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Valls met en garde contre une victoire "possible" de Le Pen en 2017

Berlin (AFP) – Manuel Valls a mis en garde jeudi à Berlin contre la victoire « possible » de Marine Le Pen à la présidentielle, quelques jours après le choc provoqué par celle de Donald Trump aux Etats-Unis, et en a profité pour se poser encore un peu plus en recours pour 2017.

Au terme d’un discours offensif à gauche sur la mondialisation et l’Europe, mûrement préparé à Matignon, le Premier ministre s’est dessiné de façon quasi transparente comme un meilleur candidat que François Hollande pour battre la présidente du Front national.

Marine Le Pen peut-elle l’emporter en 2017? interroge une personne dans l’auditoire du forum économique du Süddeutsche Zeitung. Oui, « c’est possible » répond M. Valls, disant cette fois clairement ce qu’il avait déjà laissé entendre sur la scène française.

« On s’intéresse et c’est normal à la primaire de la droite française, on attend ce qui va se passer pour la primaire du PS, mais on oublie l’essentiel: le danger que représente l’extrême droite », a-t-il averti devant son auditoire allemand. Il a toutefois assuré « ne pas tout confondre » en rappelant que Donald Trump avait pour lui le parti républicain, pilier historique de la vie politique américaine.

Interrogé sur ce que serait « le candidat idéal » pour battre la fille de Jean-Marie Le Pen, que tous les sondages placent au deuxième tour, Manuel Valls s’est permis de ne jamais citer le nom de François Hollande.

Décrivant ce candidat, il a dressé en creux son propre portrait: celui qui peut « préserver le modèle républicain », avec des valeurs « d’autorité, de sécurité, fermeté », mais également « générosité et solidarité ».

L’allusion était si transparente que le Premier ministre a lui-même reconnu qu’aller plus loin en présence « de la presse française » risquait de lui valoir « des ennuis ».

– ‘Mondialisation au service du peuple’ –

Le discours de Berlin visait à « répondre aux angoisses et aux colères des peuples » caractérisées par le phénomène Trump ou encore le Brexit, sans tomber « dans la facilité et encore moins dans la démagogie », selon le Premier ministre.

Semblant répondre aussi aux intentions de vote élevées sur sa gauche en faveur de l’ancien ministre de l’Economie Arnaud Montebourg ou de Jean-Luc Mélenchon, Manuel Valls a défendu « une mondialisation au service des peuples, au service du peuple ».

Il a notamment appelé l’Europe à dire plus clairement « qui peut et ne peut pas entrer et rester sur notre sol », pour ne pas laisser cette question aux « populistes » dont « le but est de construire des murs ».

En matière commerciale, il a réclamé que l’UE « sorte de l’innocence », refusant « de tout laisser faire » car « les peuples ne l’acceptent plus ».

« Il n’est pas normal que quand les USA frappent un produit à 300%, l’Europe ne le fasse qu’à 20% », a-t-il lancé, jugeant encore « inacceptable » l’accord controversé de libre-échange transatlantique (TTIP ou Tafta) en cours de négociations entre l’UE et les Etats-Unis.

« Toute forme de dumping social et fiscal au sein de l’Europe est intolérable et sa suppression doit être aujourd’hui une priorité parmi les priorités », a-t-il réclamé, en critiquant à nouveau les « abus » du dispositif des travailleurs détachés.

A la veille d’un passage de François Hollande à Berlin dans le cadre de la tournée d’adieu de Barack Obama, le Premier ministre a à nouveau réclamé davantage de dépenses publiques à l’Allemagne pour relancer la croissance en Europe.

« Si l’Allemagne a attendu la France » pour mener des réformes économiques, la France désormais attend l’Allemagne » sur cette question, a-t-il lancé.

Manuel Valls a également proposé que le couple franco-allemand fasse « converger » les deux principales économies européennes, prenant acte que l’Europe à 28 n’arrivait plus à avancer sur ces questions.

« La France et l’Allemagne doivent d’autant plus montrer l’exemple, en agissant d’abord à deux avant d’entraîner les autres », a-t-il proposé, citant par exemple l’impôt sur les sociétés ou le salaire minimum.

« Je veux mettre toute mon énergie – et j’en ai à revendre ! – pour qu’ensemble, Français et Allemands et tous les Européens, nous relevions l’Europe », dans une nouvelle allusion à ses ambitions.

Manuel Valls fait un discours lors d'un forum économique organisé par le Sueddeutsche Zeitung à Berlin le 17 novembre 2016
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© AFP John MACDOUGALL
Manuel Valls fait un discours lors d’un forum économique organisé par le Sueddeutsche Zeitung à Berlin le 17 novembre 2016

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