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Village tahitien : quatre investisseurs locaux sélectionnés

Le troisième round d’appel à manifestation d’intérêt sur le Village tahitien a permis de désigner quatre investisseurs locaux pour les six lots hôteliers : Tahiti Beachcomber associé au groupe City, Albert Moux, Louis Wane, et Poe Ura, le groupement constitué par Joel Allain et Eric Minardi.  Ce sont 943 clés qui sont prévues à l’horizon 2031, pour un investissement total de près de 70 milliards de Francs, dont 10 à la charge du Pays.

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Neuf projets présentés, tous émanant d’investisseurs locaux, dont 6 retenus : la troisième fois sera-t-elle la bonne ?  Depuis l’annonce par Gaston Flosse, en 2013, du projet Mahana Beach, l’idée de faire construire un énorme resort à la frontière de Faa’a et Punaauia n’a jamais quitté le gouvernement. De 3 000 clés et plus de 250 milliards d’investissement, le projet a été redimensionné à la baisse à plusieurs reprises, tandis que l’investissement du Pays était revu à la hausse pour habiller la mariée.

Mais, assure le ministre des Grands travaux René Temeharo, « nous avons tiré les leçons des échecs passés. » La leçon principale était un cours de droit : les investisseurs rechignaient à s’engager sur des baux administratifs de 35 ans renouvelables une fois. Le Pays a donc transféré les terrains dans son domaine public privé, ce qui lui permet de proposer des baux emphytéotiques de 99 ans. La leçon subsidiaire c’est qu’il est plus simple de trouver des investisseurs locaux connus pour leur « fiabilité » que des internationaux, car selon le ministre ce sont ces derniers « qui ont fait de ce projet une Arlésienne. »

943 chambres, suites, appartements et villas, dont 53 bungalows sur pilotis, et 42 commerces

Lancé le 6 septembre 2022, le processus d’appel à manifestation d’intérêt s’est conclu lundi et mardi, avec les dernières auditions des porteurs de projets, dont les noms ont été annoncés dans la foulée. Beaucoup plus rapide que la dernière fois, où il avait fallu attendre deux mois pour connaître la décision du Pays, mais seuls les mauvais esprits y verraient un rapport avec les échéances électorales, assurent René Temeharo et Jean-Christophe Bouissou, ministre de l’Aménagement. Quatre groupes se partagent les six lots hôteliers mis en jeu : l’attelage Pacific Beachcomber-City, sur le lot n°1 voisin de l’hôtel InterContinental, prévoit pas moins de 40 villas sur pilotis et 143 unités du F2 au F4, en catégorie 5 étoiles ; Manarava, la société d’Albert Moux, sur les lots 2 et 3, prévoit deux résidences hôtelières 4 étoiles pour un total de 291 clés avec là aussi de nombreux appartements et suites ; le groupe Louis Wane, sur le lot 4, propose un 4 étoiles de 163 clés dont 13 bungalows sur pilotis, et sur le lot 5 qui jouxte le centre Moana Nui, un 3 étoiles de 158 chambres et 42 commerces ; enfin la société Poe Ura, où figurent Joel Allain et Éric Minardi, prévoit 88 chambres et 30 villas.

Au total, ce sont 943 clés pour un investissement du secteur privé de plus de 59 milliards de Francs sur 8 ans, auquel il faut ajouter les 10 milliards que coûtent au Pays la viabilisation de l’emprise. La construction devrait créer 1 704 emplois, et l’exploitation 1 680.

 

La bonne nouvelle, en tout cas pour le grand public, est la préservation du parc Vairai. Fini les immeubles de grande hauteur, les bâtiments ne dépasseront pas R+5, dit aussi le ministre, satisfait également des rendus d’architecte, de l’utilisation du bois et des toitures de bungalows ou de fare potee en pandanus qui cochent la case « culture locale » et de l’aménagement paysager qui devrait unifier les différents projets ; si certaines illustrations semblent sorties des années 80, il ne pourra pas leur être reproché, comme lors des précédents rounds, d’imposer une vision futuriste.

Les terrains, qui nécessitent encore un certain nombre d’interventions du Pays – terrassements terrestres et maritimes, extraction et traitement du sable pour la plage publique – seront mis à disposition des promoteurs à partir de 2025, pour une livraison des résidences hôtelières entre 2028 et 2031. Quant au parc public, il devrait être livré au plus tard en 2026, et la plage publique au plus tard en 2027.

Pour Frédéric Dock, président du Medef-PF et membre du jury, « le modèle économique » de ce type de projet a enfin été trouvé :

« Plus 10 milliards par an d’investissement, c’est beaucoup », pour les entreprises polynésiennes du bâtiment dans leur configuration actuelle qui ne « sont pas prêtes, dans l’état actuel des choses », à absorber ce volume de commandes, reconnaît Frédéric Dock. Il compte donc sur « l’augmentation de la taille des entreprises actuelles » et sur le dispositif d’insertion par l’apprentissage.

S’ouvre à présent, jusqu’à la fin du mois, une « période de négociations » qui doit aboutir à la signature de protocoles d’accord avec le Pays sur les baux.  « On se reverra au mois de mars », promet le ministre des Grands travaux, pour les présentations sur place de leurs projets par les quatre promoteurs.

 

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