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La « grève générale illimitée » débute ce mercredi

Malgré cinq jours de discussions et une ultime session de négociation entre le gouvernement et les syndicats, aucun protocole n’a été signé ce mardi soir. Le préavis de grève générale illimitée rentre donc en action ce mercredi matin à minuit. 14 secteurs du privé devraient être touchés en plus de l’administration mais l’intersyndicale ne prévoit ni manifestation, ni blocage.

Les négociations avaient « jusqu’à mardi 23h59 pour aboutir ». La réunion a finalement été levée une vingtaine de minutes après minuit ce mercredi. Elle avaient commencé près de sept heures plus tôt à la présidence. À leur arrivée, et malgré quelques déclarations de bonne volonté, ni les représentants du gouvernement ni les syndicats ne se montraient optimistes. Il faut dire qu’après une quinzaine d’heures de négociations étalées sur cinq jours, aucun des 8 points du cahier de revendication n’avait été complètement levé avant le début de cette dernière séance. « J’ai toujours un petit espoir et je table toujours sur l’intelligence des hommes et des femmes (…) et j’espère qu’ils auront des propositions à nous faire », déclarait Patrick Galenon avant de s’asseoir à la table des négociations. Le secrétaire général de la CSTP-FO rappelait tout de même que la grève était « prête depuis longtemps » et qu’au vu du peu d’avancée de ces derniers jours, l’intersyndicale n’était prête qu’à très peu de compromis.

Peu après 19 heures, alors que le protocole rédigé par le gouvernement a été présenté et quelques « contre-propositions » sont sur la table, la séance est une première fois suspendue. La perspective d’un mouvement social ne s’est pas écartée, bien au contraire. « Ils ont déjà annoncé partout ailleurs qu’il y aurait grève », souffle le ministre des Grands Travaux René Temeharo accompagné, à l’intérieur, du vice-président Jean-Christophe Bouissou et du ministre des Finances Yvonnick Raffin. Les négociations reprendront pourtant bien, en présence d’Édouard Fritch, cette fois. Et les huit points du cahier de revendications seront même repris uns à uns. Mais certains, côté syndical, estiment déjà que « rien ne sera signé » : comme souvent ces derniers jours, Cyril Le Gayic est le premier à partir. « Demain, c’est une grosse journée » lâche la figure de proue de la CSIP.

En attendant un nouveau round…

Nouvelle pause à 22 heures, avec un peu plus d’hésitation de la part des syndicats, invités à s’exprimer sur une nouvelle version du protocole. « Ca avance, petit à petit », note alors un ministre. Le débat, effectivement, avance, sur l’obligation vaccinale, dont le gouvernement propose de limiter la sanction à une amende de 80 000 francs, et de « mieux cadrer » la loi pour éviter les « interprétations » des patrons. Sur le Smig aussi, avec une proposition de revalorisation de 2% dès le 1er décembre par Édouard Fritch, avant une réévaluation en fonction de l’inflation courant 2022. L’exécutif mettra aussi sur la table un « alignement » des règles de paiement des heures supplémentaires de la fonction publique sur le code du travail, une demande « insistante » des syndicats.

Mais le dernier round, le plus long, ne permettra tout de même pas de conclure sur une signature. « Nous sommes en grève, résume Patrick Galenon à la sortie de la salle. Parce que sur les huit points que nous avons proposés, aucun n’a trouvé à nos yeux de réponse adéquate« . Pas de blocage, ni de manifestations prévus ce mercredi, « on s’arrête de travailler », et les revendications sont maintenues en l’état. Quant aux nouvelles négociations, les syndicats « attendent que le gouvernement appelle ». « Je suis pas là pour chercher des noises, je suis là pour de la justice, explique le chef de file de la CSTP-FO. Et le seul moyen que nous avons, c’est le droit de grève ».

Négociations « dans un seul sens »

Côté gouvernement, on met en avant les « efforts » qui ont été consentis dans ces négociations : « Sur les huit points on a avancé, on fait des propositions », insiste Yvonnick Raffin qui regrette le manque de « contre-propositions » des syndicats. Le ministre des Finances, dénonce donc des négociations « dans un seul sens » et regrette l’impact que va avoir cette grève sur l’économie et sur les salariés, « à l’heure où le pays redémarre ». Pas de programme de renégociation : « s’ils veulent revenir à la table ils sont les bienvenus », explique seulement le ministre.

Seul point d’accord véritable d’un côté et de l’autre de la table : arriver à la grève, « c’est toujours un échec », et c’est désormais « à chacun de prendre ses responsabilités ».

Les avancées et les blocages, point par point : 

Les syndicats ont dressé, en plus de revendications sectorielles ou propres à certaines entreprises, une liste de huit demandes générales qui ont été discutées avec le Pays :

  • Revalorisation du pouvoir d’achat de 4%. La proposition, par le gouvernement, d’une revalorisation de 2% du Smig en janvier, puis, plus tard dans la soirée, dès décembre, suivi d’une éventuelle hausse pouvant atteindre 2% supplémentaire en cas d’inflation exceptionnelle n’a pas convaincu les syndicats. Ils rappellent notamment que les fonctionnaires territoriaux ont été augmentés de plus de 2% ces dernières années alors que le Smig n’a pas bougé depuis 2014.
  • Retrait de la loi sur l’obligation vaccinale. Les centrales, voire leurs syndicats adhérents, ne sont pas toutes en phase sur le sujet, certains étant prêts à se contenter d’une modification du périmètre, du fonctionnement ou des sanctions de la loi, d’autres s’accrochant à une abrogation. Édouard Fritch, une fois de plus a exclu cette possibilité, et a répété qu’il était prêt à réévaluer la loi en janvier au vu de l’évolution de la situation sanitaire. Le président avait tout de même proposé d’exclure certains métiers d’extérieur de la loi – notamment les dockers – et en fin de négociation, a proposé de diviser par deux l’amende de 175 000 francs prévue pour les travailleurs visés par le texte. « Ça reste beaucoup pour un smicard », « surtout que ça peut être redondant », commente Patrick Galenon.
  • Réforme de la protection sociale généralisée. Le point le plus discuté pendant ces 5 jours. Yvonnick Raffin a accepté de revoir certaines dispositions de son projet de loi sur la réforme de la gouvernance de la PSG, toujours très critiquée par l’Intersyndicale et d’organiser de grandes Assises de la Santé, acceptées sous condition. Malgré un recul sur la présidence du conseil d’administration de la CPS – qui ne serait plus automatiquement réservée au gouvernement – les discussions bloquent toujours sur la gouvernance, et notamment le nombre de sièges réservés aux syndicats (5 sur 15 pour le gouvernement, 10 sur 20 pour l’intersyndicale), ainsi que sur le rôle du comité stratégique qui doit organiser la réforme, et sur le financement à moyen terme de la protection sociale.
  • Mise en place immédiate d’un fond d’aide aux salariés ayant perdu involontairement leur emploi. Un dossier que le gouvernement souhaite renvoyer au dialogue social. Le Pays n’aurait toutefois « pas exclu » d’abonder ce fonds sans chiffrer sa participation, une fois un accord trouvé entre les salariés et les entreprises sur leur cotisation respective. Les syndicats attendent davantage : Patrick Galenon a notamment proposé que la moitié des fonds consacrés l’année passée aux CAE, « mesure purement électoraliste », y soit versés. Soit 2 à 3 milliards de francs par an.
  • Mise en œuvre immédiate de la loi sur l’emploi local. Le gouvernement table sur une mise en application en avril prochain de la loi sur l’emploi local votée en 2019, contestée et modifiée en 2020. Les syndicats disent vouloir accélérer cette mise en place, et revoir certains points dans son mécanisme d’application, mais la revendication, mineure, n’a pas tenu une grande place dans les discussions avec le Pays.
  • Paiement des heures supplémentaires dans la fonction publique. Plusieurs points du cahier de revendication concerne la fonction publique territoriale. La tenue plus régulière de procédure de titularisation a été validé tôt dans les négociations. La question de la revalorisation des carrières a été remise à plus tard. Mais l’Intersyndicale s’est surtout montrée insistance sur le paiement des heures supplémentaires des fonctionnaires, problématique dans plusieurs secteurs, dont la Santé. En fin de négociation, le Pays a proposé une réforme de la règlementation pour aligner le droit de la fonction publique sur celui du privé en la matière. Proposition qui n’a pas complètement convaincu les syndicats. La question des rattrapages des congés liés aux confinements est aussi sur la table.

 

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1 Commentaire

  1. 24 novembre 2021 à 12h39 — Répondre

    Il était évident que les syndicats n’avaient aucune intention de négocier et de trouver un accord sur les propositions du gouvernements, l’objectif était la grève sans aucune intention d’y déroger, une mascarade orchestrée par des leaders de très mauvaise foi, indifférents aux problèmes des citoyens. Des comportements écœurants.

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