ACTUS LOCALESCULTURE

L’association Haururu prépare Matari’i i raro et plaide pour un « retour aux fondamentaux »

La cérémonie a eu lieu au marae Ivirau Tōmaru – Tefaahuhu, et s’est poursuivi sur d’autres marae de la Papeno’o. ©C.R.

L’association Haururu a mené samedi une série de cérémonies sur des marae de la vallée de Papeno’o pour préparer la célébration de Matari’i i raro. Ce passage de la saison d’abondance à la saison fraîche, traditionnellement synonyme de restrictions, doit aussi être, pour les responsables du collectif, l’occasion d’un « retour à la nature et à l’essentiel ». Un message, « qui prend tout son sens dans le contexte actuel », insiste Yves Doudoute : la crise « doit plus que jamais nous interpeller ».

« Se rappeler et se réapproprier » la culture d’antan. Voilà l’objectif des cérémonies organisées tous les ans par Haururu. Ce mercredi, l’association célébrera, à l’embouchure de la Papeno’o, Matari’i i raro, qui marque la disparition de la constellation des Pléiades du ciel polynésien, et donc la fin de la saison chaude. Mais avant il fallait « demander aux ancêtres de rentrer ». Ils étaient donc une cinquantaine, membres actifs, sympathisants ou simples curieux, à se donner rendez-vous ce samedi matin pour participer aux Rurumira’a. Des cérémonies au cours desquelles les unu, ces grandes stèles de bois symbolisant les « gardiens » familiaux et la relation aux ancêtres, sont retirés des marae pour être « couchés » pour les six prochaine mois. Un rituel commencé au marae Tefaahuhu, au milieu de la vallée de la Papeno’o, et qui sera répété une dizaine de fois dans la matinée, sur plusieurs sites entretenus par le collectif.Un petit collectif, donc, pour un passage obligé avant la célébration de mercredi. Matari’i i ni’a, avait ouvert, au mois de novembre, la saison de l’abondance. Matari’i i raro, moins populaire et pourtant « tout aussi important », la fermera, marquant l’entrée dans une période « pas forcément de disette, mais au moins de restrictions », comme le pointe Yves Doudoute. Figure emblématique de l’association Haururu, il rappelle que la saison fraîche, est aussi, dans la coutume, la période des enseignements, de la navigation, du travail de la terre, et de la réflexion.

Au total, une dizaine de ‘unu ont été retirés des marae hier. ©C.R.

Ces cérémonies ouvrent donc une période « de retour aux choses essentielles ». « C’est le moment de se concentrer sur notre lien à la terre », insistent les membres de l’association, connue pour mêler les thématiques culturelles et environnementales. Et le message prendrait même « un sens particulier » dans la période actuelle. La crise sanitaire de ces derniers mois,  Yves Doudoute la voit comme un « retour de bâton » pour « l’homme qui veut tout contrôler, et tout détruire » : « C’est la nature qui nous montre sa puissance, qui nous montre nos limites, insiste-t-il. Ça doit nous interpeller ».

Crise sanitaire ou pas – peu de monde respectaient les gestes barrières, ce samedi – Haururu compte bien continuer à développer ses projets dans la vallée de la Papeno’o. La période de confinement a déjà été l’occasion de « réparer et d’entretenir », le site de Fare hape, géré par l’association. « Il est toujours fermé au public, note Yves Doudoute. On va bien sûr le rouvrir, mais on préfère attendre qu’il n’y ait plus de risques, par précaution ».

Yves Doudoute n’est pas président de Haururu, mais en est une des figures les plus emblématiques.

 

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