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Nouvelle-Calédonie : la vaccination obligatoire pour tous les adultes

L’obligation vaccinale contre la Covid-19 pour l’ensemble des adultes a été adoptée à l’unanimité des élus du Congrès, ce vendredi (jeudi en Polynésie). Une contrainte à laquelle les Calédoniens doivent se plier avant le 31 décembre. S’ils refusent, seuls les employés « en première ligne » écoperont d’une amende. Les explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

Après le Tadjikistan, le Turkménistan et le Vatican, la Nouvelle-Calédonie est le quatrième territoire au monde à rendre obligatoire la vaccination contre la Covid-19 pour l’ensemble de la population adulte. Si la mesure divise profondément les Calédoniens, elle fait en revanche l’objet d’un large consensus sur le plan politique. Sans surprise, l’ensemble des groupes du Congrès ont donc adopté cette mesure, vendredi matin. Qui, « si tout va bien », devrait être publiée au journal officiel et entrer en vigueur dès lundi.

175 000 francs d’amende

Ainsi, tous les majeurs (sauf ceux présentant une contre-indication médicale) sont tenus de se faire vacciner d’ici le 31 décembre. Pour autant en cas de refus, seuls les personnels « en première ligne » au contact des voyageurs entrant dans le pays (employés de l’aéroport, des ports, etc.) ainsi que le personnel hospitalier seront sanctionnés. S’ils n’acceptent pas de se faire vacciner avant la fin de l’année, une amende de 175 000 francs leur sera infligée. Sauf que cette règle n’est pas gravée dans le marbre. « Le Congrès se réserve la possibilité de revenir sur l’absence de sanction (pour les autres publics non vaccinés), s’il s’avérait, au cours des semaines à venir, que le nombre de vaccinations n’augmente pas assez vite « , prévient Philippe Michel, le secrétaire de la commission permanente en charge de ce dossier.

Ce texte doit permettre ainsi à l’État de prendre un décret, signé par le Premier ministre, imposant également la vaccination à l’ensemble des passagers qui arrivent sur le Caillou. Pour rappel, lundi, le gouvernement proposait initialement au Congrès de trancher sur cette question des entrants en Nouvelle-Calédonie. Or, ce projet de délibération posait un problème de compétence puisque cette question relève de l’État. Et qu’elle impliquait, avant de pouvoir être instaurée, d’imposer d’abord la vaccination à la population calédonienne. C’est pourquoi le texte avait été reporté et retravaillé afin de faire avancer chaque dossier dans le bon ordre. Et les rendre plus solides sur le plan juridique.

Recours probables

Car les élus s’attendent à ce que l’obligation vaccinale soit attaquée par des recours.  » Ça le sera probablement, reconnaît Philippe Michel. Mais on s’est assurés, notamment avec l’État, que chacun respectait son champ de compétences. Et ces recours ne sont pas suspensifs. » Autrement dit, en dépit de ces éventuelles démarches, l’obligation vaccinale restera en vigueur. Une décision qui « bénéficie d’un consensus fort des élus, ce qui est une bonne chose, car elle divise les Calédoniens et même l’ensemble du monde », glisse Milakulo Tukumuli, chef de file du parti communautaire wallisien l’Éveil océanien, qui présidait cette commission permanente. Et qui n’a pas hésité à se livrer : « Je suis l’un des rares élus qui n’étaient pas encore vaccinés, mais compte tenu de l’état actuel des connaissances scientifiques et de la situation que traverse la Polynésie française, j’ai fait le choix de me faire vacciner. L’objectif de ce texte, c’est de pousser la population à se lancer. « 

Signe que la mesure aura du mal à passer auprès de certains : l’élu a dû rappeler à l’ordre « une première et une dernière fois » le public présent, après qu’une personne a lancé « il faut des médicaments », au cours d’une sortie théâtrale. « On peut ne pas être d’accord, mais il faut se respecter les uns et les autres », a conclu Milakulo Tukumuli. À noter que l’Avenir en confiance (AEC) a déposé une résolution, adoptée, afin de solliciter l’État pour qu’il mette à disposition d’autres vaccins et non pas uniquement le Pfizer : « On sait que les vaccins à ARN messagers peuvent susciter quelques inquiétudes, donc l’idée est d’avoir d’autres vaccins qui rassurent davantage, explique Virginie Ruffenach. Nous espérons ainsi qu’au-delà de l’obligation, le fait d’avoir plusieurs vaccins disponibles va engager les Calédoniens réticents. »

Anthony Tejero pour Les Nouvelles Calédoniennes

29% de vaccinés, contre 50% en Polynésie

84527. C’est le nombre de Calédoniens ayant reçu au moins une dose de vaccin au 1er septembre, soit 29,3% de la population totale. Parmi eux, 71 113 disposaient d’un schéma vaccinal complet, soit 24,7% de la population. Des chiffres qui sont aujourd’hui largement inférieurs à ceux du fenua : à la même date, 50,5% des Polynésiens (140345 personnes) avaient reçu au moins une dose, et 40,4% étaient pleinement vaccinés. Les deux collectivités avaient pourtant connu une campagne de vaccination comparable – les Calédoniens avaient même été un peu plus prompts à se rendre dans les centres en début de campagne – mais la violente vague de Covid a fait bondir la demande en vaccin au fenua depuis la fin du mois de juillet. Une vague que le Caillou n’a heureusement pas connu : depuis le début de la pandémie, la Nouvelle-Calédonie n’a connu aucun décès lié au virus et n’a confirmé que 136 cas, pour la plupart déjà isolés, depuis mars 2020.

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