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L’EPR, un chantier nucléaire qui accumule les retards

RETOUR SUR – EDF a annoncé jeudi de nouvelles difficultés dans la construction de l’EPR de Flamanville. Pour la quatrième fois.

La construction du réacteur nucléaire EPR de Flamanville, dans la Manche, ressemble de plus en plus à un long chemin de croix pour EDF. L’électricien a en effet annoncé jeudi que la mise en service de cette centrale nucléaire de nouvelle génération était reporté « au 4e trimestre 2018 ». Un aléa relativement fréquent dans le monde industriel, sauf qu’EDF n’en est pas à son premier report : c’est la quatrième fois que le lancement de l’EPR est repoussé alors qu’il était censé fonctionner dès 2012. Chronique en cinq actes d’un chantier qui s’enlise.

Le calendrier initial : objectif 2012. Lorsque le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin donne son vert à EDF en 2004, le programme est le suivant : les travaux doivent débuter en 2007 pour que la construction de la nouvelle génération de réacteur soit achevée en 2011. La mise en service et le raccordement au réseau électrique français sont alors cessé se faire courant 2012.

Juillet 2010 : un premier retard. L’EPR de Flamanville étant une première, EDF annonce en 2010 que les travaux nécessiteront plus de temps, d’autant que ce réacteur doit devenir une vitrine du nucléaire français. L’électricien annonce donc une mise en service pour 2014, et non plus 2012. Sans oublier une première envolée de la facture : le chantier ne devrait plus coûter 3,3 milliards d’euros mais 5 milliards.

Juillet 2011 : ce sera finalement pour 2014. Le chantier prend une tournure bien plus inquiétante lorsqu’à peine une année plus tard, EDF annonce un nouveau report de la mise en service de l’EPR. Elle est alors censée intervenir en 2016, un retard de deux ans justifié officiellement par une plus grande sécurité. Fukushima est passé par là et pousse EDF à mener de nouvelles études pour améliorer la sécurité du site. Au passage, l’électricien annonce également que la facture sera en fait de 6 milliards d’euros. Pour ne rien arranger, EDF annonce quelques mois plus tard avoir découvert un problème de qualité dans le béton utilisé par ses sous-traitants et – accessoirement – de main d’œuvre non déclarée. Résultat, « quelques mois » de retard supplémentaire le temps de corriger les malfaçons, mais pas de quoi modifier le nouvel objectif d’une mise en service en 2016.

© CHARLY TRIBALLEAU / AFP

© CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Novembre 2014 : ce sera finalement 2017. Le temps passe mais la situation ne s’arrange pas vraiment sur le chantier de Flamanville. EDF annonce en effet un nouveau report d’une année : la deadline est désormais fixée à 2017. La faute cette fois-ci à Areva, qui a conçu le réacteur et à qui EDF reproche de ne pas respecter son calendrier. Le spécialiste du nucléaire devait fournir le couvercle de la cuve ainsi que plusieurs structures internes. Au passage, les nouvelles estimations de la facture finale montent à 8,5 milliards d’euros.

Septembre 2015 : cap sur 2018…voire 2019. Jeudi, EDF a donc annoncé un quatrième report. Le démarrage n’aura finalement lieu qu' »au 4e trimestre 2018″, a expliqué Jean-Bernard Lévy, PDG du groupe public. Avant d’ajouter une précision de taille : il faudra encore « quelques semaines à quelques mois » pour raccorder le réacteur au réseau électrique, une manière  peine voilée d’annoncer que la mise en service n’interviendra qu’en 2019. Si aucune explication n’a été avancée, on peut notamment penser aux « anomalies techniques » récemment identifiées, notamment la composition de l’acier du couvercle et du fond de la cuve, mais aussi des soudures du circuit primaire du réacteur. Ainsi que des soupapes de sécurité qui enregistrent des « difficultés de fonctionnement ».

Un retard auquel s’ajoute une nouvelle facture : désormais, le coût final est estimé à 10,5 milliards parce que « le coût d’un premier exemplaire est toujours plus élevé », dixit le patron d’EDF. Au dernier décompte, l’EPR a donc enregistré six, voire probablement sept, années de retard. Censé fonctionner normalement en 2012, il ne sera opérationnel qu’en 2018 voire 2019. Quand à son coût, il est passé de 3,3 à 10,5 milliards, soit plus du triple.

Source : Europe 1

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