ACTUS LOCALESSANTÉ

Un déconfinement total dans les îles, et à petits pas à Tahiti et Moorea


Constatant une « situation sanitaire privilégiée par rapport aux autres territoires de la République », le Haut-commissaire Dominique Sorain, qui s’exprimait ce mardi aux côtés du président Édouard Fritch, a annoncé une levée totale du confinement dans les îles et un allègement pour Tahiti et Moorea.

28 jours sans transmission locale du virus. C’est en tout cas le constat dressé par les autorités sanitaires, qui n’ont repéré, en un peu moins d’un mois et un peu plus de 2 000 tests, que cinq nouveaux cas au fenua, « tous sous contrôle ». Raison pour laquelle Dominique Sorain et Édouard Fritch, de nouveaux réunis devant la presse ce midi, ont annoncé une nouvelle évolution des mesures d’urgence sanitaire. Elles dessinent un déconfinement « progressif, territorial et réversible », comme l’a décrit le Haut-commissaire en reprenant les principes mis sur la table au niveau national.

Retour à la normale, sauf dans les Îles du Vent

La distinction entre les Îles du Vent et les autres archipels est toujours d’actualité. Pour les Îles-sous-le-Vent, les Tuamotu, les Australes, les Gambier et les Marquises, les choses sont simples : « déconfinement total » à partir de ce mercredi. Toutes les activités pourront reprendre sans restriction, si ce n’est celle des gestes barrières.

Le dispositif est en revanche seulement « allégé » pour Tahiti, Moorea-Maiao et Tetiaroa. À partir de demain, les bars et discothèques vont pouvoir rouvrir dans les mêmes conditions que les restaurants, ce qui impliquera des aménagements pour respecter la distanciation sociale et notamment la fermeture des pistes de danse. Les activités sportives, y compris en club, salles et équipements dédiés, comme les activités culturelles (cinéma, spectacles…), seront elles aussi autorisées. Avec tout de même une limite importante : les rassemblements de plus de 100 personnes restent interdits. Le 28 avril, le Haut-commissariat avait voulu interdire tous les rassemblements sur la voie publique, quel que soit leur taille, mais le tribunal administratif avait suspendu la mesure, trop privative de liberté.

Pas question de rétablir le couvre-feu

La justice avait aussi, mercredi dernier, suspendu le couvre-feu, mesure pas suffisamment motivée par les autorités. Une décision « désapprouvée » par les tavana, qui avaient, par la voie d’Édouard Fritch demandé – voire « presque ordonné » – le rétablissement du couvre-feu au Haussariat. « C’est indispensable » avait même ajouté le président du Pays et maire de Pirae, insistant sur l’efficacité de la mesure en matière de maintien de l’ordre. Dominique Sorain a pourtant « exclu cette possibilité ». Cette mesure « ne correspond plus à la situation sanitaire du fenua », a pointé le Haut-commissaire, précisant que même sans décision du tribunal administratif, il ne « l’aurait pas renouvelée cette semaine ».

Redémarrage progressif des vols inter-îles à partir du 21 mai

Si les îles « déconfinent », elles resteront encore isolées quelques temps. Après avoir consulté tous les maires du fenua, l’État constate que les avis sont partagés mais majoritairement favorables à une réouverture des liaisons entre Tahiti et les archipels. « Nous fixons donc un cap à partir du 21 mai pour rétablir partiellement, en liaison avec Air Tahiti et les maires qui se seront prononcés dans ce sens, la reprise des liaisons aériennes vers les îles qui le souhaitent » a donc annoncé le Haut-commissaire. Les conditions de mise en œuvre de ces liaisons aériennes seront travaillées avec les tavana et « précisées » d’ici jeudi prochain. Reste à savoir comment Air Tahiti, en difficulté financière, et dont le directeur avait indiqué que ses vols ne reprendraient peut-être pas tous après le confinement, pourra gérer cette reprise.

Possibilité de confinement à domicile pour les voyageurs

La situation sanitaire est sous contrôle, donc, mais elle l’est beaucoup moins en métropole, et dans plusieurs régions de la planète. Raison pour laquelle le risque épidémique vient plus que jamais de l’extérieur du fenua. Le Pays et l’État ont donc préparé un « nouveau protocole sanitaire » pour « garantir aux Polynésiens que le virus ne va pas revenir de manière massive sur le territoire ». « Concrètement, toute personne qui arrivera en Polynésie française sera préalablement testée, placée en quatorzaine et de nouveau testée avant de sortir », répète Dominique Sorain. Mais il a bien fallu s’adapter à la censure partielle par le Conseil constitutionnel de la nouvelle loi d’urgence sanitaire votée à Paris. Pour suivre les recommandations des sages, soucieux des libertés publiques, la quatorzaine ne sera plus obligatoirement effectuée dans un lieu dédié, comme c’était le souhait des autorités polynésiennes. Les voyageurs pourront choisir de l’effectuer à leur domicile. Dominique Sorain insiste néanmoins sur le caractère « strict » de cette quatorzaine, qui sera tout de même encadrée par les autorités et par un engagement signé par les voyageurs. Les voyages vers le fenua sont, eux, toujours limités aux « motifs impérieux, qu’ils soient familiaux professionnels, ou sanitaires ».

À noter que la décision du conseil constitutionnel « ne remet pas en question les décisions qui ont été déjà prises ». Les voyageurs actuellement en isolement dans un lieu dédié devront attendre la fin de la période de 14 jours avant de rentrer chez eux.

Résidents bloqués : tout le monde ne pourra pas revenir avant la fin juin

Les deux responsables ont chacun évoqué la situation des Polynésiens bloqués en métropole et à l’étranger, sans toutefois leur offrir de nouvelles réponses concrètes. Les vols de continuité territoriale resteront, jusqu’à annonce contraire, le seul lien entre la métropole et le fenua en matière de transports de passagers. Après le retour prioritaire des évacués sanitaires, et d’une cinquantaine de résidents le weekend dernier, l’État et le Pays préparent de nouveaux embarquements sur le vol qui doit arriver le 20 mai à Tahiti. « Ces retours se feront sur la base de critères objectifs et équitables et seront échelonnés dans le temps », a insisté Dominique Sorain. Interrogé plus tard sur le rythme de ces retours – un millier de résidents et d’étudiants seraient en attente rien qu’en métropole – Édouard Fritch a convenu que « tout le monde ne pourrait pas rentrer avant la fin des vols de continuité territoriale, c’est une évidence ».

Les autorités semblent prévoir une reprise progressive des vols commerciaux à partir de la fin juin, sans levée de l’obligation de quatorzaine. Dominique Sorain a indiqué que les arrivées de fonctionnaires (environ 1 500 d’ici le mois d’août) seraient étalées dans le temps et ne bloqueraient pas le retour de résidents.

Municipales : le 21 juin est bien à l’étude à Paris

La Polynésie et la Nouvelle-Calédonie sont exceptionnellement autorisées, aux termes de la loi d’urgence du 23 mars, à ne pas attendre la métropole en matière électorale. Ainsi, les conseils municipaux élus le 15 mars devraient être installés avant la fin mai,  et le Pays a officiellement proposé la date du dimanche 21 juin pour organiser le second tour du scrutin dans les communes où cela est nécessaire. Une date qui parait acceptable pour l’État. « Il faudra que les conditions sanitaires permettent ce processus électoral », pointe tout de même le Haut-commissaire. Ce sera au conseil scientifique national, consulté par le gouvernement parisien à chaque grande étape de la crise sanitaire, de se prononcer sur le sujet. En cas de réponse favorable, le Premier ministre devrait confirmer la date du 21 juin, par ailleurs contestée par le Tavini et le Taohera’a.

Réouverture des établissements scolaires le 18 mai, mais toujours pas de date de rentrée

Le Haut-commissaire a aussi insisté sur la nécessaire reprise de l’enseignement pour les élèves du fenua. La réouverture des établissements est toujours prévue pour le 18 mai, mais sans reprise des cours. Il s’agira seulement de permettre aux enfants d’assurer la continuité pédagogique dans de meilleures conditions. « Tous les élèves scolarisés ne pourront pas retrouver leur établissement », a toutefois tempéré Édouard Fritch. La ministre de l’Éducation Christelle Lehartel doit préciser les dates et conditions de la rentrée ce mercredi.

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