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Présidentielle au Nicaragua: Ortega favori, l'opposition demande de nouvelles élections

Managua (AFP) – Les Nicaraguayens ont voté dimanche à la présidentielle, dont l’ex-guérillero Daniel Ortega était le favori pour un quatrième mandat, tandis que l’opposition dénonçait une « farce » et mettait en avant l’abstention « massive » pour demander de nouvelles élections.

Les bureaux de vote ont fermé à 18H00 locales (00H00 GMT) mais les résultats ne devaient pas être connus avant plusieurs heures. 

« El Comandante », l’un des chefs de la guérilla qui ont mené la révolution sandiniste en 1979, et qui fêtera ses 71 ans le 11 novembre, était donné très largement favori: les derniers sondages lui accordaient 69,8% des intentions de vote, sous la bannière du Front sandiniste de libération nationale (FSLN).

Après avoir glissé leur bulletin peu avant la fermeture d’un bureau de vote de Managua, le président Ortega s’est félicité d’un « vote pour la paix, pour la sécurité du peuple nicaraguayen » tandis que son épouse Rosario Murillo a jugé le scrutin « exemplaire ». 

Mais l’opposition, qui avait appelé au boycott du scrutin –les principaux partis d’opposition ayant été écartés après une décision de justice–, a affirmé que l’abstention avait été de « 70 à 80% » et a appelé à des élections « transparentes ». 

Des hommes armés de bâtons et machettes ont incendié un bureau de vote situé dans une zone rurale, à 300 km à l’est de Managua, où doit se développer un projet controversé de canal interocéanique, selon des médias locaux.

« J’ai parcouru de nombreux centres à Leon (ouest) et le peu de fréquentation confirme que l’abstention est très élevée. On ne peut inventer des votes dans une farce », a affirmé Carlos Langrand, l’un des députés qui a perdu son siège après s’être opposé à la mise à l’écart du leader d’opposition Eduardo Montealegre.

Le principal rival restant en lice est Maximino Rodriguez, un avocat de 55 ans du Parti libéral constitutionnaliste (PLC, droite), qui réunit 8,1% des intentions de vote.

– Népotisme –

L’opposition dénonce la volonté de Daniel Ortega, dont des fils sont placés à des postes économiques clés, d’imposer un népotisme comme la famille Somoza qui a régné sans partage de 1934 jusqu’à la révolution de 1979.

D’autant que l’épouse de Daniel Ortega, Rosario Murillo, femme excentrique et omniprésente de 65 ans, brigue la vice-présidence. A eux deux, ils forment un tandem présidentiel comparé par leurs détracteurs à Frank et Claire Underwood, le couple impitoyable de la série « House of Cards », ou surnommé « Lord et Lady Macbeth ». 

Militante sandiniste dans les années 1970 et mère de dix enfants, cette poétesse connue pour son style autoritaire, est aussi affublée du surnom de « sorcière ».

Déjà président de 1985 à 1990, Daniel Ortega a été réélu en 2006 et en 2011 face à une opposition divisée. Il a fait modifier la Constitution pour autoriser la réélection sans limitation du président. 

Et la Cour suprême de justice (CSJ) a interdit en juin au leader d’opposition Eduardo Montealegre de représenter le Parti libéral indépendant (PLI, droite), la deuxième force politique de la présidentielle de 2011.

A sa place, la CSJ a nommé un proche du pouvoir, Pedro Reyes, qui s’est empressé de dissoudre la coalition que le PLI voulait former en vue de ce scrutin.

– Multiplication des programmes sociaux –

Ces dernières années, M. Ortega a renforcé son pouvoir politique et économique, en s’alliant au patronat, bénéficiant du soutien du Venezuela, jadis riche pays pétrolier aujourd’hui englué dans une grave crise politique et économique, en raison de la chute des cours du brut. 

Selon les chiffres officiels, le Nicaragua a reçu quasiment 4,8 milliards de dollars, entre 2007 et le premier semestre 2016, de Caracas qui a dû toutefois fortement réduire son soutien ces derniers temps.

Une manne qui a financé des projets de développement et des programmes sociaux ayant permis de réduire de 42,5% à 29,6%, entre 2009 et 2014, la part de la population touchée par la pauvreté, selon les chiffres officiels.  

Malgré la croissance dynamique, autour de 5% par an en moyenne depuis 2011, ce pays pourrait également voir se tarir le robinet de l’aide internationale, à l’issue de cette élection qui inquiète. 

Outre le président et le vice-président, les Nicaraguayens étaient appeler à élire 90 députés et 28 représentants au Parlement centreaméricain. 

Des Nicaraguayens votent pour élire leur président, le 6 novemvre 2016 à Managua . © AFP

© AFP RODRIGO ARANGUA
Des Nicaraguayens votent pour élire leur président, le 6 novemvre 2016 à Managua

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