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Variant anglais détecté au fenua : « pour l’instant ça ne change rien à la stratégie »

L’institut Malardé a confirmé, cet après-midi, l’identification du variant anglais du Covid chez un fonctionnaire polynésien resté en isolement. Le ministre de la Santé Jacques Raynal estime qu’il n’y pas lieu à ce stade de s’inquiéter pour une reprise épidémique, ni de remettre en cause les assouplissements des restrictions sanitaires annoncées.

Beaucoup plus contagieux, et peut-être un peu plus létal… Voilà les caractéristiques du variant VOC-202012/01, qui, après avoir provoqué une flambée épidémique au Royaume-Uni, où il a d’abord été identifié, gagne du terrain en Europe et en France en particulier. Un « mutant » du Covid dont l’Institut Louis Malardé (ILM) a confirmé la détection au fenua, ce mercredi après-midi. Hier, déjà, Tahiti Infos apprenait qu’un variant avait été importé par une personne arrivée dans le pays le 2 février, et prélevée, comme tous les voyageurs, 4 jours plus tard. Après un séquençage de l’ADN du virus, l’ILM a pu l’identifier avec certitude. « Chaque variant est caractérisé par un certain nombre de mutations génétiques, rappelle son directeur Hervé Varet. Donc on recherche cette liste de mutations dans ce prélèvement ». Une démarche qui va être effectuée « de façon systématique » dans tous les prélèvements positifs réalisé chez les personnes arrivant de l’extérieur. Des prélèvements qui, depuis hier, n’ont plus à être réalisés 4 jours après l’arrivée, mais après douze jours, avant la sortie de la quatorzaine obligatoire.

L’hypothèse d’un cluster de variants n’est pas écartée

Une quatorzaine qui, comme la fermeture du trafic aérien au tourisme, a été mise en place justement pour protéger le fenua de l’importation du variant. Trop tard ? Ce n’est pas ce qu’estime Jacques Raynal, qui rappelle que rien d’indique à ce stade que la personne porteuse n’ait contaminé qui que ce soit. Il s’agirait d’un fonctionnaire d’État « d’origine Polynésienne » de retour de métropole. Une personne « qui avait bien été testée négative » moins de trois jours avant son départ de Paris et « qui a respecté les recommandations d’isolement en attente des résultats de son test », explique le ministre de la Santé. La personne en question ainsi que ses proches sont désormais en isolement strict et des tests sont menés dans l’entourage de la famille. « Nous ne sommes qu’au tout début de la découverte de ce cas, qui à l’heure actuelle est contrôlé », explique le médecin, qui évoque tout de même « l’hypothèse » de la formation d’un cluster autour de ce cas dans les dix jours à venir. Inquiétant ? « Il y a deux mois, je vous aurais répondu oui, reprend le responsable, rappelant les rebonds épidémiques subis par différents pays face à des variants du Covid. Mais nous savons maintenant que si nous arrivons à circonscrire la diffusion du virus, nous n’aurons pas à subir ces inconvénients ».

Cette détection, pourtant, ne « remet pas en cause la stratégie ». « Pour l’instant, en tout cas », précise le ministre, qui rappelle que le Pays a annoncé un assouplissement des restrictions sanitaires sur la pratique du sport, et les activités culturelles. Des annonces qui doivent être précisées, ce jeudi midi, par Édouard Fritch et par le haut-commissaire Dominique Sorain. Ce dernier pourrait aussi annoncer, c’est en tout cas la demande du gouvernement, un décalage du couvre-feu, que Jacques Raynal n’était pas en mesure de confirmer ce mercredi. Pas de raison non plus de modifier la stratégie vaccinale, « pour l’instant basée sur le vaccin Pfizer et sur le vaccin Moderna, qui sont tous les deux réputés efficaces contre les variants » comme l’explique le ministre de la Santé.

Covid-free d’ici la fin mars ?

Jacques Raynal, qui ne cache pas sa position « pour un contrôle plus strict des frontières, depuis le début », estime tout de même que la fermeture partielle actuelle doit être l’occasion d’une éradication de l’épidémie en interne. « Dans les deux mois qui viennent, notre mission, c’est de circonscrire l’épidémie et de faire en sorte que nous puissions contrôler son arrivée et son séjour » explique-t-il. « Covid-Free » d’ici la fin mars ? Certains, comme Hervé Varet, veulent y croire. « À condition que tout le monde reste sérieux sur l’application des gestes barrières et des mesures sanitaires », explique-t-il. Ou encore que les Polynésiens reprennent le réflexe de se faire dépister dès les premiers signes de Covid (état grippal, fièvre, maux de tête, courbatures, perte de goût…) À condition, aussi, que la quarantaine à domicile, dont l’efficacité est mise en doute par certains, soit bien respectée. Pour le moment : les indicateurs épidémiques sont au vert. « Il y a une diminution lente mais constante », confirme l’épidémiologiste Henri-Pierre Mallet. Il rappelle que « la grande majorité des cas » se trouvent à Tahiti, et que c’est lors de déplacements sans précautions que le virus peut être déplacé vers certaines îles. Comme à Tubuai, où le cluster « parait être sous contrôle ».

Déjà 117 prélèvements pour l’étude de séroprévalence

Lancée la semaine dernière, cette étude a pour but de déterminer la proportion exacte de Polynésiens qui ont été contaminés, à un moment ou à un autre par le Covid. Pour ça, des tests sanguins doivent être menés sur 450 personnes tirées au sort, à Tahiti et Moorea. « Un échantillon suffisamment représentatif à condition que le choix des personnes se fasse réellement au hasard », rappelle le Dr Henri-Pierre Mallet. Ce qui implique des contraintes : sur les 178 foyers et noms tirés au sort, seuls 117 prélèvements ont pu être réalisés. Les refus sont pourtant « assez rares », mais dans 35% des cas l’équipe ne parvient pas immédiatement à contacter la personne en question. Les résultats, qui doivent déterminer le taux d’immunisation de la population, ne sont pas attendus avant le mois de mars.

 

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1 Commentaire

  1. Vongy
    11 février 2021 à 7h35 — Répondre

    Autre condition nécessaire au covid-free : que certains médecins prescrivent le test lorsque des symptômes sont identifiés au lieu de traîner. Surtout lorsqu’il s’agit de patients dits à risques.

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