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Venezuela: face-à-face dans la rue entre partisans de l'opposition et du pouvoir

Caracas (AFP) – Des milliers de partisans de l’opposition et du gouvernement sont descendus mercredi dans les rues des principales villes du Venezuela pour mesurer leur rapport de force dans le calme, avant qu’un dirigeant de l’opposition n’affirme être « assiégé » dans un aéroport.

La tension allait croissant dans la soirée, quand Henrique Capriles a affirmé se trouver « assiégé » par des « bandes armées » affiliées au pouvoir à l’aéroport de l’île de Margarita, où il venait assister à une importante fête catholique jeudi.

« Maduro m’a envoyé des groupes armés à l’aéroport de Margarita. Des passagers, des enfants, tous sont assiégés. Je (le) tiens responsable de ce qui se passe », a déclaré l’opposant sur Twitter.

Plus tôt dans la journée, chavistes (du nom du défunt ex-président Hugo Chavez, 1999-2013) vêtus de rouge et opposants, qui réclament un référendum en vue de révoquer le président socialiste Nicolas Maduro, se sont mobilisés aux abords des 24 délégations régionales du Conseil national électoral (CNE), fermées par précaution et entourées d’un important dispositif policier.

Aucun des deux camps n’a donné d’estimation sur sa propre mobilisation. Aucune estimation indépendante n’était disponible.

C’est le CNE qui détient la clé de ce bras de fer: l’opposition, qui veut organiser le référendum cette année pour provoquer des élections anticipées, l’accuse de ralentir la procédure pour protéger M. Maduro.

« Nous disons aux dirigeants corrompus et inefficaces qui ne savent pas gouverner: vous êtes cernés par un pays qui veut un changement », a clamé le porte-parole de la coalition de la Table pour l’unité démocratique (MUD, centre droit), Jesus Torrealba, devant des opposants réunis sur une place de Caracas pour un concert de casseroles.

« Alors, cédez et ouvrez la voie à ce qui vient, un référendum révocatoire », a-t-il ajouté.

Lors d’une cérémonie publique, Maduro, qui accuse l’opposition de fomenter un coup d’Etat, a déclaré: « la paix a triomphé aujourd’hui ». « Personne n’amènera la violence fasciste au Venezuela », a-t-il ajouté.

Dans ce climat politique délétère, les deux camps affichent des positions irréconciliables: les partisans de M. Maduro, élu en 2013 et dont le mandat s’achève en 2019, crient à la tentative de coup d’Etat contre le président, très impopulaire dans un contexte de grave crise économique.

L’opposition, majoritaire au Parlement depuis janvier, se dit, quant à elle, seule capable de sortir le Venezuela de cette crise qui a fait exploser son inflation – le FMI prévoit une hausse des prix de 720% en 2016 – et vidé les rayons de ses magasins.

– Un changement de modèle ? –

Ce qui est en jeu, c’est un possible changement de modèle après près de 18 ans de socialisme dans ce pays producteur de pétrole.

Après une manifestation dans la capitale le 1er septembre ayant rassemblé 1,1 million de personnes selon les organisateurs, 30.000 selon le gouvernement, l’opposition a cette fois mobilisé de façon beaucoup plus modeste. Elle a de nouveau appelé à manifester mercredi 14 septembre, pendant 24h, selon le chef de l’opposition Henrique Capriles.

Or, le temps presse: si le référendum a lieu avant le 10 janvier 2017 et est couronné de succès comme le prédisent les sondages, de nouvelles élections seront organisées.

S’il se déroule plus tard et si le « oui » l’emporte, Nicolas Maduro sera simplement remplacé par son vice-président.

Pour ralentir les plans de la MUD, l’exécutif a déposé plusieurs recours en justice.

« L’opposition a le défi de garder la population mobilisée, d’éviter qu’elle ne tombe dans le désespoir. L’unique façon de pouvoir réaliser le référendum, c’est sous la pression de la rue », explique à l’AFP l’analyste Asdrubal Oliveros.

Mais selon le cabinet d’études Eurasia, « à mesure que le gouvernement deviendra plus nerveux, il répondra de manière plus agressive aux manifestations ».

Prochaine étape dans la longue course d’obstacles vers un référendum: réunir quatre millions de signatures (20% de l’électorat) en trois jours, ce qui autorisera à organiser ensuite la consultation.

Le CNE a prévenu que cela ne se ferait pas avant fin octobre, compromettant l’organisation du référendum en 2016.

Dans le camp Maduro, on relativise l’importance du mouvement en faveur du référendum, mais des fissures apparaissent: dans un entretien avec l’AFP, Ana Elisa Osorio, ex-ministre d’Hugo Chavez, regrette, comme d’autres anciens responsables chavistes, que l’actuel chef de l’Etat « tourne le dos » à la grave situation économique.

Mais elle doute aussi que « l’opposition puisse mieux gouverner ce pays et résoudre ses problèmes ».

Des manifestants demandent le départ du président Nicolas Maduro à Merida au Venezuela, le 7 septembre 2016 . © AFP

© AFP FEDERICO PARRA
Des manifestants demandent le départ du président Nicolas Maduro à Merida au Venezuela, le 7 septembre 2016

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