Radio1 Tahiti

Solia, Marty et Le Caill en garde à vue

© Radio 1

L’ancien ministre de l’Equipement, Albert Solia, son prédécesseur, Bruno Marty, le directeur de l’Equipement, l’ancien patron de la Spres, un ancien conseiller technique du ministère de l’Equipement et l’ancienne présidente de la commission des marchés publics du Pays ont été placés en garde à vue mercredi matin à la Direction de la sécurité publique (DSP). Tous les six sont interrogés sur les conditions de passation du marché public de l’éclairage du front de mer en 2015.

C’est un coup de pied dans la fourmilière du BTP lancé par le parquet de Papeete et les enquêteurs de la brigade financière de la DSP. Mercredi matin, l’ancien ministre de l’Equipement et actuel conseiller technique à la présidence, Albert Solia, a été placé en garde à vue dans les locaux de la DSP à Papeete. Dans la foulée, le directeur de l’Equipement, Jean-Paul Le Caill, l’ancien directeur de la Société polynésienne de réseaux, d’études et de service (Spres), Jacky Camalon, ainsi que l’ancienne présidente de la commission des marchés publics du Pays, Anne-Sophie Locquegnies, ont également été placés en garde à vue.

En début d’après-midi, l’ancien ministre de l’Equipement et ancien patron de la Spres, Bruno Marty, a lui aussi fait l’objet d’un placement en garde à vue à la DSP dans cette même affaire. Un ancien conseiller technique du ministère de l’Equipement, Claude Laurent, d’abord interrogé comme témoin, a lui aussi vu son interrogatoire se prolonger sous le régime de la garde à vue. Tous les six sont interrogés dans le cadre d’une enquête préliminaire pour « favoritisme » portant sur les conditions de l’attribution du marché de l’éclairage du front de mer en 2015.

Un marché mal attribué

Cette affaire, révélée en début d’année par Radio 1, a déjà conduit à la condamnation du Pays par le tribunal administratif le 7 février dernier. Le marché de la « mise aux normes et de la modernisation de l’éclairage du front de mer et de l’avenue Pouvanaa » avait été attribué à la Spres en 2015, alors que la société était en redressement judiciaire et qu’elle ne pouvait soumissionner à ce marché public que si elle apportait les garanties de la continuité de son activité durant les neuf mois de la durée du chantier.

Or la Spres avait produit à l’époque une attestation du tribunal de commerce l’habilitant à poursuivre son activité jusqu’au 9 février 2015, quand le chantier devait durer jusqu’en octobre 2015. « La société Spres ne pouvait être admise à soumissionner au marché en cause, et sa candidature était irrecevable », avait jugé le tribunal administratif de Papeete en début d’année, condamnant la Polynésie à indemniser la société perdante du marché, ECI, à hauteur de 3,8 millions de Fcfp.

Troisième enquête visant la Spres

Le parquet de Papeete s’est saisi du dossier. Les enquêteurs de la DSP cherchent aujourd’hui à connaître les raisons pour lesquelles le marché a été attribué à une société dont la candidature était irrecevable. Il s’agit donc de la troisième enquête préliminaire visant la Spres, placée en liquidation en début d’année et rachetée à la barre du tribunal par la société Boyer. Les deux autres enquêtes portant sur des soupçons « d’abus de bien sociaux » au sein de la société et de règlement d’un litige sur la pose d’un câble dans un marché passé avec la TEP.