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Comment « ramener du poisson plutôt que des mauvaises nouvelles » à la maison


Le Pays s’apprête à lancer, avec la Fédération tahitienne des sports subaquatiques de compétition (FTSSC),
une campagne de sensibilisation sur les risques de la chasse sous-marine. C’est que la fréquence des accidents inquiète : six Polynésiens, principalement des jeunes, sont morts depuis le début de l’année en pratiquant l’activité. Certains en tant que loisir, d’autres par nécessité économique. 

« Un accident est si vite arrivé ». La courte vidéo, tournée à Tikehau, suit Manatea dans sa sortie quotidienne. Une matinée de chasse comme tant d’autres, mais qui aurait pu aboutir à une syncope, une noyade, bref, un accident dramatique si le jeune apnéiste n’avait pas suivi les précautions de base de l’activité. « La chasse sous-marine, c’est un héritage de notre culture », mais aussi « une activité à risque », insiste Denis Grosmaire en fin de vidéo. Respectez les règles de sécurité, c’est l’assurance de « ramener du poisson plutôt que des mauvaises nouvelles » à la maison.

Voilà le message de cette campagne de communication, lancée ces jours-ci à la télévision et sur les réseaux sociaux par le Pays. Elle doit compléter les actions de sensibilisation et de formations mis en place par la FTSSC et déjà en partie financée par les autorités. « En tant que ministre de la Mer il me semblait important que le Pays s’engage encore plus fortement cette année compte tenu des accidents que l’on a à déplorer », pointe le vice-président Teva Rohfritsch. Après 4 décès en chasse sous-marine l’année dernière, le fenua, et notamment les îles du Vent, en ont connu 6 depuis le mois de janvier.

« Une hécatombe », se désole le président de la FTSSC, Romuald Montagnon. Pour expliquer la « recrudescence » des accidents, le chasseur expérimenté cite, pêle-mêle, l’augmentation du nombre de pratiquants, la pression économique qui force« à ramener quelque chose à vendre ou à manger », la raréfaction des proies dans certaines zones, et même « un effet pervers » des réseaux sociaux, qui pousseraient à prendre plus de risques « pour avoir la bonne photo ». La fédération, qui rassemble 300 adhérents sur 1 000 à 2 000 pratiquants réguliers, n’a connu, dans ses rangs, aucun accident mortel « depuis 20 ans ». « Parce qu’on forme », insiste son président. L’idée de la campagne gouvernementale, qui pourrait être, à terme, complétée par des sensibilisations dans les écoles, est justement de toucher un public « plus large » et « plus jeune » que celui de la FTSCC.

Toujours partir en binôme

Vérifier son matériel, s’hydrater et soigner son corps, mettre sa bouée de signalement, rester calme et ne pas s’épuiser… Parmi les « règles de base » développées dans la campagne, la plus importante est sans nulle doute celle de la sécurisation en binôme. « Il faut toujours partir à deux, et pas deux qui plongent chacun de leur côté, insiste Romuald Montagnon. L’un sécurise l’autre, reste à la surface pendant qu’il est sous l’eau ».

Romuald Montagnon estime aussi que certaines règles pourraient être durcies pour limiter les accidents. « Je sais qu’il n’y a pas des muto’i partout en mer, mais quelqu’un qui est trouvé tout seul en train de pêcher sous l’eau, sans bouée, sans rien, il faudrait pouvoir le punir pour ne pas qu’il recommence », propose le président de la Fédération. Autre suggestion : mieux combattre la « surpêche ». « À Tahiti et Moorea, et même dans certains coins aux Îles Sous-le-Vent, il y a beaucoup moins de poissons, ils sont plus farouches, plus fuyants, plus difficiles à attraper. Ça aussi, ça participe aux accidents ».

Le vice-président Teva Rohfritsch et le président de la FTSSC, Rouald Montagnon. ©C.R.

À noter que la « team Heke » avait déjà réalisé une très belle mais très grave vidéo de sensibilisation, intitulée Topatari (« syncope ») en 2017 :

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