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Washington sanctionne encore Moscou, dix jours avant la présidence Trump

Washington (AFP) – L’administration sortante du président américain Barack Obama a pris lundi de nouvelles sanctions contre des responsables russes, dont un proche du président Vladimir Poutine, dix jours avant l’entrée à la Maison Blanche de Donald Trump, qui veut se rapprocher de Moscou.

Après avoir expulsé des Etats-Unis le week-end du Jour de l’An 35 espions russes accusés d’avoir interféré dans la présidentielle américaine, le gouvernement Obama a pris pour cibles cinq autres Russes, dont deux meurtriers présumés de l’opposant et ancien espion Alexandre Litvinenko, empoisonné au polonium à Londres en 2006. Il s’agit d’Andreï Lougovoï, un agent secret russe devenu parlementaire, et de Dmitri Kovtoun, un homme d’affaires. 

Le Trésor américain vise également le procureur Alexander Bastrykin, un proche du président Poutine et patron selon la presse du Comité fédéral d’investigation, l’équivalent russe du FBI américain, qui aurait conduit nombre d’enquêtes contre des opposants au chef du Kremlin.

Le Trésor et le département d’Etat ont en fait rendu publique l’actualisation d’une liste dite « Magnitski », du nom d’une loi américaine de décembre 2012 qui permet de geler les éventuels biens et intérêts américains de responsables russes interdits de séjour aux Etats-Unis car accusés de graves violations des droits de l’homme. Cette liste est renouvelée et présentée chaque année devant le Congrès et est une source de grandes tensions entre les deux anciens adversaires de la Guerre froide aux relations de nouveau glaciales depuis quatre ou cinq ans.

Sergueï Magnitski, un juriste russe devenu un symbole de la lutte contre la corruption, avait été arrêté en 2008 après avoir dénoncé une vaste machination financière ourdie, selon lui, par des responsables de la police et du fisc russes au détriment de l’Etat russe.

– Poussée de fièvre américano-russe –

Sa mort en prison en 2009 avait été le déclencheur d’une poussée de fièvre américano-russe sur les droits de l’homme.

« Plus de six ans après sa mort, nous restons choqués de cette impunité et de tous les autres crimes contre des activistes, des journalistes et l’opposition politique et du climat d’intimidation de plus en plus lourd contre ceux qui cherchent à dénoncer la corruption ou les violations des droits de l’homme dans la Fédération de Russie », a ainsi dénoncé le porte-parole du département d’Etat John Kirby.

La liste Magnitski comprend dorénavant « 44 noms » et « les personnes (qui y figurent) sont inéligibles pour obtenir un visa et pour être admises aux Etats-Unis ». Certains jouent « un rôle dans la machine répressive des systèmes (judiciaires et policiers) russes et d’autres sont mêlés à des affaires de violations des droits de l’homme », a accusé la diplomatie américaine.

Andreï Lougovoï et Dmitri Kovtoun sont soupçonnés d’être directement liés à l’affaire Litvinenko, du nom de cet ancien agent du FSB (ex-KGB, services de renseignement russes) devenu opposant au Kremlin et tué à Londres en novembre 2006 sur ordre probable du FSB avec l’approbation du chef du Kremlin, comme l’accuse la justice britannique. A l’époque, Alexandre Litvinenko, transfuge du FSB réfugié au Royaume-Uni, avait bu un thé avec Lougovoï et Kovtoun dans un hôtel londonien. Il avait succombé peu après à un empoisonnement au polonium-210, une substance radioactive.

Ceux que la justice britannique accuse ont nié toute responsabilité et Moscou refuse de les livrer à Londres.

– Se rapprocher de Poutine –

Ces nouvelles sanctions américaines contre la Russie surviennent dans les derniers jours de la présidence Obama, avant qu’il ne passe le témoin le 20 janvier au républicain Trump. 

Et pour la Russie, le milliardaire américain a clairement affiché la couleur: il veut infléchir la diplomatie américaine qu’il juge hostile à Moscou et se rapprocher de M. Poutine.

Donald Trump s’oppose ainsi aux services de renseignement américains qui accusent le président russe d’avoir « ordonné une campagne d’influence » par des piratages informatiques pour favoriser la victoire électorale de l’homme d’affaires.

En riposte, Washington a imposé le 29 décembre de nouvelles batteries de sanctions antirusses, notamment l’expulsion spectaculaire de 35 diplomates — soupçonnés d’être des agents du renseignement russe — et de leurs familles.

Mais l’administration Obama n’a jamais puni directement le président Poutine. « Nous devons préserver la possibilité de travailler avec la Russie dans des domaines d’intérêt national pour les Etats-Unis, notamment (en cherchant) des solutions diplomatiques pour les crises en Syrie et dans l’est de l’Ukraine », a répondu un responsable de l’administration américaine sortante.

Le président russe Vladimir Poutine, le 31 décembre 2016 au Kremlin, à Moscou. © AFP

© Sputnik/AFP/Archives Mikhail KLIMENTIEV
Le président russe Vladimir Poutine, le 31 décembre 2016 au Kremlin, à Moscou

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