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Vente de sous-marins : les Australiens vont signer avec les Américains

Les dirigeants américain, britannique et australien se réunissent ce lundi en Californie pour un sommet « Aukus » où est attendu un accord sur les sous-marins, le « contrat du siècle » qui a échappé à la France. En ligne de mire de cette coopération anglo-saxonne sans précédent : la Chine, et ses prétentions dans le Pacifique. Les précisions de notre partenaire Outremers 360°.

Joe Biden, Rishi Sunak et Anthony Albanese se rencontreront à San Diego, où se trouve l’une des plus importantes bases navales aux États-Unis, pour ce sommet tripartite de leur alliance sécuritaire dite AUKUS. Après 18 mois de délibérations, l’Australie devrait y dévoiler son projet d’acquisition de huit sous-marins à propulsion nucléaire, dans le cadre de ce que le Premier ministre australien a qualifié de « plus grand bond en avant » dans l’histoire du pays en matière de défense.

Depuis un an et demi, des discussions approfondies ont lieu en coulisses entre Washington, Canberra et Londres au sujet de l’obtention par l’Australie de technologies sensibles en matière de propulsion nucléaire. L’Australie a cependant exclu de se doter d’armes nucléaires. Le contrat relatif aux sous-marins représente des dizaines de milliards de dollars, mais les experts estiment que son importance va au-delà des emplois créés et des investissements promis.

Les sous-marins à propulsion nucléaire sont difficiles à détecter, peuvent parcourir de grandes distances pendant de longues périodes et peuvent embarquer des missiles de croisière sophistiqués. Pékin a exprimé sa profonde opposition à ce projet, qu’il juge « dangereux » et destiné à acculer la Chine. AUKUS est une alliance militaire tripartite formée par l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis qui vise à partager des technologies militaires et autres avancées.

Mais, relève Charles Edel du Center for Strategic and International Studies à Washington, « si chaque pays a un raisonnement légèrement différent sur l’AUKUS, cela se résume en gros à la Chine » au vu de « la croissance exponentielle de sa puissance militaire et ses positions plus agressives cette dernière décennie ».

L’alliance vise ainsi à réaffirmer la présence des trois pays dans la région stratégique de l’Indopacifique, vaste zone allant des côtes est-africaines aux côtes ouest-américaines par où transite une part cruciale du commerce mondial et où la Chine accroît son influence. Pékin, qui n’exclut pas le recours à la force pour réaliser sa réunification avec Taïwan, vient d’approuver une augmentation de 7,2% de son budget de la Défense pour 2023, soit l’augmentation la plus forte depuis 2019.

La France informée

Selon le journal britannique The Times, l’Australie devrait se procurer des sous-marins construits au Royaume-Uni plutôt qu’aux États-Unis. La conclusion de l’alliance AUKUS, avec pour corollaire l’annulation par Canberra du contrat d’acquisition de 12 sous-marins français, avait donné lieu à une crise diplomatique avec la France, qui avait crié à la « trahison ».

L’affaire est depuis retombée, non sans d’intenses séquences diplomatiques entre Paris, Washington, Londres et Canberra, dont une visite d’État du président français Emmanuel Macron aux États-Unis début décembre. « Ce n’est plus notre affaire. C’est fini », a commenté une source française, selon qui les trois pays alliés tenaient Paris « informé » des décisions en cours et qui seront prises lors du sommet.

Outre la perte d’un important contrat d’armement valant des dizaines de milliards d’euros, la France avait été furieuse d’être mise devant le fait accompli par ses proches alliés. Si Paris a désormais tourné la page, la France continue de penser qu’il s’est « agi d’une erreur » et elle sera « attentive » aux questions de non-prolifération nucléaire, selon la source française qui s’exprimait sous couvert d’anonymat.

Les contacts entre Paris et Washington ont en tout cas été nombreux puisque que le président Biden s’est entretenu mardi avec Emmanuel Macron et que le secrétaire d’État Antony Blinken a fait de même jeudi avec son homologue Catherine Colonna. Fin janvier, les ministres français et australiens de la Défense et des Affaires étrangères s’étaient rencontrés à Paris.

Pour sa part, avant d’aller aux États-Unis, le Premier ministre britannique s’est rendu en France vendredi pour un sommet qui a scellé « un nouveau départ » et « une nouvelle ambition » dans les relations franco-britanniques, y compris dans la région indopacifique. La région « abrite la moitié de la population mondiale, 40% du PIB mondial et cela va encore augmenter de façon significative », a déclaré Rishi Sunak à des journalistes.

« Il est compréhensible qu’aussi bien les Français que nous-mêmes aient envie d’être des acteurs plus actifs dans la région », a-t-il ajouté, en parlant d’une coopération militaire entre les marines française et britannique dans l’Indopacifique.

 

 

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