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Présidentielles 2022 : Macron écrit une lettre à la Polynésie

Le président-candidat Emmanuel Macron  a écrit une lettre à la Polynésie. Il plaide pour « l’émancipation » des territoires. Avec notre partenaire Outremer360°.

En Polynésie, dans une lettre à la fois en Français et en Tahitien, Emmanuel Macron cite la « richesse de l’océan », la « pêche et la perliculture durable », le « tourisme durable », l’agriculture et le numérique comme levier de développer, sans apporter de propositions concrètes. Il s’est engagé à renforcer les effectifs des forces armées dans le cadre de sa stratégie indopacifique. Il plaide pour « l’émancipation » des territoires ultramarins en investissant dans l’école, la santé et le développement de leur « autonomie alimentaire et énergétique » pour lutter contre le chômage.

Emmanuel Macron admet que le plein emploi dans les Outre-Mer « n’est pas atteignable d’ici cinq ans », mais il indique vouloir « aller plus vite dans la formation, développer des filières économiques locales », car ce sont des territoires qui importent encore trop leur énergie, leur alimentation. La stratégie pour ces territoires est donc, selon le candidat, « celle qui répond à la baisse du chômage, à la vie chère parce qu’elle est très liée au fait qu’on importe beaucoup trop de choses, en particulier des denrées alimentaires ».

« Emmanuel Macron avec vous pour la Polynésie »

Françaises, Français,
Mes chers compatriotes de Polynésie, Chers amis,

Au-delà du courrier que j’ai adressé à tous les Français, il y a quelques jours, je tenais à m’adresser à vous d’une manière plus particulière. En écrivant ces lignes, aujourd’hui, depuis Paris, j’ai en mémoire les quatre jours exceptionnels que j’ai passés parmi vous, en juillet dernier. Des îles du vent aux Tuamotu, en passant par les Marquises, l’accueil que vous m’avez réservé a été inoubliable. Il y a un pacte intime, sensible entre la Polynésie française et la République. Dans ce pacte, les Polynésiens apportent à la Nation une part d’âme, un surcroît de cœur. C’est un trésor. Ce Mana, je l’ai ressenti tout au long de mon séjour au Fenua. Je ne l’oublierai pas. Lors de ce séjour, j’ai pris un certain nombre d’engagements : pour l’avenir, le vôtre et celui de vos enfants. Je souhaite aujourd’hui vous en rendre compte et, simplement, vous dire la place de la Polynésie française dans le projet que je porte pour les prochaines années.

Ma première responsabilité, en tant que chef de l’État depuis 2017, a été de vous accompagner et de vous protéger. Dans l’épreuve de l’épidémie, elle a été de m’assurer que la solidarité nationale joue pleinement son rôle : pour fournir les vaccins, les renforts, le matériel de soin, les avions pour les ÉVASAN. Mais aussi pour soutenir les entreprises et les finances du Pays. Aucun effort n’a été épargné, aucune dépense n’a été refusée dès lors qu’elle permettait de sauver des vies. Cette volonté de vous protéger ne s’est pas limitée à la crise. Elle s’est traduite, par exemple, par l’accord trouvé avec le président Edouard Fritch pour le financement du programme des abris de survie, après tant d’années d’attente. Elle s’est traduite par le soutien de l’État à de nombreux projets communaux portés par les Tavana. Elle s’est traduite au quotidien, par l’action continue des forces de sécurité ; mais aussi avec la stratégie de lutte contre l’ICE que nous avons déployée, pour protéger la jeunesse polynésienne. Mais ce rôle protecteur de l’État pour les Polynésiens a été troublé, depuis des décennies, par un sujet récurrent, une plaie ouverte. Chez une partie des Polynésiens, un doute s’est installé à cause du fait nucléaire et, malgré les discours et les avancées, rien n’y pouvait. Il fallait changer de logique. J’ai voulu regarder ce sujet en face. J’assume d’avoir brisé le silence qui entourait encore ce dossier. Oui, la Nation a une dette à l’égard de la Polynésie française, parce que celle-ci a abrité les essais nucléaires.

En ouvrant les archives, en assumant les essais et leurs conséquences, en terminant le travail de dépollution, de réparation et de revitalisation, nous avons changé de logique. Désormais, l’État va lui-même sur les atolls qu’ont parcouru les nuages radioactifs. Nous allons chercher les personnes dont la maladie a pu être causée par les essais. Nous allons chercher les victimes et leurs ayant-droits. Nous les accompagnons vers l’indemnisation. Le chemin sera encore long mais il est engagé. Il est irréversible. Car je veux la vérité et la transparence, avec vous. C’est le chemin d’une confiance retrouvée, restaurée, qui regarde vers l’avenir. Ce chemin avec vous, je souhaite le poursuivre. De Polynésie montent, pour l’avenir, un dynamisme et une vitalité extraordinaires. C’est une force, une volonté pour le Fenua et pour la France. Je veux la libérer totalement, pour qu’elle s’épanouisse. C’est une ambition pour vos enfants, à qui nous devons un environnement stable pour les décennies à venir.
La stratégie indopacifique que j’ai voulue, pour la France, est une étape majeure dans notre histoire commune. À travers vous, la France est présente et vivante dans le Pacifique ; je souhaite qu’elle s’y affirme toujours davantage. Au plan stratégique, l’augmentation continue des moyens de nos armées y pourvoira — et j’ai ici une pensée pour les nombreux soldats Polynésiens et leurs familles, à qui la Nation doit tant. Cet effort militaire, nous devons l’accentuer et, par ailleurs, l’accompagner de nouvelles coopérations dans la région, aux plans universitaire, scientifique, culturel et économique. C’est pourquoi je souhaite le renforcement économique de la Polynésie. Nous en connaissons les priorités : elles s’appuient d’abord sur l’extraordinaire richesse de l’océan, qu’il nous faut apprendre à mieux connaître et à mieux protéger pour consolider la pêche et la perliculture durable, mais aussi sur le tourisme durable, l’agriculture et le numérique dont l’État continuera d’accompagner le développement. Pour vos enfants, je souhaite intensifier nos efforts sur la formation et l’insertion de la jeunesse polynésienne. L’ouverture d’une nouvelle compagnie du RSMA, sur l’atoll de Hao, en est l’illustration.

Cette fierté qui est la vôtre, à la fois intégralement polynésienne et intégralement française, nous continuerons de l’entretenir et de la valoriser. Ensemble, nous nous battrons pour faire inscrire le trésor marquisien à l’UNESCO et, au-delà, pour faire vivre la culture polynésienne au cœur de la Nation. Tous ces projets, cette ambition pour l’avenir, n’iront pas sans poursuivre et augmenter le soutien de la Nation à ceux qui en ont besoin. Aussi, je veux amplifier les efforts engagés, aux côtés du Pays, pour l’amélioration de l’offre de soins en Polynésie et, spécifiquement, pour la prise en charge des cancers. Nous avons commencé à nouer des partenariats avec les meilleurs spécialistes en oncologie. Je veux que les Polynésiennes et les Polynésiens puissent bénéficier d’un diagnostic précoce et accéder aux meilleurs traitements.
Mes chers compatriotes de Polynésie française, Dans le sillage de l’accueil lumineux que vous m’avez réservé il y a quelques mois, je tenais à vous partager ces quelques lignes. Elles forment une trame d’affection, de convictions et de projets. Puisant à l’enthousiasme de nos échanges, elles vous redisent ma détermination à servir la France et à vous servir. Elles vous redisent tout l’engagement que je veux avoir pour vous, pour la Polynésie, cette part de France que vous faites vivre chaque jour. Au cours des cinq dernières années, vous avez pu éprouver mon engagement pour vous. J’ai désormais besoin de votre soutien pour le poursuivre. Avec vous. Pour vous. Pour nous tous. Vive la République ! Vive la Polynésie française ! Vive la France !

 

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1 Commentaire

  1. deodata
    26 mars 2022 à 7h26 — Répondre

    Pas un mot sur l’ONU et l’obligation faite à Paris d’enclencher une démarche vers une vraie autonomie sous le regard de l’institution internationale…

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