’Afghanistan », République islamique où les genres sont généralement ségrégués. 

Son site internet montre d’ailleurs une photo de filles et de garçons étudiant ensemble dans la même salle.

Elle entretient plusieurs partenariats et programmes d’échanges avec de prestigieuses universités aux Etats-Unis comme Georgetown, Stanford et l’Université de Californie.

La sécurité s’est récemment dégradée à Kaboul, où les étrangers sont particulièrement ciblés par les groupes armés, criminels autant que politiques. Le personnel de l’AUAF avait d’ailleurs été mis en garde contre le risque d’enlèvement, a rappelé le ministère.

En avril, les Etats-Unis ont également mis leurs ressortissants en garde contre un risque « très élevé » selon eux d’enlèvement après qu’un Américain avait échappé de peu à une tentative de rapt dans Kaboul.

Davantage que les diplomates ou militaires généralement très protégés, les enlèvements visent le plus souvent des humanitaires: début juin une jeune femme indienne de la Fondation Agha Khan a été enlevée dans le centre-ville, puis libérée plusieurs semaines plus tard, le 23 juillet.

L’enlèvement de Judith D’Souza avait été précédé de celui de Mme Wilson, l’Australienne de 60 ans, qui oeuvrait en Afghanistan depuis 28 ans auprès des femmes.

D’autres femmes travaillant dans l’humanitaire ont également été enlevées dans le but d’obtenir des rançons, dont une Allemande employée de l’organisation de développement allemande GIZ, libérée en octobre 2015, et une ressortissante néerlandaise, relâchée en septembre 2015. Toutes deux avaient passé plusieurs mois en captivité.

Un soldat de l'armée nationale afghane monte la garde à Kaboul, le 19 avril 2016. © AFP

© AFP/Archives SHAH MARAI
Un soldat de l’armée nationale afghane monte la garde à Kaboul, le 19 avril 2016

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