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Nainoa Thompson : « Notre génération est plus le problème que la solution »

©CP/Radio1

Nainoa Thompson, maître hawaiien de la navigation traditionnelle, est à Tahiti pour participer au Blue Climate Summit. Il soutient l’idée de partenariats entre les secteurs publics et privés parce que l’urgence climatique demande que « tout le monde s’y mette ». Il place ses espoirs dans une jeunesse océanienne qui n’oublie pas sa culture : « Notre génération est plus le problème que la solution ».

Il est considéré comme l’un de ceux qui ont ressuscité la navigation traditionnelle. Il est aujourd’hui président de la Polynesian Voyaging Society, dont les deux pirogues, Hokulea et Hikinalia, sont arrivées à Tahiti en provenance de Hawaii le weekend dernier.

Nainoa Thompson participe au Blue Climate Summit, au sein duquel il porte la voix des populations de l’Océanie et leur besoin vital de préserver leur lien avec l’océan.

Le format de ce sommet, qui veut mobiliser les énergies privées et publiques sur la question des océans et du changement climatique, ne suscite ni méfiance ni dérision chez lui : « C’est essentiel. Vu l’échelle, si on veut sauver le monde en sauvant l’océan, il faut que tout le monde s’y mette, et chacun doit y trouver sa place. J’espère vraiment qu’ils vont trouver une feuille de route, et il est crucial d’être inclusif. Mais c’est plus que le secteur public et le secteur privé. C’est la culture, ce sont nos ancêtres et leur sagesse, c’est la voix de nos enfants. »

Il met l’accent sur l’enseignement de la culture. Il est très difficile de faire changer la définition des pouvoirs publics de ce qui constitue une éducation, dit-il. Sur les 285 000 écoliers de Hawaii, un peu plus de 22 500 parlent à présent le hawaiien alors qu’ils n’étaient qu’une centaine au milieu des années 70, grâce au développement de l’enseignement communautaire. « C’est là que prend place l’éducation la plus importante, parce que c’est là que nous enseignons nos valeurs », dit Nainoa Thompson.

Hokulea, une traversée deux fois plus rapide qu’en 1976

Et la navigation traditionnelle fait partie de cette éducation. Hokulea a rallié Hawaii à Tahiti en 17 jours au lieu de 34 en 1976. Nainoa Thompson les a suivis via Internet. « La raison pour ça n’est pas mesurable en termes occidentaux. On peut donner des faits – par exemple ils n’ont pas eu de pot-au-noir, le précédent voyage avait eu une semaine sans vent. Ils ont été précis. Mais il y a aussi de l’amour, et de l’exigence. Quand les membres d’équipage font vraiment corps, quand ils sont attentifs les uns aux autres, non seulement ils y arrivent mais ils sont excellents, et inspirants. Ils se sont entraînés dur, ils se sont mis la barre très haut, ils ont navigué dur, et bien. C’était vraiment beau à voir. »

Nainoa Thompson considère que son rôle de transmission est rempli, et en tire une leçon plus générale : « Nous devons nous mettre en retrait et laisser les jeunes mettre leurs convictions et leurs nouvelles idées en pratique. Honnêtement, notre génération (il a 69 ans, ndr) est plus le problème que la solution. Le changement dont nous avons besoin doit venir d’une nouvelle façon de regarder le monde. »

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