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Après les critiques de l’OMS sur le « zéro Covid » chinois, Pékin hausse le ton

Alors que Pékin s’accroche à sa stratégie « zéro Covid », la population dénonce un confinement trop strict. Selon le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, la stratégie qui était efficace avant la vague Omicron qui a paralysé le pays est dorénavant « illusoire ». Le gouvernement chinois refuse cependant d’y reconnaître un échec.

Une petite phrase qui ne passe pas pour Pékin. Mardi, le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est livré à une rare critique du pouvoir chinois. Tedros Adhanom Ghebreyesus a en effet affirmé que la politique « ‘zéro Covid » défendue obstinément par Pékin n’était pas soutenable ». Le « zéro Covid » étant fermement défendu par les plus hauts dirigeants communistes, notamment le président Xi Jinping, les censeurs sont vite intervenus pour contrer la diffusion de ces propos. Sur le site de microblog Weibo, les mots-dièse #Tedros et #OMS ne donnent mercredi plus aucun résultat.

Quant aux utilisateurs de l’ultrapopulaire réseau social WeChat, ils ne peuvent pas republier ou transférer un article du compte officiel de l’ONU, publié sur la plateforme et qui mentionne les critiques du patron de l’OMS. De son côté, la presse reste muette.

« Nous sommes vraiment prisonniers »

La déclaration du patron de l’OMS a fait l’effet d’une bombe en Chine, où une partie de la population, excédée et affamée par les confinements à répétition, en vient régulièrement aux mains avec les forces de l’ordre. Depuis plusieurs semaines, les tests de dépistages sont devenus quotidiens pour les 23 millions d’habitants de la ville de Pékin, tandis que Shanghai est confinée depuis plus de 40 jours. « Nous sommes vraiment prisonniers de cet endroit », confiait déjà en avril sur Europe 1, Matthieu Laurent, un expatrié confiné à Shanghai avec sa jeune fille et sa femme sur le point d’accoucher. Et d’ajouter : « On se dit : ‘Foutons le camp le plus rapidement possible.' »

Dans une Chine où les restrictions ont provoqué des scènes de révoltes, tout en pénalisant le ravitaillement et en pesant lourdement sur l’économie, le gouvernement persiste et signe. « Nous espérons que les personnes concernées pourront adopter un point de vue objectif sur notre politique de prévention des épidémies, s’informer davantage sur les faits, et s’abstenir de faire des remarques irresponsables », a ainsi asséné en guise de réponse à l’OMS Zhao Liijan, porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois.

De son côté, l’ex-rédacteur en chef du tabloïd nationaliste Global Times, Hu Xijin, très influent sur internet, a jugé les critiques de l’OMS inopportunes. « S’ils disent que la méthode chinoise n’est pas soutenable, ils devraient en avancer une qui soit plus efficace et soutenable. Mais ils n’en donnent aucune ! », écrit-il à ses 24 millions d’abonnés sur Weibo. « L’OMS n’assumera aucune responsabilité si la Chine assouplit sa politique sanitaire et si beaucoup de gens meurent. »

Une remise en cause risquée ?

Selon les chiffres officiels de Pékin, le pays déplore depuis le début de la pandémie à Wuhan un peu plus de 5.200 morts du coronavirus. Un nombre de victimes qui pourrait devenir beaucoup plus important à en croire une étude chinoise publiée mardi dans la célèbre revue Nature.

D’après l’université de Fudan à Shanghai, l’abandon de la politique « zéro Covid » pourrait entraîner la mort d’au moins 1,6 million de personnes en raison du faible taux de vaccination dans le pays. À titre de comparaison, la France recense à ce jour 147.000 morts du Covid-19.

En partenariat avec Europe 1.

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Journal de 7h30, le 13/05/22

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