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Nucléaire : Nicole Sanquer dénonce un « cadrage politique » de Reko Tika

La députée a annoncé qu’elle ne participerait à la « table ronde de haut-niveau » sur le nucléaire qui doit débuter jeudi à Paris. Elle estime que la délégation polynésienne n’est pas assez complète pour être légitime, que ses revendications ont été filtrées par le Pays et que l’État n’a pas affiché une volonté réelle d’avancer sur le dossier.

La députée Nicole Sanquer a annoncé ce lundi matin dans un communiqué qu’elle annulait sa participation à la table ronde qui doit débuter jeudi à Paris, et ce même si elle avait pris part à l’ensemble des préparations de Reko Tika à Tahiti. L’ex-élue Tapura, qui avait quitté le groupe rouge à Tarahoi fin 2019, et avait ensuite cofondé et présidé l’éphémère groupe A here ia Porinetia, « constate » que la délégation menée par Édouard Fritch « n’est en rien représentative de notre pays », en l’absence de groupes engagés dans la lutte anti-nucléaire. Moruroa e Tatou, 193, l’Église protestante Maohi ou encore le Tavini ont en effet choisi de ne pas participer, s’attendant davantage à une « opération de communication » qu’à un réel débat sur les conséquences du nucléaire. Nicole Sanquer ajoute que d’autres acteurs légitimes n’ont pas été invités, sans citer d’organisations précises.

Surtout, la parlementaire dénonce des travaux de préparation entravés par un « cadrage politique imposé par Édouard Fritch« . Si les participants de la délégation assument un « consensus » trouvé lors des réunions préparatoires, et donc des « compromis de chaque côté », Nicole Sanquer estime de son côté que les demandes et propositions ont été « filtrés » par la présidence, là encore sans préciser quelles doléances auraient été écartées. Enfin, la député s’étonne que l’État n’a pas donné, contrairement à la délégation polynésienne, d’indications précises quant à ses porte-paroles de la réunion. Pour l’élue, qui regrette notamment les propos des ministres de la Santé et de la Défense nationaux lors du débat à l’assemblée sur la proposition de loi de Moetai Brotherson, tout indique que le gouvernement central va chercher à « fermer la porte au débat ». 

Cette position, Nicole Sanquer l’a expliqué dans une lettre adressée directement à Emmanuel Macron qui se termine toute de même sur une note d’encouragement en vue de la table ronde. « Dans un esprit constructif et républicain, j’espère, Monsieur le Président de la République, que vous réussirez à restaurer le lien, distendu par des années de secret de mensonges, entre l’Etat et le Pays, y écrit la parlementaire. Et que vous parviendrez à apporter des réponses à la hauteur des souffrances de nos compatriotes ».

Lettre à M. MACRON – 28 Juin 2021