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Atteinte d’un cancer, elle subit les coups de son mari

Un homme était poursuivi ce mardi pour violences habituelles envers sa femme et ses enfants. Sur les faits, malheureusement rien de plus banal, forte alcoolisation et coups portés font le quotidien du tribunal, généralement sévère sur ces dossiers. Mais les autorités judiciaires se sont retrouvées confrontées à dossier particulier. Celui d’un homme qui perd pied face à la maladie de sa femme et qui, désemparé, se retourne contre sa famille.

L’homme, la cinquantaine, est inconnu de la justice, son casier judiciaire est vierge. Il travaille, il est marié et père de deux filles âgées de 11 et 14 ans. Seule ombre au tableau, il a un fort penchant pour l’alcool : « je bois depuis l’âge de 17 ans et j’en suis à 4 ou 5 obus par jour et le week-end une douzaine.» Si jusqu’en 2019 ses abus d’alcool ne posaient pas vraiment de problèmes à ses proches, c’est lorsque les médecins ont découvert un cancer du sein à sa femme que tout a basculé.

« Nos relations se sont dégradées depuis l’annonce de mon cancer » déclare sa femme à la barre. Une femme dont le visage porte les stigmates de la maladie qui s’est désormais généralisée. « Il me frappait seulement sur les mains et les bras, mais je souffrais car les métastases sont partout. » Aux violences physiques ce sont ajoutées les violences verbales, « il m’humiliait, il me rabaissait et il a commencé à s’en prendre aux filles, il leur tirait les cheveux. » Des enfants qui ont du mal à supporter la situation jusqu’à s’automutiler. « Elles subissent une grande souffrance psychologique » indique le rapport d’un psychiatre.

« Je pense que c’est parce qu’elle allait mourir et c’est pour cela que je suis devenu violent. »

À la barre l’homme reconnaît les faits et lorsque la juge lui demande d’expliquer ses actes, il avance : « je pense que c’est parce qu’elle allait mourir et c’est pour cela que je suis devenu violent. » « Mais elle n’y est pour rien votre femme si elle est frappée par la maladie. Et vos filles, vous vous imaginez ce qu’elles vivent ? » interroge la juge. « Maintenant oui » affirme le prévenu ajoutant, « je vais m’occuper d’elles et tenter de m’améliorer. Je demande pardon à ma famille. » Depuis les faits, il vit désormais chez son oncle et a diminué sa consommation d’alcool, « je ne bois que les week-end cinq ou six obus.»

« Il fait beaucoup d’effort, c’est vrai, il est en train de changer » assure son épouse qui, interrogée sur la situation actuelle du couple, avoue que « ce n’est pas parfait, mais ça va, on aimerait passer du temps ensemble mais sans alcool. » Elle l’affirme, « on ne veut pas qu’il aille en prison. Tout ce qui compte pour nous c’est qu’il se soigne. »

Dans la salle d’audience les regards se croisent et se voilent. Voir cette femme diminuée par la maladie et qui intervient en faveur de son mari impose le respect. Sans doute doit-elle s’inquiéter pour ses enfants. S’ils devaient la perdre alors que son mari était envoyé en détention à l’issue du jugement, qu’adviendrait-il d’eux ?

« Vous avez un travail à faire sur vous et aussi sur l’empathie envers votre femme et vos enfants 

Un questionnement qu’ont dû se poser aussi juge et assesseurs au moment de délibérer car alors que le procureur avait requis 4 ans de prison dont deux de sursis, le tribunal a fait preuve de mansuétude en condamnant l’homme à 4 années de prison dont trois avec sursis, soit un an de peine aménageable, avec obligation de soins et de rester vivre chez son oncle. « Vous avez un travail à faire sur vous et aussi sur l’empathie envers votre femme et vos enfants ». « J’ai compris » assure l’homme avant de repartir.

 

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