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Washington voit les étoiles… Michelin pour la première fois

Washington (AFP) – Le guide Michelin a décerné jeudi sa première moisson d’étoiles à Washington, saluant la « gastronomie unique » d’une capitale américaine marquée par la diversité des influences et son rapport au riche terroir de la côte Est, mais sans adjuger la reconnaissance suprême. 

Trois chefs décrochent deux étoiles et neuf restaurants sont décorés d’une étoile dans la première édition du guide rouge Washington 2017. Aucune table n’a reçu trois étoiles.

« Peuple d’Amérique et du monde, peuple d’Espagne! J’ai reçu l’appel! @MichelinUSA », s’est exclamé sur Twitter le chef espagnol José Andrés, qui a reçu deux étoiles pour son Minibar, restaurant de seulement 12 places.

Washingtonien d’adoption depuis les années 1990, José Andrés, 47 ans, a fait ses classes sous les ordres du chef catalan Ferran Adria avant de devenir une figure de la capitale avec une dizaine de restaurants aux influences espagnoles mêlées de saveurs latino-américaines et asiatiques. 

« Bravo, bravo, bravo! Félicitations José Andrés », a réagi sur Twitter Ferran Adria, chantre de la cuisine moléculaire avec son célèbre restaurant El Bulli.  

L’addition grimpe facilement à 400 dollars par personne chez Minibar, pour une « cuisine particulièrement avant-gardiste » aux « plats fantaisistes et ludiques » selon Michelin.

– ‘Eventail d’influences’ –

Autre restaurant décoré de deux étoiles: un tout nouveau venu, Pineapple & Pearls, ouvert en avril par Aaron Silverman, 34 ans. Délicat bonbon de fenouil et absinthe, tartelette à l’aubergine décorée de fines fleurs colorées, ses « plats aux saveurs justes reflètent un large éventail d’influences » dans un menu dégustation à 250 dollars, note le guide.

Ce jeune chef originaire du Maryland voisin reçoit aussi une étoile pour son premier restaurant Rose’s Luxury, aux prix plus abordables, avec notamment une salade de lychees et saucisse de porc relevée au piment habanero (14 dollars). 

« Merci Washington!!!!!!!! », a réagi son équipe sur Twitter. 

Dans un cadre champêtre en Virginie, à plus d’une heure et demie de Washington, est installé The Inn at Little Washington qui décroche aussi deux étoiles pour « la cuisine classique française et éclectique » de son chef Patrick O’Connell, 71 ans. 

Le restaurant n’est pas à Washington mais le guide, qui a décidé de se centrer pour sa première édition sur la capitale en ignorant les banlieues, a toutefois choisi de l’inclure car « Patrick O’Connell a formé une génération de chefs plus jeunes, c’est une icône », explique Michael Ellis, directeur international des guides Michelin.

– Absences remarquées –

Longtemps affublée d’une réputation de ville à la gastronomie ennuyeuse, la capitale est désormais engagée dans un « cercle vertueux », selon ce dernier. Elle rejoint les trois autres villes américaines à avoir un guide rouge dédié: New York, Chicago et San Francisco.

« Ces chefs utilisent des ingrédients locaux et les marient avec différentes techniques de cuisine qu’ils ont pu apprendre en travaillant » à l’étranger et ailleurs aux Etats-Unis, « créant une gastronomie vraiment unique », dit-il à l’AFP. 

La capitale se distingue par sa « cuisine mid-atlantique », poursuit Michael Ellis, utilisant les produits de la région depuis le crabe bleu de la baie de Chesapeake jusqu’aux légumes variés du Maryland et de Virginie. « C’est quelque chose de nouveau et déjà profondément ancré ici à Washington ».

Au total, 107 restaurants, dont 19 « Bib gourmands » qui offrent des plats à prix modérés, forment le nouveau guide sur Washington. Afghan, éthiopien…plus de 33 styles de cuisine y sont représentés.

« Quelque 90 restaurants ont ouvert juste cet été, c’est un peu fou », souligne Tom Sietsema, critique gastronomique du Washington Post. 

S’il se réjouit de l’arrivée du guide Michelin, le critique se dit toutefois surpris de certaines absences, comme Rasika, « le meilleur restaurant de cuisine moderne indienne du pays » et de celle du chef Johnny Monis qui tient le restaurant grec Komi et le thaï Little Serow. 

L’absence de trois étoiles le choque aussi. Minibar les méritait amplement, selon Tom Sietsema pour qui dîner là-bas « devient presque un petit voyage magique en tapis volant, une expérience ». 

Cette absence est à « mettre en contexte », explique Michael Ellis, rappelant que sur les quelque 21.000 restaurants recensés dans les guides Michelin, seuls un peu plus de 100 ont reçu trois étoiles. 

« Nous avons besoin d’un peu plus de temps avant de décerner une troisième étoile », dit-il. « Mais avoir trois restaurants deux étoiles dans une ville de la taille de Washington », avec 650.000 habitants, « est déjà une bonne performance ». 

Dans les cuisines du restaurant Pineapple and Pearls, le 21 septembre 2016 à Washington. © AFP

© AFP OLIVIER DOULIERY
Dans les cuisines du restaurant Pineapple and Pearls, le 21 septembre 2016 à Washington

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