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Vaccins : une semaine de stock avant la baisse de régime

Ce vendredi, plus de 1900 Polynésiens avaient déjà reçu les deux doses de vaccins nécessaires à l’immunisation contre le covid-19. Près de 5800 autres sont en attente d’une seconde injection. Mais alors que la Polynésie aura bientôt consommé toute ses dotations de l’État, le calendrier de livraison reste toujours aussi flou.

7715. C’est le nombre de doses de vaccins déjà consommées par le Pays ce vendredi. D’après les derniers chiffres de la plateforme Covid, 1936 personnes ont déjà reçu les deux doses de vaccin qui doivent les protéger contre le développement de la maladie. S’y ajoutent 3843 personnes ayant déjà reçu au moins une injection dans un centre de vaccination et qui en attendent une seconde, normalement programmée trois semaines après la première. Autant de doses qui sont donc, logiquement, mises de côté par les autorités : au total, plus de 11 500 doses sont soit consommées soit « réservées » à des secondes injections.

Panne le 1er mars ?

Si la campagne lancée le 18 janvier semble rencontrer un succès auprès des populations ciblées (matahiapo de plus de 80 ans, soignants, et, depuis peu, « personnes vulnérables à haut risque »), la marge de manœuvre est donc faible pour le Pays. Depuis le 18 janvier, l’État a procédé à trois livraisons correspondant, d’après les annonces du Haussariat, à 22 230 injections possibles. Vu des difficultés d’utilisation de la « sixième dose » par flacon, Édouard Fritch comme Dominique Sorain parlaient prudemment, la semaine dernière « d’environ 20 000 doses », sur lesquels environ 8500 sont encore disponibles. Une partie d’entre elles ont été confiées aux hôpitaux pour la vaccination des personnes à risque, limitant d’autant le stock dédiés aux huit centres de vaccinations de Tahiti et Moorea.

Des centres dont le carnet de rendez-vous est presque plein pour la semaine prochaine. Et ils seront assurés, explique-t-on à la direction de la Santé, qui entrevoyait, il y a une dizaine de jours, une pénurie de vaccin à partir du 22 février. Cette « panne », ou du moins la décélération de la campagne de vaccination, pourrait finalement avoir lieu à partir de la semaine du 1er mars. À cette date, la vaccination ne s’arrêtera pas tout net : les seconde injections continueront bien pendant une vingtaine de jours. Mais impossible de lancer la phase 2 de la campagne avant de lever le flou sur le calendrier des livraisons. Ce que ni le Pays ni l’État ne sont capable de faire à l’heure actuelle. Paris a ses propres « contraintes d’approvisionnement » et une nouvelle dotation est prévue d’ici « le début du mois de mars », précisent seulement les responsables.

Objectif : 80 000 vaccinations en septembre

Un problème qu’Édouard Fritch n’a que peu commenté, hier, à Tarahoi. « Je n’ai pas suffisamment de précisions sur les prochains ravitaillements » avoue le président, qui s’est « confié » au ministre de l’Outre-mer Sébastien Lecornu sur la question et qui dit avoir un « engagement » de l’État à assurer l’approvisionnement. « S’arrêter de vacciner puis reprendre la campagne, ce sera très mal vu par la population » prévient le responsable qui a aussi évoqué, sans la dater, une livraison en vaccins AstraZeneca, sous le feu des critiques pour ses effets secondaires fréquents. Édouard Fritch préfère prendre des engagements sur le plus long terme : « Je me suis engagé à vacciner 40% de la population  soit 80 000 personnes vaccinées à Tahiti, d’ici le mois de septembre prochain et nous pouvons le faire ».

Acheter des vaccins ? « On n’a peut-être pas suffisamment anticipé »

« Qu’est-ce qu’on attend ? Mais qu’est-ce qu’on attend ? ». Lors des questions au gouvernement, hier, Éliane Tevahitua a interpellé Édouard Fritch sur l’approvisionnement en vaccins de la Polynésie. « Notre Pays autonome en matière de santé a en 1984 gagné le droit de commander directement les vaccins, si la France et l’Europe sont incapables de nous en fournir en nombre suffisant » insiste la représentante Tavini. Devant la « torpeur » de l’État, et comme ce fut le cas pour les masques en avril, le parti bleu ciel lui demande donc « instamment de commander des vaccins en quantité suffisante », reprenant le thème de la conférence de presse d’Oscar Temaru le 12 février dernier. Et ce même « s’il le faut payer ce vaccin, même très cher ».

Commander ailleurs ? « Trouvez-mois un fournisseur ! », répond Édouard Fritch à l’assemblée. C’est que le Pays avait lui-même « lancé des démarches ». « Nous avons écrit à Moderna, et le non a été catégorique, même à 15 euros la dose », ajoute le président. Aucune chance, non plus, du côté de Pfizer. La cause est connue : pour développer un vaccin dans un temps record, les laboratoires ont été « massivement financés par les États ». Les producteurs sont donc « l’obligation de fournir les États au prorata » de leur population. « Je suis prisonnier de ça », insiste le président. Pourquoi ne pas se tourner vers fournisseurs différents que ceux des pays européens et des États-Unis ? Une question de sécurité sanitaire. « Je vous cache pas qu’à un moment j’ai envisagé d’aller chercher des vaccins en Chine, mais vous m’auriez insulté ! », complète Édouard Fritch. Le gouvernement serait « prêt à dépenser des milliards s’il le faut », mais pour le président, « ça n’est pas un problème de moyens ». « On est loin de tout… et on n’a peut-être pas suffisamment anticipé » admet-il.

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