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« L’avion pouvait être piloté avec la gouverne secondaire »

Un ancien P-dg et instructeur d’Air Moorea, Jean-François Lejeune, appelé à la barre par la défense lundi au procès du crash du 9 août 2007, a estimé que « si le câble avait cassé, l’avion pouvait être piloté avec la gouverne secondaire » et donc qu’il aurait pu revenir sur ses pas ou amerrir. Une hypothèse que réfute la partie civile, qui considère cette hypothèse comme étant « théorique » et qui assure que les pilotes ont été exercés à ce genre de catastrophe à 4 000 pieds (1 200 mètres d’altitude) et non à 400 pieds (moins de 100 mètres d’altitude) comme cela a été le cas pour le crash d’Air Moorea.

Lors du sixième jour du procès du crash d’Air Moorea, lundi, il a été question de la présentation des expertises relatives au manque de carburant, à l’erreur de pilotage ou encore à l’entretien et à l’état du câble de gouverne de l’appareil. Plusieurs témoignages ont été lus par le président du tribunal, certains émanant des pilotes d’Air Tahiti ou d’Air Tahiti Nui.

Le carburant n’était pas pollué, le moteur et les hélices étaient neufs

Selon les données du rapport du BEA, le carburant pris au niveau de la citerne au moment de l’accident n’a pas été pollué par une quelconque substance qui aurait pu entrainer des dysfonctionnements. « Il n’y a aucune anomalie concernant le carburant ». Cette piste a donc tout de suite été écartée. Il a aussi été relevé, lors de la remontée du Twin Otter hors de l’eau après le crash, que la protection relative à l’alimentation du carburant était toujours présente.

Les moteurs et les hélices ont été démontés, puis analysés, après la récupération du Twin Otter. Il a été relevé qu’ils étaient neufs et qu’ils venaient d’être renouvelés. Conclusion de l’enquête, les deux turbo-propulseurs n’avaient pas de défaut.

« Si le câble casse, l’avion peut être piloté avec la gouverne secondaire »

Après la lecture de ces déclarations, plusieurs témoins ont été appelés à la barre. Premier d’entre eux à témoigner : Jean-François Lejeune, ancien P-dg et instructeur d’Air Moorea avec plus de 20 000 heures de vol sur le Twin Otter.

Aujourd’hui à la retraite, Jean-François Lejeune a précisé avant de commencer que son témoignage serait « explicitement technique », avant pourtant d’entamer : « un avion, on peut lâcher les manettes du départ jusqu’à l’arrivée, c’est comme une voiture ». L’ancien instructeur a aussi déclaré que si le câble cassait, selon lui l’avion pouvait être piloté avec la gouverne secondaire. Selon Jean-François Lejeune, c’est même déjà arrivé avec un Twin Otter en décollage de Tetiaroa.

Le président du tribunal a réagi en indiquant à l’ancien dirigeant d’Air Moorea que son témoignage du jour entrait en contradiction avec son audition de 2008 : « vous dites un peu le contraire aujourd’hui ». « C’est une question de dosage, (…) je suis convaincu que cela peut être rattrapé », a rétorqué l’intéressé.

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Notons que durant l’audience, le président du tribunal a également rappelé à Jean-François Lejeune qu’en 2008 il avait déclaré lors de son audition : « je ne vous dit pas certaines choses, car cela va nuire à la tranquillité de ma vie, cela peut avoir des conséquences sur ma vie ». Des propos entièrement niés lundi matin à la barre par l’intéressé. « Il est certain que j’ai peut-être signé cela avec légèreté sans le relire. Car je n’ai jamais été menacé de ma vie. »

Côté partie civile, Me Etienne Rosenthal a pointé du doigt un revirement dans la stratégie de la défense : « on ne parle plus d’un malaise du pilote  (…), on commence à parler technique ».

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