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Un forcené abattu en Isère: garde à vue levée pour cinq policiers

Grenoble (AFP) – Bavure ou légitime défense ? Un forcené de 51 ans a été abattu par les forces de l’ordre vendredi soir à Echirolles (Isère) et les policiers impliqués ont été placés en garde à vue jusque samedi après-midi, dans un contexte de fortes tensions entre policiers, magistrats et gouvernement.

Débutée à 21H00, la garde à vue des cinq fonctionnaires de la sécurité publique a été levée samedi à 14H00, a déclaré le procureur de la République de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, qui a saisi l’IGPN (Inspection générale de la police nationale) et la police judiciaire.

« On a entendu le témoignage des policiers. L’enquête en flagrance pour homicide volontaire va se poursuivre pour déterminer s’il y a légitime défense », a ajouté le magistrat qui entend « mener une enquête objective, indépendamment de la polémique actuelle ».

Une allusion aux récentes manifestations de policiers protestant contre le manque de moyens et le « laxisme » de la justice. Et réclamant aussi un assouplissement des règles de légitime défense.

L’arme brandie par le quinquagénaire devant les policiers a été retrouvée. Il s’agit d’un « pistolet d’alarme avec un petit canon peu visible », qui a été expédiée pour expertise à la police scientifique.

Outre l’autopsie, des « expertises balistiques » et « toxicologiques » sur la victime vont également être réalisées et « il faut attendre les résultats de l’enquête d’ici quelques semaines », a encore dit M. Coquillat.

Selon les premiers éléments de l’enquête, les cinq hommes, membres de la Brigade anti-criminalité (BAC) et de la section d’intervention, intervenaient pour un différend de voisinage dans ce quartier pavillonnaire d’Echirolles, dans la banlieue de Grenoble: un voisin, apparemment en état d’ivresse, en aurait menacé un autre avec une machette.

A l’arrivée de la police vers 20H00, l’homme, « excité » semble-t-il sous l’effet de l’alcool, était dans son jardin et aurait menacé les policiers avec une machette, « puis après l’avoir posée, aurait sorti une arme de derrière son dos », a expliqué le procureur confirmant une information du Dauphiné Libéré.

Les policiers « positionnés en deux colonnes derrière deux boucliers balistiques » ont alors fait feu avec « un fusil d’assaut HK G36 et au moins un pistolet automatique, dont chacun était équipé », a-t-il ajouté.

Le quinquagénaire « a reçu plusieurs projectiles dans le thorax et dans la tête », a précisé le procureur, qui souligne que « le fait que l’arme soit capable ou non de tirer ne change rien à la perception qu’ont les policiers des faits ».

Absente lors du drame, la famille de ce père de quatre enfants, carrossier dans les transports en commun grenoblois, n’a pu regagner sa maison qu’en début de matinée, la rue étant bouclée par la police.

– Une bavure, dénonce la famille –

« Mon père était un bon père de famille, un homme sans histoire », a déclaré aux médias l’un des fils, encore sous le choc. Il a assuré que la famille allait porter plainte.

La police lui a dit « que les policiers auraient tenté de le maîtriser avec un taser mais cela n’aurait pas marché ».

« Pour moi, c’est une grosse bavure (…) Cinq balles ! Ils auraient pu le blesser au lieu de le tuer directement (…) Comment cela peut être permis de tuer les gens comme ça (…) Que justice soit faite ! », a déclaré sa veuve, Coralie, au micro de RTL.

Mais pour les syndicats de police la « légitime défense » ne fait « aucun doute ».

« Lorsque, collectivement, cinq policiers, qui sont face à un individu dangereux, tirent en même temps, c’est qu’ils n’ont aucun doute sur le fait qu’il va faire usage de son arme et qu’il va tirer sur l’un d’entre eux », a déclaré Daniel Chomette, secrétaire général du syndicat SGP police-FO.

« C’est de l’ordre d’une fraction de seconde. Les policiers sont dans un état de stress et de vigilance absolue dans ces situations. La légitime défense était proportionnée et simultanée, en riposte », a ajouté le syndicaliste.

Valérie Mourier, secrétaire départementale du syndicat Alliance, a vu de son côté dans la levée de la garde à vue une « confirmation que la légitime défense est caractérisée » et a demandé « que l’on arrête de considérer les policiers comme des délinquants ».

La rue où un forcené de 52 ans a été abattu par les forces de l'ordre, le 29 octobre 2016 à Echirolles . © AFP

© AFP JEAN PIERRE CLATOT
La rue où un forcené de 52 ans a été abattu par les forces de l’ordre, le 29 octobre 2016 à Echirolles

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