CINÉMAINTERNATIONAL

Jamel raconte les coulisses de Pourquoi j’ai (pas) mangé mon père

INTERVIEW – Jamel Debbouze livre son premier film d’animation en tant que réalisateur. Il s’est confié sur les coulisses d’un tournage particulier.

Pour son premier film d’animation en tant que réalisateur, Pourquoi j’ai (pas) mangé mon père, sur les écrans le 8 avril prochain, Jamel Debbouze n’a pas économisé son énergie. Non seulement il en signe le scénario, mais il y incarne aussi le personnage d’Edouard, un singe, héros du film, auquel il a servi de modèle. Pourquoi j’ai (pas) mangé mon père a été réalisé grâce à une technique de pointe, la « performance capture », qui permet de filmer les acteurs pour reproduire ensuite leurs mouvements par ordinateur. Quels sont les secrets de fabrication d’un tel tournage ? Europe1 a posé la question au directeur de la motion capture et responsable de l’animation de ce film Frédéric Vandenberghe et à Frédéric Fougea, co-producteur de Pourquoi j’ai pas mangé mon père.

C’est quoi la performance capture ? Pourquoi j’ai (pas) mangé mon père a été entièrement tourné en « performance capture ». C’est une première en France et même en Europe. Le principe ? Cette technique « consiste à capturer tous les mouvements d’un être vivant », en l’occurrence des acteurs, à l’aide de multiples capteurs, explique Frédéric Fougea. Le corps mais aussi les expressions du visage, les mouvements des yeux et de la bouche, rien n’est laissé de côté. « La motion capture était utilisée à l’origine dans l’univers du jeu vidéo, puis dans l’industrie du cinéma avec des personnages comme Hulk », précise le responsable de l’animation, Frédéric Vandenberghe. Puis le cinéma est allé « encore plus loin dans cette technique, avec Avatar ou le personnage du Golum dans le Seigneur des anneaux ». Là, on entre dans la « performance-capture », une utilisation encore plus poussée de la « motion capture », dans le jargon. Pour réaliser Pourquoi j’ai (pas) mangé mon père, l’équipe a donc enregistré les mouvements du visage et du corps des acteurs en même temps. L’idée ? Opérer le moins de retouches possibles par ordinateur a postériori.

EN VIDÉO – Jamel Debbouze raconte le tournage de son premier film d’animation en tant que réalisateur :

70 caméras à 360°. Le tournage s’est déroulé pendantdeux mois à Stains, en Seine Saint-Denis.70 caméras ont été nécessaires pour tourner les différents plans. Celles-ci étaient installées à 360°, tout autour d’un gigantesque studio de mille mètres carrés. Quant au décor dans lequel évoluent les acteurs, il ne doit comporter aucun « angle mort », explique-t-il encore, avant de préciser : « pour cela, tout est réalisé en fil de fer, ce qui évite de boucher le champ aux innombrables caméras. » Au départ, les acteurs sont souvent un peu perdus », raconte Frédéric Vandenberghe. Pas question en effet de s’appuyer sur le maquillage, les décors ou les costumes. Il n’y en a tout simplement pas. « Ils sont obligés de faire un travail de projection énorme », confie le responsable de l’animation. Mais pour lui, le tournage d’un film d’animation en 3D offre finalement « une grande liberté aux acteurs ». Chaque comédien correspond exactement au personnage qu’il incarne. L’acteur est donc complètement libre.

Comment s’est déroulé le tournage ? Les acteurs du film d’animation ont dû enfiler des « combinaisons, sur lesquelles étaient installés 70 capteurs » chargés d’enregistrer les mouvements des corps. Une caméra était aussi placée devant le visage de chaque acteur, au niveau du menton pour filmer toutes les expressions du visage », précise Frédéric Vandenberghe.

Les comédiens, qui incarnent des singes, ont dû s’entraîner durant trois semaines. Ils jouent en effet une grande partie du film à quatre pattes. Pour eux, l’expérience n’était pas de tout repos, comme l’a raconté Mélissa Theuriau, l’une des actrices du film et compagne de Jamel Debbouze. « Il faisait 30°C, nous étions engoncés dans nos combinaisons. Chaque matin, il fallait quarante minutes pour installer la batterie de capteurs qui nous recouvraient le corps et le visage. » Une autre difficulté de taille selon la journaliste qui fait ses débuts au cinéma : les acteurs avaient « interdiction totale de toucher [leur] partenaire car le moindre contact annule la prise. Compliqué pour jouer le combat ou même l’amour. »

« La direction des acteurs se fait vraiment comme sur un plateau de cinéma. On refait une prise, parce que le jeu ne convient pas, comme dans une prise de cinéma classique », raconte Frédéric Vandenberghe.

« Les gestes sont un peu mécaniques mais l’essentiel est là. » Une fois le tournage terminé, on récupère l’ensemble des données fournies par les capteurs, puis on les traite par ordinateur. Il faut alors environ deux ans de travail. « Ce qu’on récupère, ce sont des nuages de points (des coordonnées), qu’il s’agit de relier par ordinateur pour diriger un squelette qui va lui-même diriger un personnage », explique Frédéric Vandenberghe.

La « performance capture » n’est pas encore parfaite. La technique ne suffit pas à capturer la complexité d’un corps humain, mais l’essentiel est là. Les spécialistes sont obligés de rajouter « une petite couche d’animation pour rendre leur grâce aux mouvements », précise encore Frédéric Fougea. « Avec 70 capteurs, le geste reste un tout petit peu mécanique. »

Pour Jamel Debbouze, on est plus dans un avatar en 3D mais vue de face, les têtes des personnages du film sont assez différentes. Là encore, il a fallu travailler par ordinateur, comme le confie Frédéric Vandenberghe : « On part des traits physionomistes forts (la couleur des yeux) mais après on ramène tout à une caricature préhistorique ».

Dans la peau d’Edouard c’est Jamel Debbouze qu’on retrouve, des mimiques à l’énergie, en passant par la voix et même par les vannes. Comme l’a confié l’acteur, Pourquoi j’ai pas mangé mon père est « une métaphore de sa vie« .

Article précedent

Attentats de Boston : Tsarnaev reconnu coupable

Article suivant

Aliot : "Jean-Marie Le Pen, un anarchiste qui se fout de tout"

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Jamel raconte les coulisses de Pourquoi j’ai (pas) mangé mon père