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Vodafone privé des antennes de Onati sur Huahine et Raiatea

Thomas Lefebvre-Segard, directeur général de Onati

©LR/Radio1

Thomas Lefebvre-Segard, directeur général de Onati, a annoncé la fin du contrat d’itinérance signé avec Vodafone pour les îles de Huahine et Raiatea, le 2 janvier prochain. L’opérateur historique reproche au groupe Moux d’utiliser le réseau Onati, en plus de ses propres antennes. Bref, « d’avoir le beurre et l’argent du beurre ».

Décidément non, pas de trêve de Noël entre les opérateurs. Thomas Lefebvre-Segard, directeur général de Onati, a reçu la presse ce mardi pour annoncer que le service de téléphonie mobile et SMS pourrait bien se dégrader pour les clients de Vodafone sur les îles de Raiatea et Huahine à partir du 2 janvier, à minuit. C’est l’heure à laquelle le contrat d’itinérance signé entre Vodafone et Onati prendra fin pour ces deux îles des Raromatai. Ayant peur d’être accusé d’être « le grand méchant », Onati préfère prendre les devants et annoncer tout de suite la couleur. L’itinérance nationale est un contrat classique qui se prend entre différents opérateurs pour que l’un profite des installations de l’autre en attendant d’avoir les siennes. « Onati loue son réseau à Vodafone et Viti et c’est normal que ça existe, que ce soit mis en place pour permettre à la concurrence de s’exercer et de proposer un service », explique Thomas Lefebvre-Segard. Ce contrat commercial est porté à la connaissance de la DGEN pour vérifier si celui-ci est raisonnable. La convention d’itinérance a été signée une première fois au lancement de Vodafone avec des échéances selon les îles, puis prolongée en 2019. Le contrat laisse ainsi le temps à l’opérateur de développer ses propres antennes.

Pour Huahine et Raiatea, le contrat stipule que Pacific Mobile Télécom devait proposer ses propres services, sur son propre réseau, avant fin 2021. « Vodafone a installé ses antennes sur ces îles sans prévenir Onati, en faisant mine d’avoir oublié la date de fin 2021 de la convention d’itinérance. Vodafone profite de sa couverture et de celle de Onati. Il a le beurre et l’argent du beurre », dénonce Thomas Lefebvre-Segard. Car effectivement, le nombre d’antennes sur l’île détermine la qualité de la couverture. « Leurs antennes et les nôtres, ça crée une distorsion de la concurrence. Clairement, la couverture de l’ensemble des îles coûte de l’argent et c’est un coût que Onati supporte quasi tout seul. »

Le directeur général appelle donc chaque opérateur à prendre ses responsabilités et à respecter ses engagements. « On a tout fait pour que ça se passe bien. On leur a rappelé que c’est écrit dans le contrat. » Sans recevoir de réponse. Enfin, pas directement. Vodafone a visiblement saisi le juge des référés sur ce sujet la semaine dernière mais la décision est allée dans le sens de Onati. Avec l’itinérance coupée, Thomas Lefebvre-Segard craint que le service de téléphonie mobile et SMS des clients Vodafone soit dégradé. Onati possède une vingtaine d’antennes sur Raiatea et une quinzaine sur Huahine alors que Vodafone en compte quatre à Raiatea et deux à Huahine. La couverture risque effectivement de ne pas être la même. « Ce n’est pas à nous de palier les manquements de notre concurrent. Il ne faut pas reprocher à Onati des choix stratégiques faits par Vodafone. » Car le contrat d’itinérance laissait le temps au groupe dirigé par Patrick Moux de déployer son réseau, ce qu’il a effectivement fait sur Tahiti, Moorea ou encore Bora Bora. « Déployer des antennes, ça s’anticipe mais c’est le cœur de métier d’un opérateur. On ne peut pas déployer des antennes là où il y a de la valeur et oublier le reste ! » Un problème de coût ? Thomas Lefebvre-Segard, qui fut directeur général de Vodafone de 2016 à juin 2021, dit ne pas vouloir se lancer dans des explications que seule la société Pacific Mobile Télécom peut donner. Joint par téléphone, Patrick Moux a expliqué qu’il s’exprimerait en temps et en heure mais promet des explications « croustillantes ». En attendant, ce sont bien les usagers qui vont se retrouver piégés. « Nous sommes préoccupés par le fait que Pacific Mobile Télécom ne communique rien à ses clients, ça nous étonne. Ils les prennent en otage pour faire bouger les lignes alors que nous sommes dans notre bon droit. » Le contrat d’itinérance qui lie les deux opérateurs court jusqu’en 2024 pour toute la Polynésie française, avec un échéancier par île, la situation pourrait donc se répéter. Tahaa serait la prochaine à être concernée.

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1 Commentaire

  1. BrAD
    29 décembre 2021 à 8h19 — Répondre

    ONATI a bénéficié de subventions du pays, des tarifs règlementés avantageux et d’un monopole durant des décenies ce qui leur a permis d’installer toutes ces antennes, qu’on ne dise pas que onati n’est pas le grand méchant. Ils veulent tuer la concurrence alors que ces antennes auraient du relever du domaine public.

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