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Violences inédites contre des enseignants en banlieue parisienne

Tremblay-en-France (AFP) – Des cocktails Molotov lancés sur un lycée, des proviseurs et enseignants violemment agressés pour avoir sermonné un élève ou tenté de ramener le calme : la banlieue parisienne connaît un épisode de violences inédit qui inquiète jusqu’au gouvernement.

« Seine-Saint-Denis et Val-d’Oise : l’État poursuivra sans relâche ceux qui s’en prennent à nos professeurs, nos écoles, nos forces de l’ordre », a tweeté mardi le Premier ministre Manuel Valls, après la série d’incidents survenus dans ces départements de petite et grande couronne parisienne. 

La ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a condamné une « montée des violences à l’égard des fonctionnaires » dans ces départements, visant « aussi bien les policiers que les enseignants et les proviseurs ». Et encouragé les personnels à porter plainte systématiquement.

Les violences ne se limitent pas à la région parisienne: un élève de terminale d’un lycée professionnel de Calais (Pas-de-Calais) a cassé la mâchoire et plusieurs dents de son professeur vendredi en plein cours d’électricité lors d’une altercation, selon des sources concordantes.

Mais la série récente d’agressions en banlieue parisienne a frappé les esprits, notamment la scène de violences, impliquant quatre-vingt jeunes, qui s’est déroulée lundi devant le lycée de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis).

La proviseur du lycée a été frappée à la grille de l’établissement, sur lequel plusieurs cocktails Molotov ont été lancés.

Mardi matin, un véhicule de police était stationné devant ce lycée professionnel, fermé jusqu’à nouvel ordre. Sur la façade, les traces de cocktails Molotov étaient toujours visibles. 

Sur place, des témoins ont décrit des scènes d’émeutes urbaines, avec des jeunes cagoulés harcelant les forces de l’ordre, qui ont également essuyé des tirs de mortier d’artifice.

La proviseur, qui se tenait à la grille comme chaque matin, a été molestée pour avoir tenté de raisonner les émeutiers. Elle a été transportée à l’hôpital en même temps que la gardienne du lycée qui a fait un malaise.

– La sécurité en question –

Par ailleurs, dans le même département, le proviseur d’un lycée professionnel de Saint-Denis s’est fait casser le bras jeudi dernier par un élève qui n’avait pas supporté une remontrance sur son retard. Son adjointe a été blessée au visage.

Et le Val-d’Oise est aussi concerné. Lundi, un enseignant a été passé à tabac en pleine rue alors qu’il ramenait sa classe d’un cours de sport à Argenteuil. « Le seul maître c’est Allah », aurait justifié l’un des agresseurs alors que cet instituteur avait expliqué qu’il était en train de gronder une élève parce qu’il était son « maître ». 

Le Syndicat national des personnels de direction de l’Education nationale (SNPDEN) a « condamné avec la plus grande fermeté » les récentes violences, jugeant que « la question des personnels de sécurité doit enfin être posée ».

A Tremblay-en-France, il s’agissait du troisième épisode de violences en quelques jours aux abords du même lycée.

Le syndicat Sud Education 93 a réclamé « un plan d’urgence pour l’éducation dans le 93 », affirmant que ces dernières semaines des « incidents graves » ont aussi eu lieu à Noisy-le-Sec ou encore à Pavillons-sous-Bois.

« Il y a des incidents, oui, les relier les uns aux autres, non. Il n’y a pas en Seine-Saint-Denis de malfrats qui ont décidé d’en découdre avec les enseignants », estime cependant une source policière, voyant dans Tremblay-en-France une « poudrière ».

Pour le rectorat, les incidents de Tremblay témoignent d' »un contexte de violences urbaines dont il appartiendra de déterminer les causes ». 

Mais pour Jean-Jacques Clément, élu FCPE au lycée Suger à Saint-Denis, ils traduisent un « malaise profond » chez les jeunes, pas assez pris en considération par l’Éducation nationale.

Il souligne aussi la place insuffisante accordée aux parents : ainsi, dit-il, « aucune réunion n’a été organisée et les parents n’ont même pas reçu un courrier d’explication » après l’agression violente d’un surveillant de ce lycée, début septembre, par des jeunes du quartier limitrophe des Francs-Moisins.

L'enseignant a été violemment agressé lundi par deux jeunes hommes alors qu'il ramenait sa classe de CE2 d'un cours de sport à Argenteuil. © AFP

© AFP/Archives
L’enseignant a été violemment agressé lundi par deux jeunes hommes alors qu’il ramenait sa classe de CE2 d’un cours de sport à Argenteuil

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