ACTUS LOCALESPACIFIQUEPOLITIQUE

Nouvelle-Calédonie : Décès de Jean Lèques, ancien maire de Nouméa et signataire des accords de 1988 et 1998

Jean Lèques, emblématique maire de Nouméa de 1986 à 2014 et signataire de l’accord de 1998, est mort à l’âge de 90 ans, a annoncé la famille de cet ardent partisan du maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France. Affaiblie depuis plusieurs années, il est décédé « paisiblement » à son domicile.

Retiré de la vie politique depuis 2014 après 28 ans à la tête de la capitale calédonienne, Jean Lèques a également été le premier président du gouvernement collégial issu de l’accord de Nouméa, de mai 1999 à mars 2001. Signataire de cet accord, qui organise la décolonisation par étapes de la Nouvelle-Calédonie, Jean Lèques est une figure de la vie politique calédonienne dans laquelle il s’était engagé à l’orée des années 1970. Homme de dialogue, il avait également signé les accords de Matignon, qui ont ramené la paix dans l’archipel en 1988.

Élu pour la première fois en 1967 à l’Assemblée territoriale, il est réélu dans cette institution, rebaptisée Congrès en 1989, sans discontinuer jusqu’en 2009. Fervent catholique, ce démocrate, chrétien, avait d’abord milité à l’Union Calédonienne (UC), progressiste et multiracial, avant de rejoindre les rangs du Rassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR de Jacques Lafleur affilié au RPR) en 1978 lorsque l’UC a pris fait et cause pour l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie.

L’un de ses derniers engagements politiques fut la présidence d’un Comité des sages, mis en place par l’ancien premier ministre Édouard Philippe, pour veiller à la bonne tenue de la campagne du premier référendum sur l’indépendance en 2018. Ce comité a également officié lors des référendums de 2020 et 2021. S’il est désormais présidé par Jean-Pierre Flotat, Jean Lèques était toujours président honoraire de ce comité dont la mission était de veiller sur les campagnes référendaires.

Né le 31 août 1931 dans le quartier de la Vallée du Tir à Nouméa qu’il n’a jamais quitté, Jean Lèques, surnommé « Fifils » par tous les Calédoniens, était issu d’une famille présente sur le Caillou depuis la fin du 19ème siècle. Après des études de droit dans l’Hexagone, ce féru d’histoire américaine avait ouvert une étude de notaire à Nouméa. Maire honoraire de Nouméa depuis 2014, Jean Lèques avait été élevé au rang de grand officier de la Légion d’honneur par le président de la République Emmanuel Macron, qui lui avait remis cette décoration en mai 2018 lors d’un déplacement à Nouméa.

« Le départ de Jean Lèques est une perte pour la Nouvelle-Calédonie à l’heure où elle va devoir se définir un nouvel avenir. Son sens des valeurs, sa réflexion humaniste et sa vision de l’entente et de la fraternité, vont manquer » a écrit la province Sud calédonienne sur sa page Facebook. Jean Lèques avait aussi été président du Conseil de la Région sud, ancienne province Sud. Son actuelle présidente Sonia Backès a salué le « pionnier », « calédonien de cœur », « présent dans nos vies depuis toujours ». « Chacun se souviendra de sa présence dans les rues de Nouméa tous les samedis, là où il écoutait le cœur des Nouméens, leurs petits ou grands soucis ».

« Jean Lèques a été totalement investi pour la ville de Nouméa durant ses 29 ans de mandat » a souligné sa successeuse à la tête de la capitale calédonienne, Sonia Lagarde, qui lui donna son titre de maire honoraire de la ville. « Nous saluons avec le plus grand respect l’engagement qui a été le sien toutes ces années au service de sa ville et des Nouméens ». De son côté, Thierry Santa, à la tête du parti hérité de Jacques Lafleur, a confié son « immense tristesse » face à la perte d’ « une mémoire vivante de l’histoire de la Calédonie ». Devenu Le Rassemblement-LR, Jean Lèques était toujours président d’honneur du parti historique de la droite non indépendantiste calédonienne.

Le parti politique qui a vu naître la carrière politique de Jean Lèques, l’UC, a salué « sa contribution dans la vie politique de notre pays ». Soulignant un « grand ami de l’Australie », le consul général australien en Nouvelle-Calédonie a rappelé « son engagement contre les violences faites aux femmes » ou encore le « jumelage entre Nouméa et Gold Coast en 1992 ». « Nous nous souviendrons d’un homme généreux de son temps, toujours prêt à partager sa connaissance sans faille de l’histoire calédonienne – particulièrement de la Seconde Guerre mondiale – et sensible aux valeurs humanistes », ajoute le Consulat général d’Australie.

« Jean Lèques aura marqué de son empreinte l’histoire de la Nouvelle-Calédonie » a écrit le Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, Patrice Faure. « Il a par ailleurs honoré sans discontinuer ses engagements aux côtés du monde combattant et au sein du Comité des sages » ajoute-t-il. « Une grande et haute figure calédonienne nous a quittés » a écrit tôt ce jeudi matin Sébastien Lecornu, ancien ministre des Outre-mer, aujourd’hui ministre des Armées, faisant part d’ « une grande tristesse ». « Jean Lèques a consacré sa vie à la Nouvelle-Calédonie et en restera à jamais une éminente figure » a réagi la nouvelle ministre des Outre-mer, Yaël Braun-Pivet, saluant « la mémoire de ce grand engagé ».

En partenariat avec Outremers360.

Article précedent

Jubilé de platine de la reine : cinq choses secrètes à savoir sur Elizabeth II

Article suivant

Journal de 7h30, le 1er/06/22

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Nouvelle-Calédonie : Décès de Jean Lèques, ancien maire de Nouméa et signataire des accords de 1988 et 1998