ACTUS LOCALESTOURISMETRANSPORTS 20 millions par jour de grève : Air Tahiti va présenter la facture au Pays Charlie Réné 2025-01-13 13 Jan 2025 Charlie Réné En plein branle-bas de combat pour répondre aux clients touchés par la grève des pompiers d’aéroport de ce mardi, Air Tahiti a rappelé qu’en plus des passagers, des élèves d’internat ou des professionnels du tourisme, elle faisait partie des premières victimes de ce conflit dans l’administration. En décembre, la grève de cinq jours avait engendré 100 millions de pertes en ne comptant que les voyages annulés et non reprogrammés. Le coût sera équivalent pour ce deuxième conflit, et ça n’est pas anodin pour une compagnie déjà lourdement déficitaire. L’opérateur espère donc des discussions avec le Pays dans le cadre de sa DSP. Il y a les élèves des îles qui doivent retrouver leur internat – 30 à 40% d’entre eux devraient rester bloqués à cause de la grève. Il y a les voyageurs, dont une vase majorité de résidents, empêchés d’embarquer par centaines, à Tahiti ou Moorea, et qui font exploser le standard d’Air Tahiti pour tenter d’avancer leur vol, de le reprogrammer à plus tard, ou tout simplement d’avoir des informations sur la situation. Il y a aussi les professionnels des îles, dans le tourisme mais pas seulement, qui s’attendent à une nouvelle période de vaches maigres et d’annulations. Mais Air Tahiti fait elle aussi partie des victimes de ce mouvement interne à l’administration, et qui s’annonce, encore une fois, particulièrement suivi par les pompiers de la Direction de l’aviation civile. 100 millions en 5 jours « La dernière grève, qui a duré cinq jours, celle de décembre, a coûté 100 millions de francs à Air Tahiti, rappelle la directrice commerciale et marketing de la compagnie, Vairani Tetaria. C‘est là purement et simplement des pertes de passagers qui ne se sont pas reprotégés sur d’autres vols, qui ont demandé leur remboursement. On ne compte pas dans cette somme les heures supplémentaires que certains personnels ont dû faire pour contacter les passagers, trouver des modifications, assurer les remboursements. » https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2025/01/AIR-TAHITI-PERTES-1-vairani-tetaria.wav La compagnie historique s’attend à des pertes comparables pour la grève qui doit commencer ce mardi : « environ 20 millions de francs par jour » hors dépenses de personnel. Et sa longueur annoncée – la Fraap dit attendre les décisions du gouvernement sur la revalorisation des traitements de catégorie D, qui ne sera discutée en Conseil supérieur de la fonction publique que le 20 janvier et étudiés en Conseil des ministres le 29 – a de quoi inquiéter. Pas de mécanismes de compensations dans la DSP Car Air Tahiti traverse une période difficile. L’arrivée d’Air Moana en 2023, son maintien à flot financier par le Pays, et la guerre des prix que se livrent les deux compagnies domestiques ont abouti à des pertes de part et d’autre : 2,3 milliards de déficit pour Air Tahiti en 2023, « plus de deux milliards » de pertes courantes en 2024, d’après l’estimation qu’en faisait en octobre le directeur Édouard Wong Fat, le tout alors même que la compagnie mène un programme d’investissement à plus de 16 milliards de francs qui doit durer jusqu’en 2029. Dans ce contexte, l’opérateur, qui dessert 34 des 43 aéroports touchés par cette grève de la Fraap au titre d’une délégation de service public signée en 2021, ne semble pas accepter l’idée d’absorber lui-même le coût de ces grèves du secteur public. « Les équilibres financiers sont assurés aujourd’hui dans le cadre d’un contrat de DSP avec le Pays, reprend Vairani Tetaria. Il y a forcément un point qui sera fait en fin d’année, et je pense que les coûts de la grève seront pris en compte. » https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2025/01/AIR-TAHITI-PERTES-2-DSP.wav Le contrat en question ne prévoit toutefois pas, aujourd’hui, de mécanisme de compensation, si ce n’est la levée des pénalités prévues en cas d’annulation des vols listés dans la DSP. Il prévoit bien, en revanche que les éventuelles pertes engrangées, malgré la subvention du Pays, dans l’exploitation des aéroports de « désenclavement » (tous, à l’exception de Tahiti, Rangiroa, Fakarava, Tikehau, Hiva Oa, Nuku Hiva aux Marquises, Rurutu et Tubuai aux Australes, Moorea et les quatre îles des Raromata’i) sont assumées entièrement par le délégataire, à savoir Air Tahiti. Une fois la grève passée, donc, le Pays et la compagnie devront se mettre autour de la table. Air Moana, son concurrent, est de son côté beaucoup moins touché par le mouvement, puisque trois des six destinations desservies par la jeune compagnie (Bora Bora, Rangiroa et Raiatea) ont des aéroports gérés par ADT, qui a ses propres pompiers. Des vols ont tout de même été annulés, dès mardi, à destination des Marquises et de Moorea. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)