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Saint-Etienne-du-Rouvray: la ville rend hommage au prêtre tué

Saint-Etienne-du-Rouvray (France) (AFP) – Deux jours après l’attentat à l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray, l’enquête a progressé jeudi avec l’identification du second tueur, un jeune homme fiché depuis peu pour radicalisation, tandis que les habitants de cette banlieue de Rouen ont rendu, émus, un hommage au prêtre tué.

Quelque 3.500 personnes, selon la préfecture, se sont rassemblées dans un parc de la commune en mémoire de Père Jacques Hamel, 86 ans, dont les obsèques seront célébrées mardi à 14H00 à la cathédrale de Rouen. « L’émotion intense en réaction à cet acte ignoble ne se tarira pas, ni ici, ni au-delà », a déclaré le maire de la commune, Hubert Wulfranc (PCF).

La seconde victime de l’attaque revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI), un paroissien de 87 ans, a subi une deuxième opération au poumon et se porte bien, selon son épouse.

Côté enquête, Abdel Malik Petitjean, Savoyard de 19 ans né dans les Vosges, a été formellement identifié. Sa carte d’identité avait été retrouvée au domicile du premier tueur, Adel Kermiche, un Français de 19 ans.

Contrairement à Kermiche, qui avait été en détention pour avoir tenté à deux reprises d’aller en Syrie en 2015 et qui était sous bracelet électronique depuis sa sortie de prison en mars, Petitjean n’était pas connu de la justice. Il était toutefois apparu très récemment dans les radars des services antiterroristes: il avait une fiche S pour radicalisation depuis le 29 juin, soupçonné d’avoir à son tour voulu se rendre en Syrie, selon une source proche de l’enquête. Il était allé en Turquie le 10 juin, mais en était revenu dès le lendemain, Ankara ne le signalant que plus tard, à la fin juin, aux autorités françaises.

Ce second tueur était en outre vraisemblablement recherché depuis le 22 juillet, soit quatre jours avant l’attentat. Un service étranger avait alerté l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat) qu’un homme, à l’identité inconnue, « serait prêt à participer à un attentat sur le territoire national », information accompagnée d’une photo dont les enquêteurs trouvent à présent qu’elle ressemble fortement à Petitjean.

A Aix-les-Bains, aucun de ceux qui ont croisé Abdel Malik Petitjean n’arrivait à imaginer en assassin d’un prêtre octogénaire ce jeune homme, décrit comme « gentil », « poli » et « doux ».

Trois personnes de son entourage familial ont été placées en garde à vue mercredi, essentiellement « pour permettre de recueillir des éléments sur le profil du tueur », selon une source proche de l’enquête. Un autre homme, un Français de 20 ans, fiché S, qui s’était rendu en Turquie début juin avec Petitjean, a été interpellé mercredi en France et placé en garde à vue, a indiqué la même source, précisant que « rien ne prouve à ce stade » qu’il est lié à l’attaque.

Une cinquième personne, un mineur de 16 ans né en Algérie et interpellé mardi, était toujours en garde à vue jeudi. Son frère fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour être parti dans la zone irako-syrienne en mars 2015 avec les papiers d’identité de Kermiche.

-« +Guantanamoïsation+ du droit »-

Mercredi, l’EI a diffusé une vidéo des deux tueurs, barbus, prêtant allégeance au chef du groupe jihadiste Abou Bakr al-Baghdadi. Tous deux ont été abattus par la police à l’issue de leur prise d’otages meurtrière dans l’église Saint-Étienne.

Cet attentat, survenu moins de deux semaines après l’attaque au camion qui a fait 84 morts à Nice, a fait surgir de nouvelles polémiques, en particulier sur la riposte juridique et politique à la menace terroriste. 

Le gouvernement « est coupable de ne pas avoir tout fait » pour empêcher ce nouvel attentat, a déclaré jeudi Laurent Wauquiez, vice-président délégué du parti Les Républicains, en demandant la démission du Premier ministre Manuel Valls et du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. 

La lutte contre le terrorisme ne doit pas être synonyme d’une « guantanamoïsation » du droit français, a répliqué le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas aux critiques de la droite. Mais pour l’ex-président Nicolas Sarkozy, « le refus du débat juridique au prétexte qu’il y a une Constitution, c’est de l’argutie ».

De son côté, l’Assemblée de Corse a demandé à l’Etat de fermer les lieux de culte musulman fondamentalistes dans l’île, quelques heures après une mise en garde du FLNC aux « islamistes radicaux », menacés de « réponse déterminée, sans aucun état d’âme » en cas d’attaque.

Face à la multiplication des attentats, François Hollande a officialisé la constitution d’une Garde nationale qui sera « bâtie à partir des réserves opérationnelles existantes », selon des modalités encore à définir.

Depuis les attentats contre Charlie Hebdo, le plan Vigipirate est à son niveau maximum en Ile-de-France, et l’opération militaire Sentinelle activée. Ses effectifs, de l’ordre de 10.000 hommes à travers le pays, seront maintenus au moins jusqu’à fin août, selon une décision prise après l’attentat de Nice.

Le maire de Saint-Etienne-du-Rouvray, Hubert Wulfranc, lors de son discours en hommage à père Hamel, le 28 juillet 2016 à Saint-Etienne-du-Rouvray. © AFP

© AFP CHARLY TRIBALLEAU
Le maire de Saint-Etienne-du-Rouvray, Hubert Wulfranc, lors de son discours en hommage à père Hamel, le 28 juillet 2016 à Saint-Etienne-du-Rouvray

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1 Commentaire

  1. simone grand
    29 juillet 2016 à 8h44 — Répondre

    Quelque part, il semble que la maladie psychiatrique soit traitée avec désinvolture.

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