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Valls et Macron à couteaux tirés avant l'intervention de Hollande

Paris (AFP) – La tension est encore montée d’un cran mercredi entre Manuel Valls et Emmanuel Macron, désormais à couteaux tirés, avant que François Hollande ne sorte de son silence lors de la traditionnelle interview du 14 juillet.

Mardi déjà, le chef du gouvernement s’était déjà emporté contre son ministre de l’Économie, qui cultive l’ambiguïté sur son éventuelle candidature à moins d’un an de la présidentielle, tout en restant ministre. 

Nouvelle salve de M. Valls mercredi devant les députés PS: « On ne peut pas dénoncer un prétendu +système+ en cédant aux sirènes du populisme quand, circonstance aggravante, on est soi-même le produit le plus méritant de l’élite de la République. » M. Macron est notamment passé par l’IEP de Paris et l’ENA. 

Dans ce bras-de-fer, l’Élysée reste silencieux, dans l’attente de l’interview de François Hollande jeudi sur TF1 et France 2.

Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a appelé à ne pas « s’égailler » ou « se disperser ». « Pour le reste, chacun fait son chemin. En marchant, en courant, en roulant », a ironisé ce proche de M. Hollande.

Quelques heures après, M. Macron était absent des bancs du gouvernement durant la séance de questions à l’Assemblée. Il participait, selon son entourage, à une réunion sur la filière nucléaire. Dans l’hémicycle, où le cas Macron est sur toutes les lèvres, nombre de députés PS souhaitent « sortir de l’ambiguïté » concernant le populaire ministre.

Qu’il paraît loin, ce mois d’avril 2014 où Manuel Valls, nommé à Matignon, plaidait pour la nomination d’Emmanuel Macron au Budget. Refus, à l’époque, de François Hollande. Mais son jeune protégé n’a rien perdu au change: il a récupéré quelques mois plus tard le portefeuille de l’Économie, laissé vacant par Arnaud Montebourg.

Mais moins de deux ans plus tard, « il est temps que tout cela s’arrête »! Cette pique lancée par Manuel Valls mardi dans les couloirs du Sénat, quelques heures avant le premier meeting parisien de M. Macron et de son mouvement En Marche!, semble tout résumer de l’antagonisme entre les deux hommes.

« Initialement, je pense que le président de la République a mis en piste Emmanuel Macron pour bloquer Manuel Valls, qui était haut dans les sondages », a expliqué mardi sur RFI le député PS Philippe Doucet, soutien du Premier ministre. Sauf que les courbes se sont depuis largement inversées, Manuel Valls ayant rejoint François Hollande dans les tréfonds de l’impopularité.

– ‘Il n’a développé aucune idée’ –

Difficile, pourtant, de discerner de vrais clivages entre ces deux « réformistes » assumés. « Ils sont tous les deux pour l’économie de marché, clairement », poursuit M. Doucet, qui se risque néanmoins au jeu des différences: « Macron, j’appellerais ça plutôt un libéral-libertaire. Manuel Valls est très sensible aujourd’hui à la question de la nation, de la République, de la laïcité, de l’autorité de l’État ».

Les deux hommes partagent avant tout la même ligne économique, le locataire de Bercy s’employant à briser les tabous sur lesquels s’acharnait Manuel Valls avant son arrivée à Matignon, notamment sur les 35 heures.

Où se situe donc le point de rupture? Un premier épisode de tension s’est produit au moment de l’adoption de la fameuse « loi Macron ». Manuel Valls avait alors, pour la première fois, recouru au 49-3, rendant possible l’adoption sans vote de ce texte, pour lequel le ministre novice n’avait pas ménagé ses efforts au Parlement.

Malgré des dénégations régulières, leurs relations n’ont cessé de se dégrader. Quand Emmanuel Macron, ancien associé-gérant de la banque Rothschild qui ne s’est encore jamais confronté au suffrage universel, affirme qu’être élu est un « cursus d’un ancien temps », Manuel Valls, élu de banlieue, rétorque que « l’expérience d’un élu de terrain » est « irremplaçable ».

M. Macron crée-t-il un mouvement « qui ne sera pas à droite, pas à gauche »? « Il serait absurde de vouloir effacer ce clivage », réplique le Premier ministre, également en désaccord avec son ministre au sujet d’une éventuelle suppression de l’ISF.

« Macron pense que Hollande ne peut pas être candidat en 2017 et il préempte. Hier soir, il n’a développé aucune idée », estime une source au sein de l’exécutif, pour qui le chef de l’État va « forcément recadrer Macron demain (jeudi), avec ses mots à lui ».

Bruno Le Roux, président des députés PS, a affirmé mercredi sur iTELE que si François Hollande était candidat en 2017, Emmanuel Macron serait « derrière lui pour le faire gagner ». « Si aujourd’hui, il y a des gens qui soutiennent Emmanuel Macron en pensant qu’il faut virer le président de la République, eh bien, je pense qu’ils se trompent », selon M. Le Roux.

Emmanuel Macron pendant une réunion publique de son mouvement "En Marche" à La Maison de la Mutualité à Paris le 12 juillet 2016. © AFP

© AFP PATRICK KOVARIK
Emmanuel Macron pendant une réunion publique de son mouvement « En Marche » à La Maison de la Mutualité à Paris le 12 juillet 2016

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