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Bombes en série en Thaïlande: la junte dénonce une volonté de "chaos"

Hua Hin (Thaïlande) (AFP) – Au moins quatre personnes ont été tuées dans l’explosion en série de bombes jeudi et vendredi en Thaïlande, notamment dans la station balnéaire touristique de Hua Hin, posant un défi de taille à la junte militaire au pouvoir.

Au total, entre jeudi et vendredi, onze bombes ont explosé à travers cinq provinces du sud de la Thaïlande, notamment dans les stations balnéaires de Hua Hin et Phuket, faisant quatre morts.

Hua Hin est la plus touchée. Jeudi soir, deux bombes artisanales cachées dans des pots de plantes sur le trottoir ont explosé à trente minutes d’intervalle et à cinquante mètres de distance dans une zone proche de la plage où se situent de nombreux bars et restaurants fréquentés par les touristes.

Une vendeuse de rue est morte. Et parmi la vingtaine de blessés, dix sont étrangers, selon un dernier bilan de la police. Quatre sont néerlandais et trois allemands, selon leurs ambassades. Deux sont italiens et le dernier est autrichien.

« Il y a eu un grand bruit, la police courait partout, c’était terrible », a raconté à l’AFP Michael Edwards, un témoin australien de la scène.

Vendredi matin, un nouveau double attentat, dans le même quartier, a provoqué la mort d’une deuxième Thaïlandaise, causant la terreur dans la cité balnéaire, selon des journalistes de l’AFP ayant assisté à la scène.

Rideaux de fer baissés, rues vidées… Face au caractère inédit de cette attaque coordonnée à travers plusieurs villes de Thaïlande, les habitants de Hua Hin se sont calfeutrés. Puis la vie a repris son cours dans la soirée.

Dans la ville de Surat Thani, à 400 kilomètres plus au sud, c’est une employée municipale qui a été tuée peu après par l’explosion d’une bombe.

A Phuket, la plus célèbre station balnéaire de Thaïlande, seul un blessé léger est à déplorer, mais le lieu choisi est symbolique : une des plages les plus célèbres du pays, Patong.

Plusieurs pays, dont la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, ont demandé à leurs ressortissants voyageant en Thaïlande d’être prudents et d’éviter les lieux publics. 

Le chef de la junte militaire thaïlandaise, le général Prayut Chan-O-Cha, a quant à lui aussitôt dénoncé une volonté de « semer le chaos ». « Ces actes ont profondément blessé la Thaïlande. Cela nous rappelle qu’il reste des gens mauvais dans notre société », a-t-il accusé dans la soirée dans une adresse télévisée.

Il n’a pas précisé ses accusations, qui abondent dans le sens des déclarations de la police, qui parle de « sabotage local », loin du terrorisme international.

Cela pourrait aller d’une possible vengeance de l’opposition politique (dans un climat de forte répression des libertés depuis le coup d’Etat de 2014) à une attaque sans précédent des séparatistes musulmans de l’extrême sud du pays.

L’ex-Première ministre Yingluck Shinawatra, dont le gouvernement a été renversé par les militaires en 2014, a dénoncé la série d’attentats, histoire de couper l’herbe sous le pied des accusateurs.

– Long week-end férié –

Située à 200 kilomètres au sud de Bangkok, Hua Hin est une station balnéaire prisée des touristes étrangers, mais aussi des Thaïlandais. Ils étaient nombreux à être partis jeudi soir vers les stations balnéaires, en ce début de long week-end férié, avec vendredi l’anniversaire de la reine de Thaïlande.

Hua Hin, avec son front de mer envahi par les grands hôtels internationaux et les bars de nuit, est aussi la résidence d’été de la famille royale.

Le dernier attentat d’ampleur en Thaïlande remonte à août 2015, quand 20 personnes, dont de nombreux touristes chinois, avaient été tués dans l’explosion d’une bombe en plein Bangkok. Le procès des deux principaux suspects doit débuter le 23 août à Bangkok.

Jusqu’ici, à part cet attentat, la Thaïlande, qui accueille chaque année des millions de touristes, a été épargnée par les attentats de grande ampleur et le terrorisme international.

L’attentat d’août 2015 à Bangkok, le plus meurtrier de l’histoire du pays, n’a jamais été revendiqué. La piste d’un attentat commis par un groupe lié à la minorité musulmane ouïghoure de Chine est privilégiée, mais sans lien avec le jihadisme international.

La seule région habituellement touchée par les explosions de bombes artisanales est l’extrême sud de la Thaïlande, à la frontière malaisienne. L’insurrection de musulmans indépendantistes, sans lien avec le terrorisme international jusqu’ici, y a fait des milliers de morts depuis une dizaine d’années. Les explosions de bombes artisanales sont fréquentes, visant notamment les militaires thaïlandais.

Mais jusqu’ici les indépendantistes n’ont pas revendiqué d’attaques en dehors de leur région, dans ce pays sous régime de junte militaire depuis un coup d’Etat en 2014.

La junte compte sur le tourisme, avec 32 millions de visiteurs attendus en 2016, pour redresser une économie atone.

Enquêteurs sur le lieu de l'explosion d'une bombe le 12 août 2016 à Huan Hin en Thaïlande. © AFP

© AFP MUNIR UZ ZAMAN
Enquêteurs sur le lieu de l’explosion d’une bombe le 12 août 2016 à Huan Hin en Thaïlande

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