ACTUS LOCALESPOLITIQUETERRITORIALES

Jacky Bryant veut un plan à « 100 milliards » pour l’énergie et le climat


Pas de nouvelle alliance avec Tauhiti Nena, soutien de l’extrêm-droite, pas d’accord non plus avec le Tavini, qui fait passer l’indépendance avant l’urgence climatique. Pour la première fois, Heuira-Les Verts présentera une liste « autonome » aux territoriales. Jacky Brillant développe donc son projet, qui passe par un grand plan d’investissement dans l’énergie thermique des mers, le développement du carburant à hydrogène et la rénovation des logements.

Les appels à candidature avaient été lancés dès le mois de décembre et la liste est en voie de finalisation pour Heuira-Les Verts. Pas facile, certes, de contenter tout le monde vu les obligations strictes de parité aux territoriales. Mais pour le fondateur et chef de file du parti, Jacky Bryant, Invité de la rédaction de Radio1 hier, l’essentiel, c’est que l’écologie politique soit bien défendue le 16 avril. En 25 ans d’existence de son mouvement, ce sera d’ailleurs « la première fois qu’on mènera une liste autonome », précise l’adjoint au maire d’Arue. Jusqu’à présent Heuira-les Verts avait choisi la voie des alliances pour l’élection reine du fenua. En 2018, c’était ainsi avec Tauhiti Nena, déjà à l’écart du Tavini et pas encore proche de Gaston Flosse, et Quito Braun Ortega qu’une coalition avait été formé, sur la liste E Reo Manahune. Les résultats avaient été plutôt décevants : 2500 voix et 2%. Mais plus que pour des raisons électorales, c’est pour des raisons idéologiques que Jacky Bryant ne retentera pas l’expérience : Tauhiti Nena, en soutenant Éric Zemmour aux élections nationales de 2022, a franchi une ligne rouge. « L’exclusion par la couleur de la peau, par la croyance, des valeurs qui sont propres à l’extrême-droite, nous la refusons » pointe l’élu vert qui, deux présidentielles d’affilée, a appelé à voter contre Marine Le Pen au deuxième tour.

Les questions institutionnelles « hors sol » devant le sujet climatique

Reste le Tavini, allié naturel pour Heuira qui a fait partie de l’UPLD et de plusieurs coalitions gouvernementales. Des discussions ont eu lieu avec le parti dans la lignée de la victoire bleu ciel aux législatives de juin dernier, qui semble donner « une dynamique favorable pour une alternance au Tapura ». Moetai Brotherson avait même évoqué des alliances pour les territoriales au soir de cette victoire. Il avait rapidement été contredit par le président du parti, Oscar Temaru, qui expliquait quelques jours plus tard sur le plateau de Radio1 que l’UPLD, c’était « 20 ans de perdus ». Le Tavini « ne refuse personne », avait-il précisé, mais si « chacun vient avec son drapeau ça va être le bordel ». Une analyse que ne partage pas Jacky Bryant, qui suggère de réfléchir sur « la source réelle de l’échec » des coalitions passées, et met en avant le modèle du FLNKS, fédération « où chacun trouve sa place » et « qui discute directement avec l’État ».

Mais le chef de file de Heuira a ses propres raisons d’être réticent à une alliance avec les bleu ciel. Le Tavini, note-t-il « présente l’évolution institutionnelle comme un préalable » à tout, y compris au traitement de l’urgence climatique et écologique. « Dans notre approche, c’est une question qui est hors sol, précise l’ancien ministre d’Oscar Temaru. Nous ne vivons pas dans une bulle dans laquelle autonomistes et indépendantistes protégeraient la Polynésie contre les effets du changement climatique. C’est une analyse qui n’a plus lieu par rapport à cette situation qui est une véritable menace pour le fenua aujourd’hui ».

100 milliards pour l’énergie thermique des mers et l’hydrogène

En ne faisant pas passer l’urgence climatique au premier plan des priorités « on va droit dans le mur », insiste le responsable. Avant de débattre de son statut, la Polynésie doit donc, dans les compétences qui lui sont déjà dévolues, « organiser le changement ». Changement de mode de consommation – Jacky Bryant interpelle par exemple sur le poids des emballages et des produits importés dans la production de carbone et de déchets – changement de mode de vie – via le logement notamment – mais aussi changement aussi de mode de production de l’énergie. Heuira-les Verts promeut depuis de longues années une source « durable et responsable » : l’énergie thermique des mers. Là où le Swac met à profit les eaux profondes pour produire du froid, l’ETM propose d’utiliser la différence de température avec les eaux de surface pour faire tourner des turbines et ainsi produire de l’électricité « 24 heures sur 24, pas comme le solaire ». Une électricité qui, si elle n’est pas consommée immédiatement, peut servir à produire de l’hydrogène, insiste l’élu, qui voit dans ce gaz une alternative crédible à l’hégémonie pétrolière, dans les transports notamment. Développer les technologies adéquates – beaucoup reste à faire en matière d’ETM -, mettre en place les infrastructures, réaliser la transition… « Nous avons fait une estimation économique, sur un plan quinquennal de cinq ans sur la prochaine mandature, d’un investissement de 100 milliards » de francs. Une somme qui intègre aussi un « vaste programme de rénovation écologique des bâtiments ».

Des fonds qui seraient, d’après Jacky Bryant, mobilisables du côté de l’État et des fonds européens – « partenaires très soucieux » des questions climatiques et environnementales – mais aussi au travers d’une révision de la fiscalité, qui doit être plus incitative du côté des « énergies propres » et des investisseurs privés. « S’il y a cette volonté politique, cette ambition affichée, ça entrainera avec nous les investisseurs, chercheurs, les équipes qui savent qu’on ne peut pas rester dans cette précarité énergétique » assure-t-il. Quant aux doutes sur le réalisme de ces propositions énergétiques, il rappelle l’histoire du Swac de l’hôpital, dont la première commande aurait été signée en 2011, quand il était au gouvernement : « Tout le monde disait ‘vous allez ruiner le pays’. Aujourd’hui tout le monde est fier d’aller couper le ruban ».

Le Tapura coupable « d’inaction » climatique

Le chef de file de Heuira les Verts, qui estime que le gouvernement Tapura, malgré des chantiers comme celui du plan climat, porte la responsabilité d’une inaction « pendant près de 10 ans ». « Les émissions de carbone n’ont pas baissé, elles ont augmenté », pointe-t-il.

Jacky Bryant interpelle aussi sur les chiffres « dramatiques » de l’obésité et des maladies qui y sont liées au fenua, et veut faire de la santé une grande cause territoriale. Comme d’autres, il met en avant la prévention, et propose de développer un plan similaire à celui – réussi – qui avait été mis en place en matière d’hygiène dentaire il y a quelques décennies. Ce qui veut dire former du personnel spécialisé dans les écoles, faire tourner à l’année des équipes dans les communes, mobiliser le monde associatif sur les questions d’alimentation et de santé. Il s’agit aussi de « redéfinir la relation producteur consommateur » et d’alourdir les contraintes financières sur les importateurs et producteurs de produits sucrés, gras et mauvais pour la santé. D’autres points du programme seront défendus pendant la campagne qui servira surtout de tribune aux écologistes. Avec 1 944 voix aux législatives et 2,27% des suffrages exprimés au premier tour, malgré une présence dans les trois circonscriptions, Heuira-Les Verts parait bien loin de la barre de qualification au deuxième tour des territoriales.

Toute l’interview de Jacky Bryant est à retrouver en vidéo :

Article précedent

OFC CHAMPIONS LEAGUE 2023 | Pirae ou Dragon ? – Vendredi 24 au Stade Pater !

Article suivant

Journal de 12h, le 22/02/2023

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Jacky Bryant veut un plan à « 100 milliards » pour l’énergie et le climat