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Visite d’Emmanuel Macron : « Le but essentiel de son voyage, c’est l’Indo-Pacifique »

L’historien Jean-Marc Regnault, qui publie avec Semir Al-Wardi un ouvrage universitaire intitulé L’Indo-Pacifique et les nouvelles routes de la soie, rappelle que les enjeux géopolitiques sont de plus en plus forts dans la région. À l’entendre, ce sont ces enjeux, et les tensions grandissantes avec la Chine, qui pourraient pousser le Président de la République à plus de concessions et de contributions de l’État, de la santé au développement économique en passant par le nucléaire.

Les travaux universitaires s’inscrivent souvent sur le temps long. La publication, ces jours-ci, des actes du colloque consacré à L’Indo-Pacifique et les nouvelles route de la soie, organisé en novembre 2019 à l’UPF, en est une nouvelle preuve. Et pourtant, les 28 interventions de chercheurs et spécialistes regroupés dans cet ouvrage sont, à la veille d’une visite présidentielle, on ne peut plus d’actualité. Comme le rappelle Jean-Marc Regnault, qui a dirigé la publication en compagnie de Semir Al-Wardi, ce colloque avait pour but d’actualiser et d’approfondir les débats menés entre 2014 et 2016 et qui avaient abouti à la publication de L’Océanie convoitée. Entre temps, les tensions entre la Chine et ses voisins, Taïwan en particulier, et avec les puissances occidentales, n’ont fait qu’augmenter, tout comme l’influence de Pékin sur la région. Et donc, naturellement, l’importance pour la France de sa stratégie « indo-Pacifique ».

Un terme historiquement employé de façon très diverse, mais remis au goût du jour par la diplomatie française, qui veut renforcer sa présence et ses alliances dans cette zone, où se déplacent peu à peu les intérêts géopolitiques mondiaux. L’ouvrage détaille d’ailleurs la philosophie et les moyens des ambitions régionales chinoises, l’histoire des relations dans la région, les objectifs et limites de la stratégie française… « La Polynésie est encore un peu loin, bien sûr, mais dans un discours à Nouméa, Emmanuel Macron avait dit qu’il s’inquiétait des lobbies chinois en Nouvelle-Calédonie et également de la propagande en faveur de la Chine qui se développait en Polynésie française », rappelle Jean-Marc Régnault.

Le livre sort à quelques jours de l’arrivée d’Emmanuel Macron au fenua, justement. Pas complètement une coïncidence, puisque l’éditeur a fait en sorte « d’accélérer son travail » dans l’espoir de pouvoir faire passer une copie de l’ouvrage au chef de l’État. Car pour Jean-Marc Regnault, le « but essentiel de son voyage, c’est l’Indo-Pacifique« . « Il faut que la France puisse affirmer qu’elle est une puissance du Pacifique, et qu’elle peut bloquer les avances chinoises grâce aux territoires français du Pacifique et aux relations qu’elle entretient avec l’Australie, Fidji, la Nouvelle-Zélande… », explique l’historien, qui rappelle que la récente mission Heifara et ses Rafales déployés au fenua portaient déjà ce message de capacités régionales.

Le nucléaire ? « Quelque chose d’embarrassant » pour le président

Emmanuel Macron est surtout attendu sur les questions de contributions de l’État à la vie de la Polynésie, en matière de santé, de culture, de développement économique ou d’environnement. Mais pour Jean-Marc Regnault, il faudra lire, dans chaque annonce du chef de l’État, une volonté de préserver un lien stratégique au fenua dans ce contexte de regain d’intérêt géopolitique. Y compris sur le nucléaire : « à mon avis, c’est pour lui quelque chose d’embarrassant qu’il faudra qu’il contourne, explique l’auteur de Nucléaire en Océanie, tu connais ? paru tout récemment. Il ne pourra pas répondre aux demandes qui sont parfois excessives au sujet des indemnisations, des demandes de pardon. Donc il fera des déclarations annexes sur l’aide que la France va apporter en matière de santé ou d’équipement, de façon à assurer les relations les meilleures possibles entre la France et la Polynésie ».

 

L’Indo-Pacifique et les nouvelles routes de la soie, rédigé sous la direction de Semir Al-Wardi et Jean-Marc Regnault, et publié avec l’UPF et la SFHOM aux éditions ‘Api Tahiti, est disponible depuis aujourd’hui en librairie.

 

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