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Violences conjugales : « C’est important de réduire le temps entre les faits et la réponse pénale »  

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Prévenir les violences conjugales, prendre en charge les victimes et punir les agresseurs sont les trois axes du « Grenelle des violences conjugales ». Au fenua,   le taux de violence conjugale est « supérieur à la moyenne nationale ». Et pour protéger au mieux les victimes, la justice intervient au plus tôt pour « réduire le temps entre les faits et la réponse pénale ». Malheureusement le manque de structures d’accueil ou d’urgence pour accueillir les victimes est bien réel.

Le « Grenelle des violences conjugales », voulu par le gouvernement central, a réuni autour de la table mardi matin tous les acteurs concernés, le Pays, l’État, la justice et surtout les associations sans qui « on ne pourrait strictement rien faire en la matière, car elles sont au plus proches des victimes de même que les communes » a précisé le haut-commissaire Dominique Sorain.

« Le taux de violence dans le cadre conjugal est supérieur à la moyenne nationale » – Dominique Sorain

L’objectif principal de ce Grenelle est de prendre des mesures concrètes pour protéger les victimes. Trois axes principaux ont été retenus : la prévention des violences, la prise en charge des victimes, et la sanction vis-à-vis des agresseurs. Le haut-commissaire affirme qu’aujourd’hui « il y a de plus en plus de victimes car on les encourage à porter plainte ». Cela permet de déclencher une action judiciaire pour que les victimes soient mieux protégées. Dominique Sorain rappelle que les violences conjugales concernent « la totalité du territoire national, nous avons des chiffres préoccupants en Polynésie française liés au nombre de victime. Cela représente un peu plus de 1 500 cas par an, soit deux fois le taux national ». D’ailleurs le fenua a recensé 2 féminicides cette année, et 4 décès l’année dernière dont 3 femmes et 1 homme.

800 procédures par an

Le procureur général Thomas Pison est clair : « cette lutte ne fonctionnera que si on travaille tous ensemble, c’est l’interactif entre les services de l’État, le Pays et les associations (…) on ne peut pas marcher chacun dans son couloir, il faut travailler ensemble pour avoir des résultats ». Il affirme que les chiffres relatifs aux violences faites aux femmes sont « préoccupants » et que « c’est une priorité de politique pénale ». Le procureur général affirme que la justice traite environ 800 procédures relatives aux violences familiales, par an. 60% d’entre elles sont traitées en défèrement c’est-à-dire que l’agresseur qui a été placé en garde à vue est de suite déféré devant le juge. « L’idée est de raccourcir le temps des actes et le temps de la réponse judiciaire pour que et la victime et l’agresseur soient fixés et surtout que la victime soit protégée (…) pour éviter la mort » explique Thomas Pison. La violence faite aux femmes est aux yeux de la loi une infraction pénale, « ce n’est pas une incivilité ou un mauvais comportement » rappelle-t-il.

Mais la Polynésie n’a pas attendu la mise en place de ce Grenelle. En effet un Conseil de prévention de la délinquance a été mis en place en 2016. Et plusieurs dispositifs de prévention ont été mis en place tels que le développement des groupes de parole volontaires, le  « téléphone grave danger » ou même une page Facebook intitulée « Procureur de la République en Polynésie française violences familiales ».

Le principe du « téléphone grave danger » est de fournir à 20 femmes victimes de violences conjugales un téléphone équipé d’un dispositif de géo-localisation. Elles peuvent ainsi à n’importe quel moment avertir les forces de l’ordre d’un danger. La substitut du procureur référente des violences intrafamiliales, Hélène Geiger, affirme que le téléphone grave danger, en plus d’être un dispositif d’alerte, « permet aussi de mettre en sécurité une victime et de créer un relais autour d’elle pour qu’elle puisse à terme véritablement sortir de ces situations de violences conjugales ».

 Logements d’urgence : « Je suis comme St-Thomas, je verrai le jour qu’on me donne, c’est tout »  – Marie-Noëlle Epatahui de Vahine Orama  

Mais voilà, au-delà des beaux discours, et de la volonté des uns et des autres, le manque de structures d’accueil ou d’urgence pour les victimes est bien réel. À Taravao, il n’y en a aucun. Les victimes de violences conjugales sont accueillies et recueillies par Marie-Noëlle Epatahui de Vahine Orama de Tahiti-Iti, et ce depuis plusieurs années. Des promesses relatives à un foyer d’accueil ont pourtant été faites il y a plusieurs années mais à ce jour, toujours rien. Ce mardi matin il a encore été question d’un foyer d’urgence, mais Marie-Noëlle Epatahui préfère rester prudente : « c’est une proposition (…). Je ne dis pas que j’y crois. Je suis comme St-Thomas, je verrai le jour qu’on me donne, c’est tout ».

Pu o Te Hau 40.43.56.72

Vahine Orama Tahiti Nui : 87 380 277

Vahine Orama Tahiti Iti : 87 24 81 67

Vahine Orama Moorea : 87 38 02 73

Facebook: « Procureur de la République en Polynésie française. Violences familiales

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