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« On n’est pas partis sur un coup de tête »

Invité de la rédaction de Radio1 ce vendredi, Teva Rohfritsch est revenu sur les raisons de son départ du Tapura Huiraatira, avec Nicole Bouteau et Philip Schyle. Gestion de la crise sanitaire, puis de la crise économique, gouvernance verticale qui rappelle les pratiques du passé, risques de division du camp autonomiste, alliances éventuelles, rapports avec le parti d’Emmanuel Macron … l’essentiel de l’entretien.

Les trois élus, dit Teva Rohfritsch, sonnent l’alerte depuis un an, en interne, sur des « comportements » et des « décisions économiques et financières qui ne me semblaient pas opportunes ». D’abord sur l’obligation vaccinale et « des dispositions qui allaient largement au-delà de ce qui était fait en métropole », et sur la dispense accordée à Tearii Alpha et Gaston Tong Sang ; puis sur la nécessité d’un remaniement, focalisée sur l’actuel ministre des Finances. « Je n’ai jamais vu autant d’unanimité contre un ministre des Finances, dit celui qui a eu sa part de critiques lorsqu’il occupait le poste. Au conseil politique les tavana et un certain nombre de cadres du parti n’y sont pas allés de main morte. Je pense qu’avec un peu de dignité, il aurait peut-être fallu ôter cette épine du pied du président. »  La déroute des élections législatives n’a pas réussi à « remettre en cause les options de politique économique, de politique sociale, et faire de nouvelles propositions. Pour rétablir la confiance il faut commencer par reconnaitre ses erreurs et ses échecs. On ne peut pas rester sourd à l’appel de la population. »

Une discipline de parti difficile à vivre

Teva Rohfritsch remet en cause un fonctionnement qui rappelle celui du Tahoeraa, contre lequel s’était construit le Tapura. Il donne en exemple la fameuse loi des « 1000% », présentée dans l’urgence à l’assemblée. Pour lui, non seulement « on est allés sur des thèses sectaires », mais « ça s’est retourné contre les Polynésiens eux-mêmes qui voulaient acheter. » il assure avoir retiré sa procuration au groupe suite à ce vote qui s’est déroulé alors qu’il était en session au Sénat à Paris.

Les trois élus démissionnaires n’ont pas été entendus, dit-il. « En gros, on nous a un peu poussé dehors, alors qu’on a pu être utiles lorsqu’il manquait des voix pour composer une majorité, il n’y a pas si longtemps que ça. » Mais pas question de tenter un putsch de l’intérieur du parti, malgré les nombreux déçus qu’il évoque : « ce n’est pas notre façon de faire de détruire la maison des autres. Je garde du respect pour Édouard Fritch. Mais j’ai déjà démontré dans ma carrière politique que je savais me lever. Les élections, c’est demain matin, et ce n’est pas en continuant à s‘étriper entre nous qu’on va redorer le blason de la classe politique. En tout cas on veut relever le défi, et puis les électeurs décideront. »

Se séparer pour mieux recomposer le camp autonomiste ?

Tout de suite après l’annonce de la triple démission, les critiques ont fusé sur la pertinence de diviser le camp autonomiste à si peu de distance des élections territoriales. « Je crois que ceux qui pensent ça se trompent d’analyse. Nous étions tous unis aux législatives et on a vu les résultats », répond Teva Rohfritsch. Quant aux craintes de voir l’histoire se répéter – départ, création d’un parti, puis alliance – Teva Rohfritsch ne semble rien exclure : « de toute façon le mode de scrutin va appeler les formations politiques à se regrouper. » Il est « prêt à discuter », dit-il, mais « ne brûlons pas les étapes, on va nous aussi proposer un programme » dans les semaines qui viennent.

« Beaucoup de questions me seront posées » à Paris, dit Teva Rohfritsch

Le sénateur va également repartir pour l’ouverture de la session du Sénat le 4 octobre. Membre du bureau exécutif de La République en Marche, il se dit prêt à reprendre du service dans « Renaissance », le nouveau nom du parti d’Emmanuel Macron en pleine recomposition. « Je pense que beaucoup de questions me seront posées là-bas. À mon avis la situation est suivie de manière très, très attentive à Paris, dans le respect néanmoins de notre autonomie et du choix que feront les électeurs. La Polynésie reste au cœur du Président de la République, et donc à mon avis il doit être attristé de constater que nous n’arrivons pas à trouver les moyens de rebondir après cet échec électoral. »

 

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