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Venezuela : une réunion cruciale sur le référendum anti-Maduro annulée

Caracas (AFP) – Les autorités électorales vénézuéliennes ont annulé jeudi une réunion cruciale où elles pouvaient ouvrir la voie à un référendum pour révoquer le président Nicolas Maduro, pendant qu’à Caracas, des manifestants excédés par le chaos économique dans le pays criaient : « Nous avons faim ».

La réunion était prévue dans l’après-midi, entre des représentants de la Table pour l’unité démocratique (MUD), coalition de centre-droit majoritaire au Parlement, et le Conseil national électoral (CNE), mais ce dernier a décidé à la dernière minute de la reporter sine die.

« Cette suspension est inacceptable », a réagi sur Twitter Henrique Capriles, un des leaders de l’opposition, qui n’a pas de temps à perdre : elle doit organiser ce référendum d’ici le 10 janvier 2017 pour pouvoir provoquer de nouvelles élections.

Le porte-parole de la MUD, Jesus Torrealba, a appelé « la population au calme », décrétant une réunion d’urgence de la coalition pour « annoncer au pays ce que nous allons faire face à cette situation inattendue ».

Les autorités électorales devaient valider ou rejeter les 1,8 million de signatures recueillies et présentées par l’opposition en faveur du référendum.

Ce report devrait faire encore grimper la tension au Venezuela, pays au bord de l’implosion depuis la victoire historique des anti-chavistes (du nom de l’ex-président Hugo Chavez, 1999-2013) aux législatives de décembre.

Dans ce pays pétrolier à l’économie dévastée par la chute des cours, les habitants manquent de tout (farine, médicaments, etc) et, désespérés, ont parfois recours aux lynchages et pillages.

– ‘Le peuple est fatigué’ –

« Ce gouvernement va tomber », « Nous avons faim », criaient jeudi des manifestants près du palais présidentiel de Miraflores à Caracas, avant d’être dispersés avec des gaz lacrymogènes par des policiers et militaires déployés par centaines, a constaté l’AFP.

Selon un syndicat de journalistes, au moins 17 reporters couvrant la manifestation ont été agressés par les forces de sécurité ou victimes de vols par des hommes armés.

« Tout cela arrive par la faute de ce gouvernement qui nous affame », confiait Yelitza Gonzalez, femme au foyer de 40 ans, venue se joindre aux protestataires.

« Je n’ai rien à manger à la maison », donc « j’ai décidé de venir car tout le monde doit manifester, nous allons très mal. Ce pays doit se réveiller ».

L’opposition, engagée dans un bras de fer avec le gouvernement socialiste, a mis en garde contre une « explosion sociale » si le référendum est retardé.

Fatigués de faire la queue pendant des heures avant de trouver des rayons vides au supermarché, lassés des coupures d’électricité quotidiennes, irrités face à des services publics ne fonctionnant plus que deux jours par semaine, les Vénézuéliens semblent avoir perdu patience.

« Monsieur le président, nous avons vraiment faim, le peuple est fatigué », assurait un manifestant, Roberto Marcano, ouvrier de 26 ans. « Je fais la queue par ici, par là, mais il n’y a rien » dans les magasins.

– Un long processus –

Alors que la MUD compte sur la rue pour faire pression, le niveau de mobilisation semble toutefois limité par le déploiement policier, les soucis du quotidien et les divisions de l’opposition.

Et même si le CNE, accusé de chercher à gagner du temps pour protéger le chavisme, avait validé jeudi 200.000 des signatures remises (le minimum requis), cela n’aurait été que le premier pas d’un long et fastidieux processus.

Ce dernier inclut notamment la nécessité de rassembler 20% de l’électorat (près de quatre millions de voix) pour avoir formellement le droit d’organiser le référendum, où il faudrait dépasser le score obtenu par M. Maduro en 2013 (7,5 millions de votes).

Sept Vénézuéliens sur dix veulent voir partir le leader socialiste.

Ce niveau d’exaspération, dans un pays qui est l’un des plus violents au monde, et l’attitude inflexible du gouvernement font craindre des débordements, deux ans après des manifestations ayant fait 43 morts.

Le camp du président Maduro accuse l’opposition de fraudes mais maintient ouvert le dialogue, sous l’égide de médiateurs.

Une timide pression internationale se fait jour : l’Organisation des Etats américains (OEA) a prôné un « dialogue ouvert » entre l’opposition et le gouvernement pour trouver une solution « rapide » à la crise politique.

Et après les préoccupations exprimées par Washington et l’ONU, jeudi le président français François Hollande, au côté de son homologue chilienne Michelle Bachelet, a promis : « Nous ne ménagerons pas nos efforts pour faire en sorte qu’au Venezuela, une solution puisse être trouvée ».

Manifestation à Caracas contre le chaos économique dans le pays, le 2 juin. © AFP

© AFP Juan Barreto
Manifestation à Caracas contre le chaos économique dans le pays, le 2 juin

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