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Valls et Vallaud-Belkacem en désaccord au sujet des arrêtés anti-burkini

Paris (AFP) – Manuel Valls a jugé jeudi sur RMC que les arrêtés municipaux anti-burkini n’étaient « pas une dérive », en réponse à Najat Vallaud-Belkacem qui venait de déclarer sur Europe 1 que la « prolifération » de ces arrêtés n’était « pas la bienvenue ».

La ministre de l’Education nationale a exprimé son opposition au burkini tout en jugeant que « la prolifération des arrêtés » contre cette tenue n’était « pas la bienvenue », la qualifiant de « dérive politique » qui « libère la parole raciste ».

« Ces arrêtés ne sont pas une dérive. C’est une mauvaise interprétation des choses. Ces arrêtés ont été pris au nom même de l’ordre public », a répondu le Premier ministre.

Saisi par la Ligue des droits de l’Homme, le Conseil d’Etat doit se réunir jeudi pour dire si les arrêtés anti-burkini sont légaux. La plus haute juridiction administrative française examine un « référé-liberté », une demande de suspension en urgence d’un arrêté de la commune de Villeneuve-Loubet (Côte d’Azur).

Mais il est en réalité appelé à trancher la querelle juridique pour la trentaine de communes françaises qui exigent sur leurs plages, cet été, une tenue « respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité » au nom de « l’ordre public ».

Mercredi, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a mis en garde contre la « stigmatisation » des musulmans, après la diffusion des images d’une femme contrôlée sur la plage de Nice, porteuse d’un simple voile.

De son côté, Nicolas Sarkozy appelle, dans un entretien à paraître vendredi dans le Figaro Magazine, à légiférer pour interdire « tout signe religieux à l’école mais également à l’université, dans l’administration et aussi dans les entreprises ». Pour lui, « ne rien faire » contre le burkini « serait acter un nouveau recul de la République ». Le Front national va plus loin, en se prononçant pour « une loi d’interdiction générale des signes religieux ostensibles dans l’ensemble de l’espace public ».

Le Premier ministre a réitéré, sur BFM TV et RMC, son soutien aux maires qui prennent des arrêtés « anti-burkini », dont « l’application », dit-il, doit toutefois se faire « avec discernement ».

« Le burkini c’est un signe politique de prosélytisme religieux qui enferme la femme. (…) Je crois qu’on ne peut pas accepter le prosélytisme, mais on ne peut pas accepter l’humiliation non plus », a-t-il dit.

« Tout ce qui peut apparaître comme une stigmatisation, une volonté de s’en prendre à l’Islam est évidemment condamnable », a-t-il affirmé.

« Nous ne sommes pas en guerre contre l’Islam qui a toute sa place dans la République.(…) La République est bienveillante (avec les musulmans), nous les protègerons contre les discriminations », a dit Manuel Valls.

Interrogé au sujet des critiques émises par la presse internationale, le Premier ministre répond : « la France est un pays différent ».

« La conception libérale des anglo-saxons n’est pas la mienne .(…) La laïcité est le fruit d’une confrontation mais c’est aujourd’hui la possibilité de croire ou de ne pas croire » », a-t-il dit.

Manuel Valls et Najat Vallaud-Belkacem à Créteil le 17 avril 2016. © AFP

© AFP/Archives PATRICK KOVARIK
Manuel Valls et Najat Vallaud-Belkacem à Créteil le 17 avril 2016

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