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Nouvelle-Calédonie : le référendum au cœur de la campagne présidentielle

Ce dimanche 12 décembre aura lieu le troisième et dernier référendum d’autodétermination de l’accord de Nouméa. Pour l’occasion, notre partenaire Outremers360 vous propose un décryptage des principaux enjeux de cette consultation, étape du processus de décolonisation de la Nouvelle-Calédonie.

De l’appel à repousser la date du référendum à l’instar des indépendantistes au message de soutien aux non indépendantistes, le troisième référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie prévu dimanche est un enjeu pour les candidats à l’élection présidentielle, qui ont exprimé des opinions tranchées sur la question.

Et si à chaque référendum depuis 2018 les élus nationaux n’ont pas hésité prendre position, ce troisième référendum revêt un enjeu particulier à quelques encablures de la Présidentielle, et alors que l’actualité géopolitique du Pacifique a plusieurs fois fait irruption dans les débats ces derniers mois.

À gauche, le candidat communiste à l’élection présidentielle Fabien Roussel a clamé mardi dans un communiqué son « soutien au peuple kanak », en s’érigeant contre la tenue du troisième référendum le 12 décembre « alors que la Nouvelle-Calédonie est gravement endeuillée par les terribles effets de la pandémie du Covid ». « L’État est en train de ruiner les efforts de dizaines d’années de compromis trouvés avec les indépendantistes kanak », a estimé Fabien Roussel.

Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France insoumise a lui « adjuré » lundi l’exécutif de le reporter.
« La mise en danger de la paix ne peut servir de stratégie électorale pour une candidature du parti de l’ordre que voudrait incarner M. Macron », a affirmé le chef de file de la France insoumise dans un communiqué. « Le peuple Kanak a été humilié, le processus en Nouvelle-Calédonie est long et exemplaire et je tiens à saluer le travail de Michel Rocard, il faut le mener à son terme », a pour sa part indiqué le candidat EELV Yannick Jadot dans un tweet.

À droite, la candidate LR aux présidentielles Valérie Pécresse a rappelé son attachement à une Nouvelle-Calédonie dans la France, évoquant les positions des présidents de la République Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac, issus de son bord politique. « Pour ma part, comme l’aurait fait le Général de Gaulle, je veux dire ma préférence. Je ne vois pas la Nouvelle-Calédonie sans la France, ni la France sans la Nouvelle-Calédonie », a indiqué Valérie Pécresse dans une tribune au Figaro fin octobre.

« De nouvelles pages d’histoire s’écrivent actuellement dans cette zone du monde. J’ai confiance en la France pour continuer à y préserver la paix et j’ai confiance en la République pour garantir la sérénité et la sécurité de tous les Calédoniens », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’« indépendante, son avenir est fort incertain ».

Discrimination électorale « inique »

« Pour la troisième fois, je vous appelle à vous prononcer pour le non à l’indépendance, je vous engage à manifester de façon définitive votre volonté de demeurer français », a pour sa part martelé Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national début décembre dans une vidéo où elle estime que le président Macron s’est « désintéress(é) du destin de la Nouvelle-Calédonie, comme de celui de l’outre-mer en général ».

La candidate RN s’est déclarée « ouverte à des évolutions qui permettront d’aboutir à une solution institutionnelle acceptable par tous et pour tous après la nécessaire concertation et l’indispensable dialogue avec tous les acteurs politiques de Nouvelle-Calédonie ».

Éric Zemmour qui s’est officiellement déclaré candidat il y a une semaine, a également critiqué la gestion du dossier calédonien par le président Macron, comme par son prédécesseur François Hollande, dans une vidéo de 11 minutes adressée aux tenants du non à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie.
« Malgré tous les renoncements de l’État depuis plus de 30 ans et malgré tous les stratagèmes mis en place par une élite socialiste idéologue pour favoriser le camp indépendantiste, vous avez tenu bon, vous avez su garder intacte votre volonté d’appartenir à la Nation française », a déclaré Éric Zemmour.

Dénonçant un « système de discrimination électoral inique », Éric Zemmour assure qu’à l’issue de cette consultation, la Nouvelle-Calédonie devra être dotée d’un « statut institutionnel durable au sein de la République française », qui permettra le « dégel du corps électoral ainsi qu(e le) rétablissement d’une équité de traitement entre les différentes ethnies du territoire ».

Le président Macron avait dit accueillir la victoire du non à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie lors du deuxième référendum d’autodétermination du 4 octobre 2020, « avec un profond sentiment de reconnaissance » et d’« humilité » lors d’une allocution solennelle à l’Élysée, et alors que le oui à l’indépendance avait significativement réduit l’écart. Fin juillet, en déplacement en Polynésie, il avait déclaré « la France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie ». Des mots déjà prononcés lors de sa première visite sur l’archipel en mai 2018.

Localement, la présidentielle est également un enjeu politique. Certains leaders indépendantistes ont annoncé leur refus de reprendre les discussions le 13 décembre, préférant attendre les résultats de la présidentielle. Et comme à chaque scrutin national, les partis locaux devraient se prononcer en faveur des candidats affinitaires, et très probablement présenter des candidats aux Législatives.

@Outremers 360°

Arrivé en Nouvelle-Calédonie dans la nuit ce vendredi (heure locale), Sébastien Lecornu
« ne prendra pas la parole jusqu’à la fin des opérations électorales » du 3ème référendum d’autodétermination ce dimanche, « conformément au silence républicain qu’il se doit de respecter jusqu’au scrutin », a indiqué l’entourage du ministre.

En attendant, le ministre des Outre-mer « respectera les règles sanitaires en vigueur », c’est-à-dire un isolement de sept jours. Sébastien Lecornu communiquera davantage sur son déplacement dimanche soir, après la clôture du vote. Pour rappel, le porte-parole du gouvernement avait confirmé le déplacement du ministre en Nouvelle-Calédonie, à l’issue du conseil des ministres.

Devant le Sénat, Sébastien Lecornu avait assuré que « les résultats » du dernier référendum d’autodétermination prévu par l’accord de Nouméa « s’imposeront juridiquement à toutes et à tous », alors que les indépendantistes ont appelé à non-participation à cette consultation. Le ministre va devoir renouer le fil du dialogue dans un contexte politique sensible. Il a évoqué « différents thèmes » tels que le nickel, les « opportunités économiques, les défis sociaux, (…) la jeunesse, le foncier, l’égalité hommes-femmes ».

Jean-Tenahe FAATAU pour notre partenaire Outremers 360°

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