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Voter Brexit. Et s'en mordre les doigts

Londres (AFP) – Il est le visage de ce Royaume-Uni qui se mord les doigts après son vote en faveur du Brexit. Adam, comme d’autres Britanniques, a voté pour sortir de l’Union européenne et n’a réalisé les conséquences qu’après coup. 

On ne connaît pas son nom de famille. A peine apparu samedi matin dans un reportage de la BBC, son discours n’a pas ému mais énervé des milliers d’internautes qui ont immédiatement réagi sur les réseaux sociaux.

« Je suis choqué, nous avons vraiment voté pour sortir de l’UE. Je n’aurais jamais cru que cela pouvait arriver. Mon vote, je n’ai pas pensé qu’il pouvait compter parce que j’imaginais que nous allions rester mais je ne me remets pas de la démission de David Cameron pour être tout à fait honnête. Oui, je suis assez inquiet », confie Adam.

Ceux qui ont, comme lui, donné leur voix au Brexit et le regrettent déjà ne l’avouent que du bout des lèvres, redoutant les réactions des deux camps. Telle Pam Mc Vey, 32 ans, rencontrée lors de la Gay Pride à Londres. Elle élude d’abord la question du référendum expliquant qu’elle a « l’impression d’avoir fait une erreur », avant de baisser les yeux, gênée, la voix étranglée.

« Il est un peu tôt pour savoir ce qu’il va se passer », explique t-elle, avant d’avouer qu’elle a voté pour sortir de l’UE.  « Ma faute », comme elle dit, c’est « d’avoir pris en compte l’aspect économique ».

Peur d’être taxé de girouette par les pro-Brexit ou d’inconscient par le camp adverse, les « brexiters » qui font acte de contrition ne se manifestent pas ou peu sur internet. Le hashtag #regrexit pullulait samedi sur Twitter, laissant surtout place aux railleries.

-‘Une grave erreur’-

Leila Molana-Allen tweete une métaphore pour se moquer de ces électeurs pro-Brexit soudain préoccupés par le futur: « Nous sommes comme cette fille saoule qui quitte son gentil et rassurant petit ami parce qu’il était un peu ennuyeux et qui réalise à présent qu’elle a fait une grave erreur ».

Manque de connaissance sur l’Union Européenne, désintérêt pour la chose politique, manque de temps – de nombreux électeurs expliquent ne s’être pas rendus aux urnes à cause du travail – ou méconnaissance de ses droits… ?

Bianca Kostic-London, une trentenaire australienne qui vit à Londres depuis neuf mois ignorait qu’elle pouvait voter, son pays étant membre du Commonwealth. Elle en a pleuré. « J’ai pensé que c’était de ma faute », explique-t-elle, une main sur la poitrine, après les résultats elle dit s’être « sentie vraiment mal et déçue ».

Google Trends a révélé vendredi sur Twitter que « qu’est-ce que l’UE? » était la deuxième question la plus posée sur le sujet dans le Royaume-Uni depuis que les résultats du référendum avaient été annoncés.

Le Pays de Galles, les Cornouailles, le Yorkshire réclament au gouvernement britannique aujourd’hui des garanties qu’elles ne vont pas perdre des fonds que ces régions touchaient de l’Union Européenne et qu’elles étaient supposées toucher pendant encore quelques années. Des sommes qui atteignent des dizaines de millions de livres par an dans certains cas.

Un internaute tourne en ridicule le vote de ces Britanniques qui craignent pour leur budget dépouillé des aides européennes : « Salut, je suis gallois. Ma communauté dépend des subventions que nous envoie l’UE et j’ai voté « out ». MERDE #eufuckup »

D’autres encore réclament le droit à l’erreur. « J’ai voté pour sortir. S’il s’avère que c’était la mauvaise décision, j’aurai le droit de le regretter », tweete the @weelady, terminant son post par une émoticône en forme de… doigt d’honneur.

La Une du London Evening Standard au lendemain du référendum le 24 juin 2016 à Londres. © AFP

© AFP LEON NEAL
La Une du London Evening Standard au lendemain du référendum le 24 juin 2016 à Londres

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