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Valls donne des gages aux jeunes, satisfaits mais toujours opposés à la loi travail

Paris (AFP) – Des CDD davantage taxés, des bourses prolongées après le diplôme: Manuel Valls a annoncé lundi des mesures pour l’insertion des jeunes applaudies par leurs syndicats, qui restent opposés à la loi travail, mais décriées par le patronat.

Matignon évalue entre 400 et 500 millions d’euros par an le coût de ces mesures, présentées aux organisations de jeunesse, dont plusieurs font partie de l’intersyndicale contre le projet de loi depuis plus d’un mois – l’Unef (premier syndicat étudiant), l’UNL, le SGL et la FIDL (lycéens).

« Parce que les jeunes se sont mobilisés et ont relevé la tête, ils ont réussi à obtenir des mesures fortes », a estimé le président de l’Unef William Martinet, exprimant sa « satisfaction ».

« Ça va dans le bon sens », a approuvé l’Union nationale lycéenne (UNL). La Fage, deuxième syndicat étudiant qui n’est pas opposé à la loi travail, a salué « des mesures vraiment structurelles pour les jeunes ». 

Toutefois, « ça ne lève pas tous les désaccords, notamment sur la loi travail », a poursuivi William Martinet. L’Unef reste donc « solidaire de l’intersyndicale » qui appelle, comme les organisations lycéennes, à manifester le 28 avril aux côtés des syndicats de travailleurs.

Parmi les revendications satisfaites, la prolongation des bourses dès la rentrée 2016 pour les jeunes d’origine modeste, après obtention de leur diplôme, pour quatre mois maximum. 

Est aussi prévu un renchérissement des taxes sur le CDD pour favoriser l’embauche en CDI, suivant un barème défini par les partenaires sociaux. Cette mesure hérisse le patronat: la CGPME a dénoncé « un coup de poignard porté dans le dos des entreprises », menaçant de quitter la négociation sur l’assurance chômage, tandis que le Medef a fustigé « une longue tradition consistant à créer une nouvelle taxe pour chaque problème rencontré », alors que « taxer ne crée pas d’emplois ». 

Par ailleurs, un quota de places en IUT sera réservé aux bacheliers technologiques et le nombre de places en BTS sera augmenté, pour favoriser la poursuite d’études des bacheliers professionnels. La rémunération des apprentis sera améliorée.

Pour l’UNI (droite universitaire), « Manuel Valls a sorti son chéquier pour acheter le désengagement de l’Unef », « sur le dos des contribuables et des entreprises ». 

Le président du MoDem François Bayrou a déploré une décision « électoraliste à courte vue ».

– ‘Répondre à des inquiétudes’ –

Les annonces gouvernementales seront intégrées au projet de loi égalité et citoyenneté présenté mercredi ou feront l’objet d’un amendement au projet de loi travail.

Elles n’ont pas pour objectif d' »éteindre une contestation » mais de « répondre à des inquiétudes profondes qui nécessitent une réponse dans la durée », a assuré le Premier ministre.

La rencontre avait été décidée dès la mobilisation du 31 mars contre la réforme du code du travail portée par la ministre du Travail Myriam El Khomri, la plus réussie à ce stade (390.000 manifestants en France selon les autorités, 1,2 million selon les organisateurs). 

Depuis, les derniers cortèges, samedi, ont été marqués par une affluence en baisse. Et la mobilisation risque d’entrer dans un creux d’ici la manifestation du 28 avril et la reprise des débats début mai à l’Assemblée nationale.

« Les formes de mobilisation vont changer » en raison des vacances scolaires et des examens universitaires qui débuteront dans la foulée, a reconnu William Martinet, évoquant par exemple des « interpellations de parlementaires ».

Le rendez-vous de lundi était stratégique pour le gouvernement alors que les organisations de jeunesse, parfois débordées par des coordinations plus spontanées, étaient jusqu’ici très actives dans la mobilisation, dans la rue et via des blocages de lycées ou de facs, avec des risques d’incidents.

Plusieurs lycéens ont été ainsi interpellés lundi en banlieue parisienne, pour des jets de projectile et outrage envers des forces de l’ordre.

Les jeunes sont aussi nombreux dans les rassemblements citoyens « Nuit debout », nés il y a une dizaine de jours place de la République à Paris et qui ont essaimé dans plusieurs dizaines de villes. Bien au-delà de la seule contestation de la loi travail.

Manuel Valls entre Najat Vallaud-Belkacem et Myriam El-Khomri le 11 avril 2016 à Matignon à Paris. © AFP

© AFP PATRICK KOVARIKManuel Valls entre Najat Vallaud-Belkacem et Myriam El-Khomri le 11 avril 2016 à Matignon à Paris

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