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Hura Tapairu 2023 : captivante prestation de la jeune et charismatique troupe de Rimatara 

Les soirées de concours du Hura Tapairu se suivent et ne se ressemblent pas. Jeudi soir le plaisir se lisait sur le visage du public venu en connaisseurs au Grand théâtre de la Maison de la culture profiter des mélodies ou chorégraphies parfois plus audacieuses, et toujours captivantes comme celle de l’inoubliable troupe venue de la lointaine petite île de Rimatara.

Sur les 8 formations foulant parfois pour la toute première fois la scène du Grand Théatre, c’est la troupe de Tamari’i Poerava No Faa’a  en catégorie Mehura qui entre en lice. Et quelle entrée ! Sur une thématique inspirée  par l’héritage de la mythique chanteuse, « Esther Tefana, cette voix d’or – Esther Tefana, te reo i riro ei piru ‘auro », la troupe de Tamari’i Poerava participe pour la 3e fois au Hura Tapairu dans la catégorie mehura. Reconnu pour sa marque et sa formation de base, la troupe souhaite depuis quelques temps se lancer de nouveaux objectifs afin de donner l’opportunité à ses éléments de participer à des concours et d’acquérir une expérience différente du monde du ‘ori tahiti. Cette année, Hianau Laughlin accompagnée de son groupe (sous les yeux et les illustres oreilles de John Gabilou présent dans la salle), on fait voyager dans le temps guidé par la voix d’or de la diva Esther Tefana.

Sortir de sa zone de confort pour se dépasser, c’est le défi de l’association Te Mana Ora ou le pouvoir de la vie, toute jeune troupe fondée en 2023 et dirigée par Ariitai Taurua. C’est un groupe constitué d’itinéraires complètement différents : assistante de service social, entrepreneuse, écrivaine ou responsable de service, toutes animées par l’envie de créer et d’innover. Sur un final de costumes lumineux, style festivités de la Noël, la précédente performance de la troupe de Leïana Faugerat semble visiblement avoir fait des émules. La prestation, toute de douceur et de joie, a traduit la force des émotions qui influencent nos choix de vie.

De nouveau, place à la surprenante et toujours originale troupe Hei Tahiti Mehura, de Tiare Trompette Dezerville, en catégorie mehura et ‘aparima ‘āpipiti, et composée de 6 musiciens, 3 choristes, et 20 danseuses. C’est la deuxième formation inscrite en mehura. Pour sa neuvième participation, Tiare a décidé de mettre en scène la passion amoureuse, dont la musique, la gestuelle et la chorégraphie sont inspirées du flamenco et du tango, expressions artistiques populaires de tradition orale et inscrites au patrimoine immatériel de l’Unesco. « Comme un navire de guerre qui navigue dans la nuit – Mai Te Manuā ‘Ōpae I Te Pō » est le thème évoquant les expériences tumultueuses et difficiles de la vie. Le ‘aparima ‘āpipiti est dansé, sur un tempo rapide, par deux charmantes danseuses, Bonnie Apiu et Poemiti Lebrun : la première a enseigné le ‘ori tahiti dans l’école de danse « Manohiva Japan » de Poerava Taea, tandis que Poemiti Lebrun a fait ses premiers pas de danse sur la place To’ata avec le groupe Tahiti Ora de Tumata Robinson. Elles partagent une même passion pour le ‘aparima, et ici il s’agit d’une adaptation musicale de la célèbre chanson « La Vida loca » de Ricky Martin.

Au tour de la troupe venue de l’île sacrée de Raiatea, Tahina Nō Uturoa en catégorie mehura, et ses 28 danseurs et danseuses dirigés par Édouard Matahi Paraue, sur une magnifique chorégraphie de Heirava Paraue sur le thème « L’écho : rencontre de la nature, des anciens, de la terre – E reo pi’i : e fārereira’a te nātura, te tupuna, te fenua ».  Les coiffes sont les uniques, précieuses et si fragiles tiare ‘apetahi de la montagne Temehani. Une prestation magistrale qui rappelle aux générations futures le respect et l’importance des coutumes et traditions locales.

La cinquième formation est Hiro’a Mana qui concourt en catégorie mehura. Composée de jeunes passionnés et dirigée par Vairani Tekehu, cette troupe est créée en 2017 à Punaauia, elle nous propose une prise de conscience et un retour aux sources, sur un thème écrit par Hurimana Bryant et interprété par le chef d’orchestre Maere Mootua. Qui suis-je ? D’où viens-je ? Où vais-je ? Cette troupe sembla avoir tout compris grâce à son amour de son identité, de la danse et de la musique et, par dessus tout, de son partage.

L’association Fetia Aratai a été créée en aout 2023 et c’est donc sa toute première participation à un concours. La participation de Fetia Aratai est motivée par l’envie de rendre hommage aux tupuna et spécialement au couple Teupoorautoaiahuroa et Antonina Temaiana qui dirigeait le groupe Fetia dans les années 70 et qui ont également créé l’école de percussions traditionnelles Aratai. Sa présidente est Maeva Tamahahe–Temaiana, fille du couple d’artistes. Elle a participé à plusieurs Heiva et Hura Tapairu dans des groupes tels que Ahutoru Nui, Hitireva et Tahiti Ora. Elle s’est entourée de proches motivés par la même passion. Le thème abordé par Fetia Aratai, « Tavevovevo Fenua no to’u nei iho tumu » et traduit par « L’écho des générations », présente la transmission du savoir et de la connaissance au travers des sons, sur une composition originale de Maeva Tamahahe–Temaiana, traduite par Marania A Feuti, et de René Tamahaere.

Place aux magnifiques couleurs et motifs des pareu typiquement polynésiens des danseuses de la troupe Mehura No Ha’avai de Taero Jamet, un veritable enchantement pour les yeux ! Le titre du thème choisi « La bringue ‘Āreareara’a » est parfaitement à propos pour cette troupe et pour Naiki Barrier et Tenau Guyot, deux photogéniques danseuses qui concourent respectivement en catégorie mehura et ‘aparima ‘āpipiti. Les musiciens, chanteuses et danseuses de Mehura no Ha’avai ont embarqué tout le monde dans une mémorable soirée ambiancée où règne l’amour pour nos belles mélodies, nos danses, notre peuple et notre pays !

Enfin le clou de cette soirée de bonheur en catégorie tapairu était offert par la troupe Te Tama No Rimatara venue de la plus petite île des Australes appelée jadis Nuiova. Cette toute jeune troupe dont c’est la première participation au Hura Tapairu a l’art et la manière de conter avec un ‘orero passionnant, des chants mélodieux, de vibrantes percusssions, de splendides costumes sur des pas admirablement chorégraphiés, l’histoire intense et captivante, chère au coeur des habitants de Rimatara, de « Rouru Tāhope e tāna rāve’ahaeha’a », un hommage à une guerrière des océans sans défense qui, pour protéger son île Nuiova des envahisseurs, réussit à repousser ses ennemis avec pour seule arme sa longue chevelure. Cette histoire transmise de génération en génération est depuis toujours une ligne de conduite importante pour les habitants de Rimatara afin de la préserver de tous les nuisibles et toutes les maladies introduites involontairement qui pourrait mettre en péril les richesses et la vie des villageois. Car comme son nom l’indique : Nuiova, Nui : Grandes ; O : Richesses ; Va : acquises, l’île de Rimatara veille jalousement sur ses richesses et défend avec le peu de moyen en sa possession la vie de ses habitants, en inculquant valeurs, manières de vivre et traditions ancestrales à qui voudrait le bien de sa terre. Bref, une histoire intemporelle dont l’authenticité et la fraicheur d’âme est brûlante d’actualité pour les « jeunes Ma’ohi ».

Ce vendredi soir, c’est la dernière soirée du concours, qui sera également marquée par la remise des prix. Rendez-vous demain pour les dernières images de ce Hura Tapairu d’excellente tenue.

Textes et photos : Stéphane Sayeb/Tahiti Zoom

 

 

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