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Yémen: la première opération militaire sous Trump tourne mal

Washington (AFP) – La première opération militaire importante autorisée par le président Donald Trump, un raid commando contre Al-Qaïda au Yémen, a mal tourné provoquant des victimes civiles dont des enfants et la mort d’un soldat américain.

Le président américain s’est rendu mercredi sur la base aérienne de Dover dans le Delaware (Est) pour accueillir la dépouille de William « Ryan » Owens, 36 ans, le commando américain tué dans l’opération dimanche.

Et le commandement américain des forces américaines au Moyen-Orient a reconnu le même jour que le raid des forces spéciales américaines à Yakla, dans le centre du Yémen, avait sans doute fait des victimes civiles, dont des enfants, comme l’avait déjà annoncé des sources yéménites.

Dans son rapport publié jeudi sur l’expansion d’Al-Qaïda au Yémen, l’International Crisis Group (ICG) a noté que l’opération a tué « de nombreux civils, dont au moins 10 femmes et enfants », ainsi que des hommes de tribus locales. 

Pour l’organisation indépendante qui analyse les conflits à travers le monde cela « ne présage rien de bon » dans les efforts pour « contrer intelligemment et efficacement Al-Qaïda », car ces victimes civiles font le jeu d’Al-Qaïda qui affirme « défendre les musulmans contre l’Occident ».

Le raid a eu lieu un peu plus d’une semaine après la prise de fonction de fonction de Donald Trump. Il était la première opération militaire importante autorisée par le nouveau président américain, qui a promis d’intensifier la lutte contre le « radicalisme islamique ».

Le Pentagone a souligné que l’opération était en préparation depuis longtemps, avec l’accord de la Maison Blanche de Barack Obama. Mais ce sont des « raisons opérationnelles » qui ont fait que le raid a eu lieu dimanche et non pas deux semaines avant, quand le président Obama était encore au pouvoir, a indiqué le Pentagone.

Pour les militaires américains, le dérapage est malvenu, le président Trump ayant amplement montré qu’il n’aimait pas les échecs de ses collaborateurs.

Mercredi, le porte-parole de la Maison-Blanche Sean Spicer a concédé que l’opération ne pouvait être qualifiée de « succès à 100% », du fait de la mort du soldat américain. Mais il a permis d’acquérir une « quantité énorme » d’informations sur Al-Qaïda, a-t-il affirmé.

Le Pentagone a avancé un bilan de 14 combattants d’Al-Qaïda tués. Les explications données par le Centcom sur la mort des victimes civiles montrent que les forces spéciales se sont retrouvées dans une situation très vite difficile face aux combattants d’Al-Qaïda.

– Victimes de tirs aériens –

Les soldats américains, censés surprendre les combattants d’Al-Qaïda dans un raid éclair, se sont retrouvés « visés de toute part, y compris depuis des maisons et des bâtiments environnants », a indiqué le Centcom.

Les opérations ont tourné à la « situation complexe, impliquant des armes légères, des grenades et du soutien aérien rapproché » d’avions ou hélicoptères américains, selon le commandement militaire américain.

Les femmes et les enfants tués ont semble-t-il été victimes des tirs aériens provenant de ces appareils venus à la rescousses des soldats au sol, a indiqué le Centcom. 

Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) « a une tradition bien établie et horrifiante de cacher des femmes et des enfants dans ses zones d’opération et ses camps, et démontre en permanence son mépris pour les vies innocentes », a dénoncé le colonel John Thomas, porte-parole du Centcom.

Côté américain, trois soldats américains ont été blessés dans les combats, en plus du soldat tué. Et trois autres ont été blessés lors de l’accident d’un avion-hélicoptère V-22 Osprey américain à proximité du lieu des combats.

Celui-ci a effectué un atterrissage brutal pendant l’opération et a dû être détruit pour éviter qu’il ne tombe entre les mains d’Al-Qaïda. 

Le soldat tué appartenait aux Navy Seals, les prestigieux commandos américains de marine, spécialistes notamment des opérations coup-de-poing contre les réseaux extrémistes. 

L’opération commando avait pour but de recueillir du renseignement, notamment en saisissant ordinateurs et appareils électroniques, sur l’organisation d’Aqpa (Al-Qaïda dans la péninsule arabique), considérée par les Américains comme la branche plus dangereuse du réseau extrémiste. 

Le président américain Donald Trump et sa fille Ivanka montent à bord de l'hélicoptère présidentiel Marine One, le 1er février 2017 à la Maison Blanche, à Washington. © AFP

© AFP NICHOLAS KAMM
Le président américain Donald Trump et sa fille Ivanka montent à bord de l’hélicoptère présidentiel Marine One, le 1er février 2017 à la Maison Blanche, à Washington

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