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JO-2016: deux inconnus montrent le chemin de l'or à Riner et Manaudou

Rio de Janeiro (AFP) – Jérémie Azou et Pierre Houin: inconnus au bataillon olympique, les deux rameurs tricolores se sont fait un nom vendredi en décrochant le titre aux JO de Rio, pour une journée qui a débuté en fanfare avec un record du monde ahurissant au 10.000 m dames et la défaite de la reine Dibaba.

12e médaille bleue donc, et 3e en or: et le compteur pourrait s’emballer encore, avec l’ogre Teddy Riner facilement qualifié pour les demi-finales, comme sa camarade de tatami Emilie Andéol, ou les fleurettistes messieurs, en finale après avoir sorti les Italiens, N.1 mondiaux, champions du monde et champions olympiques ! Sans compter Florent Manaudou dans le bassin en soirée sur 50 m libre.

Mais en attendant, c’est bien le duo de l’aviron français qui a attiré la lumière, sur la lagune Rodrigo de Freitas.

Pour Houin, en larmes, à bout de forces, les muscles tétanisés, ce titre est une incroyable surprise: il y a quelques mois, ce jeune homme de 22 ans n’était que spectateur du duo Azou – Delayre, champions du monde 2015 en deux de couple poids légers. Mais les championnats de France sont passés par là, en avril, et il écrase la course de sa puissance, surclassant Stany Delayre en individuel. La Fédération tranche: aux JO de Rio, le N.2 sera Houin. Delayre n’est que remplaçant.

Pari gagnant donc, avec cette première médaille d’or de l’aviron bleu depuis les JO d’Athènes 2004. La deuxième médaille de l’aviron à ces JO après le bronze du quatre sans barreur poids légers. « C’est moi qui brise le couple », avait reconnu le jeune ambitieux, auprès de l’AFP, avec humour.

Le duo français s’est donc incrusté dans une journée qui devait être dominée par quatre cadors: Riner et Manaudou donc, mais aussi Dibaba la gazelle éthiopienne, pour les grands débuts de l’athlétisme au stade olympique, ou encore Phelps bien sûr, l’unique.

– Riner à deux victoires de l’or –

Pour Dibaba c’est donc ratée. A la veille de l’entrée en lice d’Usain Bolt, « l’éclair » jamaïcain, la reine éthiopienne, double championne olympique du 10.000 m, devait éclairer le stade olympique de sa foulée de gazelle, pour un triplé historique. mais c’est sa compatriote Almaz Ayana qui s’est imposée, en 29 min 17 sec 45. Nouveau record du monde, 14 secondes de mieux, 23 ans après !

Pour Riner par contre ça semble bien parti. Invaincu depuis 2010, il n’a pas traîné, avec une victoire expéditive au premier tour puis une autre, un peu moins facile, en quart. Encore deux victoires et l’ogre guadeloupéen de 139 kg sera peut-être double champion olympique. Avec ses huit titres de champion du monde, il s’installerait au sommet de l’histoire de son sport.

Les dernières étoiles en piste seront les nageurs, dans la soirée. Avec Phelps en tête de gondole. Dans 48 heures, le plus grand sportif de l’histoire olympique va définitivement raccrocher. Mais avant, il lui reste deux médailles d’or à aller chercher, histoire d’assommer définitivement toute concurrence.

Jeudi soir, c’était le 200 m 4 nages pour la 26e médaille olympique de sa carrière, la 22e en or. Ce vendredi, ce sera le 100 m papillon. Puis, samedi soir, le relais 4×100 m 4 nages. Le « Kid de Baltimore » pourrait alors quitter la scène avec 28 médailles, dont 24 en or, après avoir épuisé les reporters en mal de superlatifs et écoeuré les bookmakers.

Dans la soirée, c’est aussi Florent Manaudou qui se mettra à l’eau, pour un sprint d’une vingtaine de secondes, afin de conserver l’or sur 50 m nage libre acquis il y a quatre ans à Londres. Il a marqué son territoire jeudi, avec le meilleur temps des demi-finales (21 sec 32/100e), la meilleure performance de la saison.

– Une Chinoise et une Bulgare positives  –

Et que dire de Katie Ledecky. A 19 ans, l’Américaine a déjà gagné le surnom de « Phelps au féminin », et elle domine de façon insolente. Si elle remporte le 800 m nage libre, ce sera le triplé 200-400-800, une première depuis 1968.

Toutes ces histoires sont elles trop belles pour être vraies ? Car l’ombre du dopage ne cesse de s’étendre, et depuis la publication en juillet du rapport McLaren dénonçant le dopage d’Etat en Russie, toute performance spectaculaire devient potentiellement douteuse.

Rio s’est d’ailleurs réveillé avec un beau mal de tête vendredi, avec trois contrôles antidopage positifs. Pour la nageuse chinoise Chen Xinyi, 4e de la finale du 100 m papillon, positive à un diurétique utilisé comme produit masquant. Pour l’athlète bulgare Silvia Danekova, spécialiste du 3.000 m steeple, positive à l’EPO. Et pour l’haltérophile polonais Adrian Zielinski, médaillé d’or à Londres en 2012, contrôlé positif à la nandrolone, un stéroïde anabolisant, et immédiatement exclu des Jeux. Son frère Tomasz, 25 ans, inscrit dans la même catégorie des 94 kg, avait été écarté pour la même substance il y a quelques jours… 

Autre pays dans le collimateur des autorités antidopage, le Kenya. Jeudi, un entraîneur de l’équipe d’athlétisme kényane a été rappelé au pays en raison d’une « violation des règles antidopage », selon l’explication officielle. Selon le Daily Telegraph britannique, il aurait fourni lui-même un échantillon d’urine à la place d’un de ses athlètes, dont l’identité n’a pas été révélée.

L’ambiance est donc bien lourde à Rio, mais l’équipe de France a retrouvé le sourire. Avec en prime vendredi la qualification de l’archer Jean-Charles Valladont en quart. Et si c’était en fait la journée des sans-grade ?  

Les rameurs français médaillés d'or en deux de couples poids légers aux Jeux de Rio, le 12 août 2016. © AFP

© AFP Damien MEYER
Les rameurs français médaillés d’or en deux de couples poids légers aux Jeux de Rio, le 12 août 2016

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