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Venezuela: le Parlement dénonce un "coup d'Etat" du camp Maduro

Caracas (AFP) – Le Parlement du Venezuela, dominé par l’opposition, a accusé dimanche le pouvoir du président Nicolas Maduro d’avoir perpétré « un coup d’Etat » en suspendant le processus de référendum révocatoire contre le chef de l’Etat.

Au cours d’une séance houleuse de quatre heures, suspendue pendant 45 minutes à la suite de l’irruption dans l’hémicycle de partisans de M. Maduro, le Parlement a appelé les citoyens vénézuéliens et la communauté internationale à défendre la démocratie.

Dans une résolution, l’Assemblée nationale a décidé de « déclarer la rupture de l’ordre constitutionnel et l’existence d’un coup d’Etat commis par le régime de Nicolas Maduro ».

Elle invite par conséquent « le peuple du Venezuela à la défense active (de la Constitution) jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel » et « sollicite la communauté internationale pour activer des mécanismes » susceptibles de ramener la « démocratie » dans le pays.

Les forces armées sont également priées de « ne pas obéir ou exécuter quoi que ce soit de contraire à la Constitution ».

– Coups et insultes –

La séance extraordinaire a été perturbée par l’irruption de groupes chavistes (du nom du défunt président Hugo Chavez, prédécesseur et mentor de M. Maduro). Il y a eu des bousculades, des coups et des insultes, quelques personnes ont été légèrement blessées.

Les députés ont convoqué pour mardi une séance pour « déterminer la position constitutionnelle du président », qu’ils accusent d’avoir une double nationalité, vénézuélienne et colombienne, ce qui ne lui permettrait pas d’assurer ses fonctions.

Le Conseil national électoral (CNE) avait annoncé jeudi soir qu’il reportait sine die « le processus de collecte (des signatures) prévu la semaine prochaine » en vue de la convocation d’un référendum révocatoire à l’encontre de Nicolas Maduro, réclamé depuis des mois par l’opposition.

Il s’agissait de la dernière étape pour l’opposition de centre droit, regroupée autour de la Table pour l’unité démocratique (MUD) et majoritaire au Parlement, avant de pouvoir organiser un tel référendum contre le chef de l’Etat socialiste.

L’opposition avait vivement protesté contre la décision du CNE.

L’Assemblée nationale a décidé dimanche de « procéder de façon immédiate » au remplacement des responsables du CNE et du Tribunal suprême de Justice (TSJ), deux institutions que l’opposition considère comme alliées de l’exécutif.

La MUD accuse M. Maduro d’être responsable du naufrage économique de ce pays pétrolier asphyxié par la chute des cours du brut, son unique richesse.

Les Vénézuéliens sont confrontés à des files d’attente interminables dans des magasins de plus en plus vides, à une inflation estimée par le FMI à 475% pour cette année et à 1.660% pour 2017, et à une criminalité parmi les plus élevées au monde.

Actuellement en tournée au Moyen-Orient, où il tente d’obtenir des accords pour une hausse des prix du pétrole, M. Maduro a déclaré à la télévision officielle vénézuélienne, depuis l’Arabie saoudite, qu’il assumait « (ses) responsabilités constitutionnelles devant l’Etat et le gouvernement ».

– ‘Dictature’ –

Plusieurs députés ont dénoncé dimanche une « dictature » de l’exécutif. « Le peuple a le droit de se révolter (…) Un coup d’Etat permanent s’est produit au Venezuela, qui a culminé avec le vol du vote du référendum », a accusé le chef du bloc de l’opposition, Julio Borges.

« Comment pouvez-vous dire qu’une dictature règne au Venezuela si vous avez pu gagner des élections? », a rétorqué la députée chaviste Tania Diaz, qualifiant la session du Parlement de « reality show ».

Luis Florido, chargé de la politique étrangère à l’Assemblée nationale, a annoncé que des responsables de la MUD allaient se rendre à Washington pour demander que l’Organisation des Etats américains (OEA) applique au Venezuela les dispositions de la Charte démocratique interaméricaine, qui prévoit des sanctions en cas de rupture démocratique.

Le secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, avait déjà estimé vendredi que le Venezuela était en pleine « rupture démocratique » après la suspension du processus de référendum.

Douze pays de l’OEA, dont l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay, la Colombie, le Mexique, le Chili et le Costa-Rica, ont exprimé leur « préoccupation » devant la crise vénézuélienne et ont appelé le gouvernement au dialogue.

Un député d'opposition tient une pancarte portant l'inscription "Maduro dictateur", le 23 octobre 2016 dans l'enceinte du Parlement. © AFP

© AFP FEDERICO PARRA
Un député d’opposition tient une pancarte portant l’inscription « Maduro dictateur », le 23 octobre 2016 dans l’enceinte du Parlement

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