ACTUS LOCALESENVIRONNEMENTMÉTÉOSOCIÉTÉ

Bientôt un radar météo au mont Marau ?


Météo France mène une étude de faisabilité sur l’installation du premier radar météorologique du fenua. Si le projet est validé, le radar pourrait être implanté d’ici 2 à 3 ans dans la tour aujourd’hui exploitée par l’aviation civile au Mont Marau. Météo France est en outre en plein effort de densification et de modernisation de son réseau de stations. Objectif : fiabiliser les prévisions. 

« Tout part des observations ». Les prévisionnistes ont beau avoir à la disposition des relevés satellites toujours plus précis, des modèles informatiques toujours plus complexes, ils ne peuvent se passer des très terre à terre stations météorologiques. Température, humidité, précipitation, et parfois rayonnement, vent et pression… Au fenua comme ailleurs, Météo France a tissé, au fil des années, un réseau de stations s’est tissé au fil des années pour se fournir en données. À la quinzaine de stations automatiques au sol – le « réseau de référence » en la matière – s’ajoutent cinq stations embarqués sur des navires (Taporo, Tuhaa Pae, Saint-Xavier…), 8 stations d’aéroports… Sans oublier les quatres stations habitées, à Faa’a, Mangareva, Hiva Oa et Rapa, qui effectuent, en plus des mesures quotidiennes, des observations visuelles et des lâchers de ballons-sondes dans l’atmosphère… Ce réseau, qui couvre les cinq archipels, ne cesse de se densifier.

Deux stations automatiques installés à l’aéroport de Huahine et au golf de Papara (au bout du mât, un capteur de vent ultrasonique). ©MeteoFrance

Ainsi, deux nouvelles stations automatiques doivent être installés dans les mois à venir, deux nouveaux bateaux vont être équipés, de même que 14 aéroports dans le cycle de mise aux normes lancé par l’aviation civile. « Plus on a de points de mesures, mieux on voit la situation météorologique en temps réel », explique Arnaud Méquignon, responsable de la division observation. Car dans le contexte à la fois marin et montagneux du fenua, il n’est pas rare d’avoir des relevés très différents d’un côté et de l’autre d’une île. « Il faut donc installer un grand nombre de stations pour échantillonner au mieux la situation », explique le responsable.

Alerter sur l’intensité des précipitations avec 2 à 3 heures d’avance

Mais l’établissement public national réfléchit aussi à des moyens de voir plus loin que ces stations qui rendent « seulement » compte de la situation dans leur environnement immédiat. La réflexion porte sur un outil qui manque cruellement à la Polynésie : le radar météorologique. Cette grande antenne, en rotation permanente, émet des impulsions électromagnétiques qui se déplacent à la vitesse de la lumière, et sont réfléchies par les gouttes de pluie. L’analyse des ondes de retour entre deux impulsions permet de localiser avec exactitude les zones de précipitation et de mesurer leur intensité, dans un rayon qui peut atteindre les 250 kilomètres. Pratique quand on sait la violence et la rapidité de déplacements de certains grains au fenua. Météo France pourrait d’une part améliorer les informations qui sont communiqués aux avions dans la zone. Surtout, le radar permettrait d’émettre des alertes à destination des autorités ou de la population concernant des précipitations potentiellement dangereuses. Des prévisions qui se feront « à courte échéance », insiste Arnaud Méquignon : les épisodes de pluies torrentielles pourront être repérées « dans les 2 ou 3 heures » avant leur arrivée.

Changement de radar, mais pas de tour

Une trentaine de radar météorologiques, de différentes tailles, quadrillent aujourd’hui le territoire métropolitain. Mais aussi l’outre-mer : les Antilles, la Guyane, la Réunion et même la Nouvelle-Calédonie sont équipés de ces instruments imposants. La Polynésie est pour l’instant restée hors de portée. L’investissement – très conséquent, mais pas chiffré à l’heure actuelle – doit être validé ou écarté par Météo France en début d’année prochaine. L’établissement, en discussion avec le Pays et l’État sur le sujet, compte en fait saisir une opportunité. Comme partout dans le monde, le contrôle du trafic aérien s’appuie de plus en plus sur des technologies liées au positionnement par satellite (notamment l’ADS-B) et de moins en moins sur les radars aéronautiques. L’aviation civile pourrait donc ne plus avoir besoin de celui qui est installé près du sommet du Mont Marau. L’équipement n’est pas le même, mais le radôme, sorte de grande boule juchée en haut d’une tour, et qui sert d’abri protecteur indispensable au radar, lui peut servir, , explique Arnaud Méquignon.

Une étude de faisabilité est en cours. Le fait de disposer d’un site et d’une tour radar déjà construite, à 1350 mètres d’altitude dans une zone accessible, représente un gros avantage et d’importantes économies. Si Météo France valide le projet, le radar pourrait entrer en fonction d’ici 2024

Le réseau climatologique : des bénévoles aussi se modernise

Aux stations météorologiques, tournées vers la prévision, s’ajoute un autre réseau dédié à l’étude du climat sur le long terme. Un outil très important, bien sûr, vu les questions que soulèvent les changements climatiques. À l’heure actuelle, ce réseau climatologique, entretenu grâce à des financements Pays, repose sur une centaine de bénévoles qui accueillent sur leur terrain de petites stations. Abri météo, pluviomètre… Tous les matins, ces « passionnés », faiblement indemnisés, effectuent des relevés de températures et de pluviométrie, qui sont transmis dans un rapport mensuel à Météo France. Pour leur faciliter la tâche et pérenniser ce réseau sur le long terme, Météo France va équiper certains de ces bénévoles en stations automatisées. Moins encombrantes que les stations du réseau de référence météorologique, elles permettront tout de même de transmettre en quasi-temps réel des informations qui seront utilisées et par les climatologues et pourquoi pas par les météorologues pour compléter leur jeu de donnée. Deux stations automatiques doivent être déployées cette année, 8 autre dans les mois à venir et une trentaine à terme.

Arnaud Méquignon, chef de la division observation de la direction interrégionale pour la Polynésie française de Météo France. ©C.R.

 

Article précedent

Les Mondiaux et le JO en ligne de mire pour Vahine Fierro et les surfeuses françaises

Article suivant

Modernisation de la monnaie du Franc Pacifique et création d’une pièce de 200 Francs CFP

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Bientôt un radar météo au mont Marau ?