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Vendée Globe: Le Cléac'h franchit le Cap Horn et fonce vers le record

Paris (AFP) – C’est un endroit mythique pour les marins, qui marque le passage entre les terribles mers du Sud et l’Atlantique et dont le nom inspire un respect teinté d’effroi: le leader du Vendée Globe, Armel Le Cléac’h, a franchi le Cap Horn vendredi en un temps record.

« Santé au Cap Horn! (…) Santé et joyeuses fêtes à tout le monde! », a souri le skipper de Banque Populaire VIII, qui s’est filmé en train de déboucher une petite bouteille de champagne avec le Cap Horn en arrière-plan, par une mer plutôt clémente.

Parti le 6 novembre des Sables-d’Olonne, le Français a franchi ce point légendaire à 13h34 heure française, après 47 jours et 32 minutes de course. Il a amélioré de plus de cinq jours le temps de référence établi par le vainqueur de la dernière édition en 2013, François Gabart (52 j 06 h 18 min).

A cette époque, Gabart avait doublé le Horn une poignée d’heures seulement avant Le Cléac’h, alors deuxième, et avait fini par remporter la course. Cette fois-ci, Le Cléac’h a une avance conséquente sur son poursuivant le plus proche, le Britannique Alex Thomson (Hugo Boss): il est à 819 milles et ne devrait franchir le fameux passage que dimanche soir.

C’est la troisième fois que Le Cléac’h passe le Horn dans sa carrière de marin, mais la première fois en tête (3e en 2008-2009 et 2e en 2012-2013).

Cap Horn. Ce nom est puissamment évocateur et convoque des images tirées des grands récits de voyage. Situé à l’extrémité sud du continent sud-américain, il marque la séparation entre les océans Pacifique et Atlantique. 

– ‘Petite montagne’ –

Course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, le Vendée Globe est surnommé « L’Everest des mers ». Le Cap Horn est l’Everest de cet Everest: des trois caps par lesquels passe cette régate de 21.638 milles (40.075 km), c’est le plus prestigieux, loin devant Bonne-Espérance (Afrique du Sud) et Leeuwin (Australie).

Alors qu’on franchit les deux autres au large, on voit le Horn lorsqu’on le double.

« C’est une espèce de petite montagne avec un sommet triangulaire. Il y a du grain, c’est magnifique, le ciel est très varié avec de gros nuages et des éclaircies », a décrit Le Cléac’h dans un duplex à la mi-journée.

Le Cap Horn est en fait une falaise de 425 m sur une île longue de 6 km et large de 2 km. Il tire son nom de la ville néerlandaise de Hoorn, qui avait armé deux navires – l’Eendracht et le Hoorn – pour explorer ces contrées au début du XVIIe siècle.

Positionné par 56 degrés de latitude sud, il peut offrir un cocktail de dangers maritimes unique au monde – vents violents, mers énormes, températures très basses et donc présence de blocs de glace -, même s’il arrive aussi qu’on puisse le passer par temps calme.

– Anneau d’or –

Au XIXe siècle, les navigateurs à la barre des clippers qui ramenaient de la laine ou du thé en Europe avaient pour consigne de ne jamais regarder en arrière en cas de gros temps… pour ne pas être effrayés par les montagnes d’eau derrière eux! Et traditionnellement, ceux qui avaient dompté le Horn portaient un anneau d’or à l’oreille.

« Géographiquement et émotionnellement, c’est très impressionnant. C’est un endroit magique, il y a les albatros qui tournent autour en permanence. Mais c’est aussi très dur », raconte à l’AFP le Néo-Zélandais Conrad Colman, qui dispute le Vendée Globe sur 100% Natural Energy.

Symboliquement, le Cap Horn est considéré comme une porte de sortie du Pacifique et d’entrée dans l’Atlantique pour remonter vers l’Europe.

« On dit souvent que c’est la délivrance parce qu’après, on met le clignotant à gauche et en route vers la maison. Mais ce n’est surtout pas fini! », note Colman.

Double vainqueur du Vendée Globe (2001 et 2009) et aujourd’hui consultant pour BFMTV et RMC, Michel Desjoyeaux confirme à l’AFP que « le répit du Cap Horn est de courte durée ».

« Quelques heures après, tu regardes le compteur et tu vois qu’il reste encore 8.000 milles, un tiers du parcours à boucler. Et qui n’est pas simple », souligne-t-il. « On peut se retrouver avec des dépressions aussi violentes que celles des mers du Sud. Donc faut encore te cracher dans les mains! »

Classement de vendredi à 18h00 (17h00 GMT):

1. Armel Le Cléac’h (FRA/Banque populaire VIII) à 6.962 milles de l’arrivée

2. Alex Thomson (GBR/Hugo Boss) à 819,71 milles du premier

3. Jérémie Beyou (FRA/Maître Coq) à 1.621,19

4. Jean-Pierre Dick (FRA/StMichel-Virbac) à 2.128,96

5. Yann Eliès (FRA/Quéguiner-Leucémie Espoir) à 2.232,54

6. Jean Le Cam (FRA/Finistère Mer Vent) à 2.276,13

7. Paul Meilhat (FRA/SMA) à 3.082,3

8. Louis Burton (FRA/Bureau Vallée) à 3.594,38

9. Nandor Fa (HUN/Spirit of Hungary) à 4.276,57

10. Conrad Colman (NZL/100% Natural Energy) à 4.830,91

Armel Le Cléac'h sur Banque PopulaireV III, le 30 novembre 2016 au large des Iles Kerguelen. © AFP

© VENDEE GLOBE/AFP/Archives Marine Nationale
Armel Le Cléac’h sur Banque PopulaireV III, le 30 novembre 2016 au large des Iles Kerguelen

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