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Venezuela: Pro et anti-Nicolas Maduro manifestent dans les rues

Caracas (AFP) – Opposants et partisans du gouvernement vénézuélien ont manifesté mercredi dans les principales villes du pays, dans une nouvelle démonstration de force qui accentue la tension sociale autour du projet de référendum pour révoquer le président socialiste Nicolas Maduro.

Brandissant le drapeau jaune, bleu et rouge du Venezuela, les deux camps se sont rassemblés dans des rues proches de chacune des 24 délégations régionales du Conseil national électoral (CNE), fermées par précaution et entourées d’un important dispositif policier.

C’est cet organisme qui détient la clé de cette consultation : l’opposition, qui veut à tout prix l’organiser cette année afin de provoquer des élections anticipées, l’accuse de ralentir le processus pour protéger M. Maduro.

A Los Teques, à 30 kilomètres de Caracas, quelque 1.500 manifestants de chaque bord étaient séparés d’une dizaine de mètres seulement et d’une barrière métallique, a constaté l’AFP. Aucun incident n’avait été constaté en début d’après-midi.

« Il faut faire quelque chose, le vote et la manifestation pacifique sont les seules armes que nous avons », a confié à l’AFP Rosmina Castillo, 52 ans : « Le gouvernement contrôle presque tous les pouvoirs et ne sait plus quoi inventer pour éviter le référendum révocatoire ».

A Caracas, opposants et chavistes (du nom du défunt ex-président Hugo Chavez, 1999-2013) se sont mobilisés en plusieurs endroits de la ville.

« Nous sommes là pour défendre la révolution de cette attaque de la droite apatride. Nous sommes fermement avec Maduro », a déclaré Alexander Rangel, employé de l’entreprise pétrolière d’Etat Pdvsa, venu manifester place Venezuela, dans le centre de la capitale.

A 12H00 (16H00 GMT), les opposants réunis place Brion, dans l’est de Caracas, ont entonné l’hymne, accompagnés de quelques concerts de casseroles.

« Nous exigeons que la Constitution soit respectée, nous avons le droit au référendum », a assuré le porte-parole de la coalition de la Table pour l’unité démocratique (MUD, centre droit), Jesus Torrealba.

Dans un climat politique tendu, les deux camps affichent des positions irréconciliables : les partisans du dirigeant, élu en 2013 et dont le mandat s’achève en 2019, crient à la tentative de coup d’Etat contre M. Maduro, très impopulaire dans un contexte de grave crise économique.

L’opposition – qui contrôle le Parlement depuis janvier – se dit elle seule capable de sortir le pays pétrolier de cette crise, qui a fait exploser son inflation – le FMI prévoit 720% cette année – et vidé les rayons de ses magasins.

Ce qui est en jeu, c’est un possible changement de modèle après près de 18 ans de socialisme au Venezuela.

– Mobilisation modeste –

Après une manifestation dans Caracas le 1er septembre ayant rassemblé 1,1 million de personnes selon les organisateurs, 30.000 selon le gouvernement, l’opposition a cette fois mobilisé de façon beaucoup plus modeste.

Le temps presse : si le référendum a lieu avant le 10 janvier 2017 et est couronné de succès comme le prédisent les sondages, de nouvelles élections seront organisées.

S’il est organisé plus tard et que le « oui » l’emporte, alors Nicolas Maduro serait simplement remplacé par son vice-président.

Pour apaiser le mécontentement populaire, l’exécutif a récemment accéléré l’approvisionnement en produits de première nécessité, grâce à l’armée.

Et pour ralentir les plans de la MUD, il a déposé plusieurs recours en justice.

« L’opposition a le défi de garder la population mobilisée, qu’elle ne tombe pas dans le désespoir. L’unique façon de pouvoir réaliser le référendum, c’est avec la pression de la rue », explique à l’AFP l’analyste Asdrubal Oliveros.

Mais le cabinet d’études Eurasia met en garde : « à mesure que le gouvernement deviendra plus nerveux, il répondra de manière plus agressive aux manifestations ». Donc « l’opposition aura du mal à garder l’impulsion populaire dans la rue ».

Prochaine étape dans la longue course d’obstacles vers un référendum : réunir quatre millions de signatures (20% de l’électorat) en trois jours, ce qui autorisera à organiser ensuite la consultation.

Le 13 septembre, le CNE communiquera la date de cette étape. Pour maintenir la pression, l’opposition veut manifester dès le lendemain.

Dans le camp de Nicolas Maduro, on minimise l’importance du mouvement pro-référendum, mais des fissures apparaissent : dans un entretien à l’AFP, Ana Elisa Osorio, ex-ministre de Hugo Chavez, regrette, comme d’autres anciens responsables chavistes, que l’actuel dirigeant « tourne le dos » à la grave situation économique.

Mais elle doute aussi « que l’opposition puisse gouverner mieux ce pays ni résoudre ses problèmes ».

Des manifestants demandent le départ du président Nicolas Maduro à Merida au Venezuela, le 7 septembre 2016 . © AFP

© AFP FEDERICO PARRA
Des manifestants demandent le départ du président Nicolas Maduro à Merida au Venezuela, le 7 septembre 2016

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