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Ben Salama veut « créer un débat professionnel, humain » autour des oeuvres du Fifo

La 22e édition du Festival international du film documentaire océanien a officiellement ouvert ses portes ce lundi matin. Cette année, c’est Ben Salama, auteur, réalisateur et producteur de films documentaires, qui a été désigné pour présider le jury. Une première expérience en tant que président qu’il dit aborder avec « beaucoup d’humilité ». Ce qui l’intéresse, c’est d’être « un médiateur, un passeur de parole et non pas un président qui essaie d’imposer ses points de vue. »

Vous avez déjà été membre de jury, mais c’est la première fois que vous êtes président. Quelles sont vos attentes ?

Je vais faire comme dans certaines cultures, c’est-à-dire que le chef, il écoute avant d’essayer de faire une synthèse. Il n’essaie pas d’imposer son point de vue. Donc, je vais d’abord écouter les autres membres, ce qu’ils ont à dire, échanger avec eux. Je ne vais pas m’effacer, mais je tiendrai compte de ce que diront les autres. Parce que le rôle du président, c’est à la fois d’être capable de créer une ambiance pour qu’il y ait un débat franc, parfois même âpre. Le but étant de créer un climat pour qu’on arrive à avancer et à sortir un palmarès le moins injuste possible. Parce qu’un palmarès, c’est toujours injuste. Je l’ai vécu dans certains festivals où j’espérais avoir un prix et où je n’en ai pas eu et dans d’autres, où je n’espérais pas du tout et où j’en ai obtenu. C’est quelque chose qui est difficile à savoir à l’avance.

Comment abordez-vous cette fonction de président du jury ?

Je l’aborde, comme je disais, avec humilité. D’abord, parce que je suis entouré de jurés de très grande qualité et j’ai l’intention d’être un médiateur, un passeur de parole et non pas un président qui essaie d’imposer ses points de vue. Donc, ça m’intéresse de créer un débat professionnel, humain autour de ces dix œuvres qui nous sont présentées et qui ont l’air, en tout cas par la présentation dans le programme, d’une très grande qualité.

D’ailleurs qu’est-ce qui fait un bon film, selon vous ?

Moi, je juge sur la capacité de l’auteur d’avoir un regard personnel sur une réalité qu’il raconte. Il faut qu’il arrive à faire passer de l’émotion, de l’information… Il faut aussi un minimum de qualité professionnelle, parce qu’un film, comme toute œuvre artistique, doit être porté par des qualités artistiques, des qualités cinématographiques… Il faut qu’il y ait ce souffle-là. Je vais regarder ça avec beaucoup de curiosité, j »ai envie de découvrir, parce qu’il y a des réalités que je ne connais pas qui vont être présentées. Je veux voir si les réalisateurs ont la capacité de m’intéresser, de m’émouvoir, de m’apprendre des choses et de créer un souffle artistique dans ces œuvres pour parler de leur réalité ou de la réalité, en tout cas, décrite dans le film.

Ce soir, vous serez mis à l’honneur lors de la Nuit du Président. Vous présentez un film que vous avez réalisé sur la Nouvelle-Calédonie, pourquoi ce choix ?

J’ai choisi ce film parce que pour la Nuit du président, on nous donne carte blanche. Ce n’est pas forcément le meilleur sur le plan cinématographique. Je n’ai pas choisi le meilleur, mais parce que dans le contexte actuel de ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie, c’est le film le plus représentatif de la situation.

De quoi parle-t-il?

C’est un film tourné avec des jeunes de la tribu de Saint-Louis. C’est la première fois que, comme on dit, que les caméras y entrent. Ça a été un film difficile à faire dans le sens où, avant d’y arriver, beaucoup de professionnels nous ont dit: mais vous n’y arriverez jamais, c’est casse-gueule. Certains nous ont dit: allez-y avec des gilets pare-balles, vous allez vous faire flinguer. Pourtant, on a été bien accueillis même s’il est vrai que pour entrer dans certains lieux, il ne faut pas arriver avec une caméra et un micro.

C’est un documentaire qui a été difficile à réaliser ?

Oui, il a fallu discuter, expliquer ce qu’on a envie de faire, se présenter. Sur ce documentaire, j’étais co-réalisateur avec Thomas Marie… On a dû faire preuve de patience. C’est seulement au bout de 15 jours qu’ils ont accepté d’être filmés. C’était un projet risqué et je suis très content de ce que nous avons fait. D’ailleurs, lors du tournage, une des conditions pour que les jeunes acceptent de participer, c’était de voir le film avant qu’il ne soit diffusé ailleurs. On a tenu cette promesse, on leur disant qu’on allait le monter, qu’il n’avait bien sûr pas le droit de regard, mais que la première projection, se ferait chez eux, avec eux. On a donc fait cette avant-première avec des gens qui venaient de très loin, dans cette tribu, avec ces jeunes. Cela a été un moment extraordinaire, un moment d’émotion de pleurs, de partages : les mamans qui étaient là, qui entendaient la parole de leur enfant, c’était extraordinaire. Je crois que le meilleur moment de ces deux mois passés à Saint-Louis, c’était cette avant-première. Donc le message pour ce film, c’est juste venez le voir.

Pour le voir rendez-vous donc ce lundi soir à partir de 18h30 au Grand théâtre de la Maison de la culture.

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